• Princes, Dames / Clercs / Barons

     

     

     Princes

     

    Bohémond d'Antioche Ier (1057 env.-1111) prince d'Antioche (1098-1111)

    Etienne de Blois

    Geoffroi Plantagenêt

    Guillaume Cliton

    Guillaume le Conquérant

    Guillaume de Hauteville

    Guillaume Ier de Hauteville

    Guillaume II de Hauteville

    Guillaume (III) de Hauteville

    Guillaume le Roux

    Guillaume Longue Epée

    Harold II

    Henri Ier Beauclerc

    Henri II Plantagenet

    Henri le Jeune

    Henri VI Hohenstaufen

    Jean Sans Terre

    Malcolm Canmore

    Owain Gwyned

    Richard Ier

    Richard II

    Richard III

    Richard Coeur de Lion

    Robert Courteheuse

    Robert Guiscard

    Robert le Magnifique

    Roger Borsa

    Roger Ier de Hauteville

    Roger II de Hauteville

    Roger III de Hauteville

    Rollon

    Tancrède de Lecce

     

     Dames

     

    Adèle de Blois

    Aliénor d'Aquitaine

    Arlette de Falaise

    Constance de Hauteville

    Emma

    Gonnor

    Judith de Bretagne

    Mathilde de Flandre

    Mathilde l'Emperesse

     

     Clercs

     

    Adelard de Bath

    Anaclet II

    Anselme du Bec

    Arnoul de Lisieux

    Etienne du Perche

    Eudes de Bayeux

    Geoffroy de Montbray

    Gilbert Maminot

    Grégoire VII

    Guillaume Bonne-Ame

    Guillaume FitzHerbert

    Guillaume de Saint-Calais

    Guillaume de Volpiano

    Hubert Walter

    Henri de Blois

    Innocent II

    Innocent III

    Lanfranc de Pavie

    Mauger, archevêque de Rouen

    Maurille, archevêque de Rouen

    Renouf Flambard

    Robert de Jumièges

    Roger le Poer

    Roger de Pont-L'Evêque

    Theobald du Bec

    Thomas Becket

    Yves de Bellême

     

     Barons

     

    Beaumont

    Bellême

    Bigod

    Grentemesnil

    Guillaume "Bras-de-fer"

    Hugues d'Avranches

    Maion de Bari

    Mortain (comtes de)

    Rainolf Drengot

    Richard de Capoue

    Richard de Clare

    Robert Burdet

    Robert de Caen

    Roger de Montgoméry

    Roussel de Baieul


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  • Princes

    Bohémond de Hauteville, prince d'Antioche († 1111)

    Bohémond de Hauteville, prince d'Antioche († 1111)

     

    Fils de Robert Guiscard. Il aide son père dans les campagnes menées contre les Byzantins et, à la mort de Robert Guiscard, hérite de la principauté de Tarente. Il part à la première croisade en 1096 et fonde la principauté d'Antioche dont il se déclare prince. En 1101 il est fait prisonnier par les Turcs et est libéré contre rançon au bout de deux ans. Il meurt en 1111 après avoir échoué à reconquérir sa principauté laissée en régence à son neveu et compagnon de croisade, Tancrède.

     

    David Ier, roi d’Ecosse (1084 - 1153)

    Bohémond de Hauteville, prince d'Antioche († 1111)

     

    David, fils de Malcolm Canmore, devint roi d’Ecosse en 1124. Il encouragea l'établissement de nombreux seigneurs anglo-normands et entreprit de réformer la propriété foncière par l'introduction de lois et privilèges féodaux comparables à ceux en vigueur en Angleterre. David mit aussi en œuvre la réforme de l’Eglise écossaise selon le modèle romain. Il s’allia à l’Emperesse Mathilde contre le roi Etienne et revendiqua les comtés de Cumberland, Northumberland et Westmorland. Après l’invasion de l’Ecosse par Etienne en 1138, David répliqua en attaquant l’Angleterre mais fut battu à la bataille de l’Etendard près de Northallerton, dans le nord du Yorkshire. David fonda les premières villes d’Ecosse, y compris Edimbourg où fut établie l’abbatiale de Holyrood, fondée selon la légende, pour racheter le péché d'avoir pris part à une chasse le dimanche, jour du Seigneur.

