• L’économie normande 

    Maison de l’Armateur, XVIIIe siècle, hôtel urbain d’un négociant du Havre

    Le XVIIIe siècle constitue l’apogée du trafic négrier. Les bourgeois du Havre, de Rouen et d’Honfleur bénéficient des retombées économiques du commerce triangulaire. Le travail du coton se développe dans les villes et jette les bases de la Révolution industrielle. Les manufactures se multiplient et s’installent dans les faubourgs de Rouen. Mais ces changements profitent surtout à la Normandie orientale (autrement dit l’actuelle Haute-Normandie). Le reste de la province profite moins du grand commerce maritime.

    L’agriculture reste importante : production céréalière (Pays de Caux, Vexin, campagnes du Neubourg, de Caen, d’Argentan), élevage laitier (Pays de Bray, Bessin), élevage pour la viande (Pays d'Auge), pommiers pour le cidre sont en progrès, alors que la vigne recule vite. Dans de petits secteurs, la productivité augmente grâce à la disparition progressive de la jachère dans le Pays de Caux et la plaine de Caen. Le bocage normand fournit des rendements médiocres.

    La filature, le tissage, la fabrication de toiles sont les activités artisanales les plus pratiquées dans les campagnes normandes. Rouen reste le plus gros centre de production de draps de laine. À la fin du XVIIIe siècle commence à s’imposer la filature du coton.

    La métallurgie concerne surtout la région d’Alençon, le Pays d’Ouche et l’est de la Normandie. Villedieu-les-Poêles fabrique des ustensiles de cuivre. Rouen est un centre de production de verre, de céramique, de porcelaine, de livres. Les chantiers navals se développent au Havre, mais aussi à Cherbourg, Caen, Rouen, Villequier et Dieppedalle. Dans la vallée de la Seine commencent à s’implanter des centres de production « chimiques » (raffineries de sucre). Les Britanniques introduisent quelques timides innovations dans les secteurs textile et métallurgique normands au XVIIIe siècle.

    Dans les années 1780, la crise économique et la crise de l’Ancien Régime frappent la Normandie et débouchent sur la Révolution française.

     

    Charlotte Corday, originaire de Normandie

    En 1788-1789, les Cahiers  de doléances révèlent les difficultés et les attentes des Normands : les corporations et les péages sont vivement contestés. Les mauvaises récoltes, les progrès techniques et les effets du traité de commerce de 1786 affectent l’emploi et l’économie de la province. Surtout, c’est l’importante charge fiscale que les Normands ont du mal à accepter. Durant l’été 1789, la province subit la Grande Peur, une rumeur d’un complot aristocratique pour écraser la Révolution. En 1790 sont institués les cinq départements de la Normandie. La Terreur vit l’application de la déchristianisation en Normandie. La cathédrale de Rouen fut ainsi temporairement transformée en temple de la Raison.

    Les Normands refusent la levée en masse décrétée par la Convention. À la chute des Girondins le 2 juin 1793, un certain nombre d’entre eux, dont Buzot, Gorsas, se réfugient en Normandie où ils tentent de soulever une insurrection fédéraliste contre la Convention. Ils rassemblent à Caen une armée de 2 000 volontaires sous les ordres du général Wimpffen. Cette tentative se solda par un échec lors de l’engagement à Brécourt le 13 juillet.

    Le 11 juillet 1793, Charlotte Corday, qui a côtoyé les proscrits girondins à Caen, assassine Marat.

    La chouannerie se développe à partir de 1795 en Basse-Normandie. Sous le Directoire, des bandes royalistes effectuent des coups de force à Domfront, Tinchebray, Vire.

    Sous l’Empire, le blocus, la conscription et les mauvaises récoltes de 1811 entraînent une nouvelle fois le mécontentement des Normands.


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