• Tout comme ses oncles, Etienne, comte de Mortain, s'empara du trône d'Angleterre en agissant avec rapidité et détermination : il traversa la Manche dès qu'il apprit la nouvelle de la mort du roi Henri Ier. Mais il ne parvint pas à maîtriser son nouveau royaume. Le premier défi à l'autorité d'Etienne fut lancé par le roi d'Écosse qui convoitait la Northumbrie : en 1138, une armée écossaise essuya une défaite dans le Yorkshire à la bataille dite "de l'Étendard" (Battle of the Standard). Plus sérieuse encore pour Etienne fut l'opposition des partisans de la fille d'Henri Ier, Mathilde - "l'Emperesse" - soutenue par son demi-frère Robert de Gloucester.

     

    La bataille de Lincoln fut décisive dans la guerre civile qui opposait Etienne à Mathilde : le roi fut vaincu et fait prisonnier. Mais Mathilde ne réussit pas à gagner suffisamment de partisans pour s'emparer de la couronne. Ses troupes furent vaincues à Winchester, cité défendue par l'évêque Henri de Blois, frère d'Etienne. Robert de Gloucester fut capturé et libéré en échange du roi Etienne.

     

    Entre  1143 et 1146, Etienne dût mater ses barons rebelles à une époque fort troublée dans la majeure partie de l'Angleterre. De plus, Geoffroi d'Anjou, l'époux de Mathilde, s'empara du duché et fit reconnaître comme duc de Normandie par le roi de France à la suite de la prise de Rouen en 1144.

     

    Geoffroi remit de l'ordre dans les affaires de la Normandie, au nom de son fils Henri, lequel fit valoir le droit tenu de sa mère au trône d'Angleterre. Henri épousa Aliénor d'Aquitaine en 1152, fondant ainsi les bases de "l'empire angevin". Après la mort de son fils Eustache, le roi Etienne reconnut Henri Plantagenêt comme son héritier. Etienne mourut en octobre 1154, laissant le champ libre à Henri.


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  • Durham : la motte du château  normand vue depuis la tour de la cathédrale

    Image illustrative de l’article Château de Durham

    Les guerres d'Etienne en Ecosse et au Pays de Galles

     

    Dès le début du règne d'Etienne en 1135, le roi David d'Écosse, qui était partisan de sa nièce Mathilde, adopta une attitude agressive sur la frontière anglaise, espérant s'approprier le comté de Northumbrie.

     

    Le roi David organisa une série de razzias dans la zone frontalière en 1138, alors qu'Etienne était absent, appelé à étouffer un révolte normande menée par Robert, comte de Gloucester, demi-frère et partisan de Mathilde, qui s'était allié à son mari Geoffroi d'Anjou. Les Écossais de leur côté étaient confrontés à une armée de barons du nord de l'Angleterre, à la tête de laquelle se trouvait l'archevêque Thurstan de York et Walter Espec, seigneur du château de Helmsley. Le 22 août 1138, l'armée anglaise infligea une défaite aux Écossais près de Northallerton, à la "bataille de l'étendard" (Battle of the Standard), connue sous ce nom parce que les Anglais se battaient sous les bannières de Saint-Pierre de York, de Saint-Jean de Beverley et de Saint-Wilfrid de Ripon, fixées à un mât de vaisseau. Le traité de Durham en 1139 se traduisit par la pacification de la frontière et apporta à Etienne le soutien des barons du nord.

     

    Dans le Pays de Galles, les seigneurs anglo-normands confrontés à un grand chef de guerre, Owain Gwynedd, perdirent leurs terres pendant le règne d'Etienne, y compris Ceredigion, où le château de Cardigan demeura un avant-poste isolé. La reconquête de ces terres fut lente car pendant la guerre civile contre Mathilde, Etienne perdit le contrôle de places fortes telles que Gloucester et Hereford, traditionnellement utilisées comme bases pour lancer des campagnes contre le Pays de Galles.


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  • Bataille de Lincoln : discours de Baudouin FitzGilbert aux partisans d'Etienne ; en présence du roi (personnage couronné, au centre)

     

    En août 1139 il semblait qu’Etienne était parvenu à éliminer les ennemis qui défiaient son pouvoir depuis le jour de son accession en 1135. En octobre 1139 cependant, les partisans de Mathilde l'Emperesse débarquèrent sur la côte sud près de Wareham et d’Arundel, tandis que Mathilde elle-même parvenait à rejoindre son demi-frère Robert de Gloucester à Bristol. Une guerre civile s’ensuivit, les partisans de Mathilde provenant surtout de l’ouest de l’Angleterre et de l’Estanglie.

