• Retour de la prospérité

    La guerre de Cent Ans terminée, la Normandie se relève de ses ruines démographiques et économiques. Après les désastres de la période 1337-1450, la croissance démographique permet à la Normandie de retrouver, vers 1530 son niveau de population d’avant les crises. En 1517, le roi François Ier crée le port et la ville du Havre. À Rouen, la draperie connaît un essor sans précédent. Les pêcheurs normands vont chercher le hareng en Mer Baltique et la morue à Terre-Neuve. Ils rapportent de sel de Guérande. Jusqu’en 1570, la Manche est un lieu de passage pour les navires commerciaux qui se dirigent vers Londres ou Anvers. Les marchands normands importent des matières premières des Îles Britanniques (laine, étain, cuir, etc.), du sel et de l’alun du Sud ; ils fréquentent le port d’Anvers. Harfleur accueille des marchands hispaniques.

    La Normandie participe au mouvement des grandes découvertes, avec notamment le départ, en 1503, de Binot Paulmier de Gonneville de Honfleur jusqu’aux côtes du Brésil, la visite de Terre-Neuve et de l’embouchure du Saint-Laurent par le Honfleurais Jean Denis en 1506 ou le départ, en 1608, d’une expédition dirigée par Samuel de Champlain, qui aboutit à la fondation de la ville de Québec. Sous le règne de François Ier, l’armateur dieppois Jehan Ango envoie ses navires vers Sumatra, le Brésil, l’Argentine et le Canada. Dieppe est aussi le siège une école de cartographie et d’hydrographie sous la direction de Pierre Desceliers. Les Rouennais envoient Giovanni da Verrazano chercher le bois de Brésil en Amérique du Sud. En 1550, une fête brésilienne est organisée sur la Seine à Rouen, en l’honneur de la visite du roi Henri II.

    Le dynamisme et la prospérité en Normandie se voient à travers les innombrables manoirs qui se construisent dans les campagnes et les hôtels urbains dans les grandes villes. Enfin, la Normandie s’est particulièrement ouverte à l’influence protestante.

     


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    Château d'Ételan, Seine-Maritime

    L’essor économique de la première moitié du XVIe siècle et la présence de mécènes prestigieux permet à la Renaissance d’éclore en Normandie. Les manoirs et les châteaux ruraux ne font que plaquer des éléments renaissants et italianisants sur des plans de tradition gothique. Une certaine profusion de décoration connaît une vogue certaine à cette époque, aussi bien en ville qu’à la campagne. Les matériaux utilisés sont la brique, le bois et la pierre taillée. L’essor de ces constructions est brisé par les guerres de religion, dans la deuxième moitié du XVIe siècle.


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  • Bureau des Finances, Rouen, 1510

     

    Hôtel d'Escoville, Caen, XVIe siècle

     

    Les guerres de religion

    Le protestantisme s’implante tôt en Normandie (dès les années 1530), surtout dans les villes. La première ville acquise au calvinisme, Alençon où Marguerite d’Angoulême la laissa s’implanter, devient rapidement un foyer de Réforme. Les campagnes du nord du pays de Caux, de la vallée de la Seine (Caudebec-en-Caux) et du Bessin sont touchées. Le Cotentin est gagné par les idées de la Réforme plus tard (deuxième moitié du XVIe siècle) : le sieur de la Mare, Pierre de Comprond est brûlé vif à Coutances.

    Les succès de la Réforme s’expliquent par le trafic des indulgences et l’absence des curés. La région est relativement riche et alphabétisée, ouverte sur les influences extérieures par le négoce. Rouen est le troisième centre d’impression de livres en France. De nombreux imprimeurs sont aussi installés à Caen.

    Les protestants sont avant tout des petits nobles, des bourgeois de Caen

    1562 : début des guerres de religion : iconoclasme s de Caen et des artisans du textile.
    dans plusieurs villes (Alençon, Rouen, Caen, Coutances, Bayeux) ; siège et pillage de Rouen en octobre ; traité d'Hampton Court
    1572 : Saint-Barthélemy : massacre de protestants à Rouen
    21 septembre 1589 : bataille d’Arques
    1590 : bataille d’Ivry

    À la fin du XVIe siècle, le protestantisme recule en Normandie, même s’il reste relativement bien implanté à Caen et Alençon. Peu avant la révocation de l’Édit de Nantes par l’Édit de Fontainebleau de Louis XIV en 1685, la Normandie est la province du nord de la France qui compte le plus d’habitants acquis à la Réforme. Au nombre de 200 000, ceux-ci forment la partie la plus industrieuse de la population normande. À la révocation, pas moins de 184 000 (92 %) protestants mettront leur proximité avec la mer à profit pour s’enfuir vers l’Angleterre et la Hollande, pays protestants avec lesquels ils entretenaient des relations suivies. Plus de 26 000 habitations normandes sont désertées. La population de Rouen chute de 86 000 à 60 000 habitants. La sortie du royaume des plus riches des 4 000 protestants de Caen, qui se livraient presque tous au commerce maritime, appauvrit ainsi la population privée des relations commerciales précédemment entretenues par ceux-ci. La totalité des protestants de Coutances émigrent, emportant avec eux en Angleterre toutes les manufactures de toiles qu’ils possédaient. La moitié des 800 réformés que compte Saint-Lô passe à l’étranger. Plus de la moitié des 300 réformés de l’élection de Mortain s’établit en Angleterre et en Hollande. L’émigration des maîtres, suivis de leurs plus habiles ouvriers – non seulement protestants mais quelquefois même catholiques désireux de conserver leur emploi –, ruine pour plusieurs années les diverses branches de commerce et d’industrie qui florissaient auparavant à Rouen, Darnétal, Elbeuf, Louviers, Caudebec, Le Havre, Pont-Audemer, Caen et Alençon au point que cette province autrefois industrieuse suffit désormais à peine à sa propre consommation.

    Les violences religieuses n’épargnent pas la province : près de 80 000 Normands réformés s’exilent en Prusse, aux Pays-Bas et en Angleterre.


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