    En décembre 1140, le comte de Chester, Ranulf, contrarié de ne pas avoir reçu Carlisle et les terres au nord de cette cité après la défaite des Ecossais à la "bataille de l'étendard", s'empara de Lincoln. Etienne y mit immédiatement le siège. Le comte leva une armée pour s'opposer au roi, et le 2 février 1141, au cours d'une des rares batailles de la guerre civile, Etienne fut vaincu et fait prisonnier.

     

    Mais Mathilde ne sut pas tirer avantage de sa bonne fortune, alors que même le frère d'Etienne, Henri de Blois, évêque de Winchester, avait déserté pour un temps la cause du roi. L'été 1141 vit les préparatifs du couronnement de Mathilde à Londres, mais elle en fut chassée par la population opposée à la perception de nouveaux impôts. Henri de Blois changea de camp et défendit Winchester contre Mathilde l'Emperesse. Une armée de renfort menée par une autre Mathilde, la reine, épouse d'Etienne de Blois, et par Guillaume d'Ypres, anéantit les partisans de l'Emperesse et captura Robert de Gloucester. Un traité fut négocié, assurant notamment la libération d'Etienne et de Robert..

     

    En 1142, Etienne avait déjà perdu la Normandie mais il cherchait toujours à écraser ses ennemis en Angleterre. Il mit le siège devant Oxford où Mathilde était venue se réfugier, mais elle lui échappa. En automne 1143, les comtes d'Essex et de Chester se révoltèrent et en 1144, l'anarchie faisait rage. Des soulèvements éclataient en tous lieux et de nombreux châteaux furent construits en dehors de l'autorité du roi. Ce n'est qu'en 1146, à la suite de l'arrestation du comte de Chester, que la situation se calma quelque peu.


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  • Geoffroi Plantagenêt, comte d'Anjou, devenu duc de Normandie en 1144.

    Son tombeau a été recouvert à la fin du XIIe s. d'une plaque émaillée (vers 1172).

     

    Notes individuelles 

    Geoffroy V d'Anjou, dit le Bel ou Plantagenêt (24 août 1132 – 7 septembre 1151, Château-du-Loir), fut comte d'Anjou et du Maine (1129-1151), et, plus tard, duc de Normandie (1144-1150).

    Geoffroi Plantagenêt à la Conquête de la Normandiechateau d'Hambye

    Il est surnommé Plantagenêt à cause du brin de genêt qu'il avait l'habitude de porter à son chapeau. Il était le fils de Foulque V († 1143), comte d'Anjou et roi de Jérusalem, et d'Erembourge du Maine († 1126), héritière du Maine. Son fils Henri IId'Angleterre est le fondateur de la dynastie Plantagenêt des rois anglais.

     

    Le 17 juin 1128, à l'âge de 15 ans, il épouse Mathilde l'Emperesse, fille d'Henri Ier d'Angleterre dit Beauclerc et veuve d'Henri V du Saint-Empire, empereur romain germanique, en la cathédrale du Mans. Cette union représente un gage depaix entre l'Anjou et la Normandie, qui avaient été en conflit à de nombreuses reprises au cours du xie siècle. Mathilde l'Emperesse était plus âgée de onze ans, et leur mariage ne fut pas très heureux. Elle retourne auprès de son père peu de temps après leur union. En 1131, elle se réconcilie avec lui, et leur premier enfant, Henri naît le 5 mars 1133.

     

    L'année qui suit son mariage, son père est pressenti pour épouser Mélisende de Jérusalem, fille du roi de Jérusalem Baudouin II. Il retourne donc en Terre sainte – où il devient le roi –, laissant toutes ses possessions à Geoffroy.

     

    Le 17 juin 1128 au Mans, il épousa Mathilde l'Emperesse (1102-1167), veuve de l'empereur romain germanique Henri V du Saint-Empire, et fille d'Henri Ier d'Angleterre et de Mathilde d'Écosse.

     

    Ils eurent trois fils?:

     

    Henri (1133-1189), futur comte d'Anjou, du Maine et du Poitou, duc de Normandie et d'Aquitaine, roi d'Angleterre?;

    Geoffroy Plantagenêt (1134-1158), futur comte d'Anjou, du Maine et de Nantes. Sans descendance?;

    Guillaume (1136-1164), comte du Poitou. Sans descendance.

     

    Il eut aussi au moins trois enfants illégitimes :

     

    Hamelin d'Anjou et plus tard de Warenne (vers 1129 – 7 mai 1202), 5e comte de Surrey, peut-être vicomte de Touraine?;

    Emme, épousa Dafydd ab Owain Gwynedd, prince de Galles du Nord en 1174?;

    Marie († 1216), devint nonne puis abbesse de Shaftesbury vers 1181, elle fut peut-être la poétesse Marie de France.

    ***

     

    Il s'agit de la première représentation des lions qui passeront dans les armoiries des Plantagenêts, puis, plus tard, sur le blason normand (XIVe s.), sous l'appellation de léopards.

     

    Fidèles à leur attitude dans les périodes de faiblesse du pouvoir, les barons normands profitent de la rivalité entre Mathilde et Etienne pour se lancer à nouveau dans les guerres privées qui les opposent et se partager entre les deux prétendants.

    La situation est d'autant plus complexe que beaucoup de ces barons possèdent des domaines des deux côtés de la Manche. Dans la lutte pour le trône, Angleterre et Normandie sont donc inséparables.

     

    La première phase du conflit est favorable à Etienne qui jouit déjà du prestige de la dignité royale en Angleterre et vient prêter hommage au roi de France pour le duché de Normandie (1137) tandis que Geoffroi d'Anjou conduit des opérations de pillages sans résultats définitifs en 1136 et 1138.

     

    Par la suite Geoffroi et Mathilde reçoivent l'appui notable de Robert de Gloucester, fils illégitime de Henri I, qui tient en Normandie les régions de Caen et de Bayeux. Abandonnant à son épouse la conduite des opérations en Angleterre, Geoffroi réussit à s'imposer d'abord à l'ouest et au centre de la Normandie.

     

    Enfin, en 1144, il prend Rouen et le château d'Arques aux partisans d'Etienne et obtient du roi de France la reconnaissance du titre ducal en échange de la forteresse de Gisors. Cet abandon porte en germes de nouveaux conflits à venir entre le Plantagenêt et le Capétien pour le contrôle du Vexin.

     

    De 1144 à 1150, Geoffroi d'Anjou s'attache à rétablir l'ordre dans le duché qu'il transmet à son fils Henri peu avant sa mort (1151). Entre-temps Mathilde a mené le combat contre le roi Etienne, mais alors que le sort des armes est favorable à son époux Geoffroi, en Normandie, elle est en Angleterre restée sur un échec.


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  • Etienne de Blois, roi d'Angleterre (1135-1154).

    Illustration.

     

    Né en 1133, peu avant la mort de son grand-père Henri Ier Beauclerc (1135), le jeune Henri II a conduit de sa propre initiative une opération en Angleterre, dès 1147, reprenant audacieusement à son compte la lutte de sa mère Mathilde contre le roi Etienne.

     

    Cet épisode est resté sans conséquences mais déjà, pour les barons normands, Henri, fils de Mathilde, est un prince plus facilement accepté que son père Geoffroi, l'Angevin, l'ancien ennemi. Fort de ce statut d'héritier, et titulaire du duché de Normandie depuis 1150, Henri va revendiquer pour lui la couronne d'Angleterre.

    Description de cette image, également commentée ci-après

    Venu prêter hommage au roi de France pour le duché de Normandie en 1151, Henri II a rencontré la reine Aliénor qu'il épouse en 1152 quand celle-ci est répudiée par Louis VII pour ne lui avoir donné aucun fils. Avec ce mariage, l'Aquitaine, terre d'Aliénor, vient s'ajouter à l'Anjou, au Maine et à la Normandie. Le vaste état féodal des Plantagenêts se dessine. Reste à y ajouter la couronne d'Angleterre.

     

    Comme son ancêtre Guillaume le Conquérant, c'est un prince fort de ses domaines continentaux qui débarque en Angleterre en 1153. Dès lors le dénouement est rapide. Une trêve suit les premières escarmouches. Puis Eustache, fils et héritier d'Etienne meurt prématurément. Etienne renonce à la lutte. Il reconnaît Henri comme son fils adoptif et son héritier (paix de Wallingford, 6 nov. 1153) et lui transmet la couronne à sa mort un an plus tard (25 oct. 1154).


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