     

    Etienne de Blois, duc de Normandie (1135-1144), roi d'Angleterre (1135-1154)

    Bohémond de Hauteville, prince d'Antioche († 1111)

     

     

    Etienne, comte de Mortain, s’empara du trône d’Angleterre à la mort d’Henri Ier en 1135. Il était le second fils de la fille de Guillaume le Conquérant, Adèle, et avait épousé Mathilde, fille du comte de Boulogne. Son frère cadet était Henri de Blois, l’ambitieux évêque de Winchester. Dans une chronique contemporaine de Gautier Map, Etienne est décrit comme "un brave chevalier, mais dans d’autres domaines presque un pitre" Il ne réussit pas à assurer sa domination sur son nouveau royaume et ne fut jamais reconnu comme duc de Normandie. Entre 1139 et 1148 il dut affronter les partisans de Mathilde l'Emperesse, fille d’Henri Ier, à la tête desquels se trouvait son demi-frère, Robert de Gloucester. Etienne fut battu et fait prisonnier à la bataille de Lincoln en 1141, mais libéré plus tard en échange de Robert de Gloucester, lui–même capturé lors de la défaite des troupes de Mathilde à Winchester. Etienne dut faire face à ses barons rebelles de 1143 à 1146, une époque troublée en Angleterre, connue sous le terme "d'Anarchie" A la mort de son propre fils Eustache, Etienne reconnu comme son héritier le futur roi Henri II. Etienne mourut en octobre 1154 et fut enterré dans l’abbaye de Faversham (Kent).

     

    Geoffroi V Plantagenêt, comte d'Anjou, duc de Normandie (1113-1151)

     

    Bohémond de Hauteville, prince d'Antioche († 1111)

    Fils aîné de Foulques V, comte d’Anjou, il épouse en 1128 Mathilde, fille de Henri Ier Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre, et veuve de l’empereur Henri V, avant de recueillir l'héritage angevin de son père parti pour le royaume de Jérusalem (1131). En 1133, Mathilde donne naissance au fils de Geoffroi, Henri, pour lequel le duc-roi Henri Beauclerc demande à ses barons un serment le reconnaissant comme son héritier. A la mort d'Henri Beauclerc, Geoffroi d'Anjou agira à ce titre pour s’emparer de la Normandie, tandis que son épouse luttera contre Etienne de Blois pour la couronne d'Angleterre. Après une période d'anarchie, Geoffroy entreprend la conquête de la Normandie (1141-1144), occupe Rouen, au nom de sa femme et de son fils, et obtient le titre de duc de Normandie qu’il transmet en 1150 à son fils Henri Plantagenêt. Il meurt en 1151 avant de voir l'accession d'Henri à la couronne d’Angleterre à la mort d’Étienne de Blois (1154).

     

    Guillaume Cliton (1101-1128)

     

    Il est le fils du duc de Normandie Robert II Courteheuse et de Sibylle de Conversano. Il peut donc prétendre aux terres qu'a tenues son père (le comté de Maine, la Normandie) et être présent dans l'ordre de succession au comté de Flandre par sa grand-mère Mathilde, épouse du Conquérant. Vaincu à la bataille de Tinchebray (1106), par son frère Henri Ier Beauclerc, Robert Courteheuse a perdu la Normandie et a été emmené captif en Angleterre avec sa famille. Confié à Hélie de Saint-Saëns, Guillaume Cliton va devenir le jouet de tous les complots menés contre Henri Beauclerc. Le comte Foulque d'Anjou, le fait comte du Maine et lui promet sa fille en mariage. Henri Ier Beauclerc fait rompre le mariage et Guillaume Cliton trouve refuge auprès du comte de Flandre. En 1119, il combat du côté français à la bataille de Brémule dont Henri Ier Beauclerc sort vainqueur. La même année, au concile de Reims, le roi de France plaide sa cause comme héritier légitime de la Normandie, mais sans résultat. En 1126, il épouse une princesse de France et le roi Louis VI lui donne le Vexin. Après le meurtre du comte Charles le Bon (1127), Louis VI soutient le droit Guillaume Cliton à l'héritage de Flandre, par sa parenté avec sa grand-mère Mathilde. Les villes de Flandre le reconnaissent d'abord, mais se retournent bientôt contre lui en faisant appel à Thierry d’Alsace. Il meurt en 1128 et est inhumé dans la prestigieuse abbaye de Saint-Bertin (Saint-Omer, Pas-de-Calais)..

     

    Guillaume, duc de Normandie (1035 – 1087), roi d’Angleterre (1066 – 1087)

    Bohémond de Hauteville, prince d'Antioche († 1111)

     

    Fils illégitime de Robert le Magnifique et d'Herlève de Falaise, Guillaume contesté à son avènement, affirme son autorité sur la Normandie à la bataille de Val-ès-Dunes (1047). Il écarte les menaces de ses ennemis français et angevins par ses victoires de Mortemer (1054) et Varaville (1057) et conduit une politique active sur ses frontières du Maine et de Bretagne, tandis que ses liens avec la Flandre sont resserrés par son mariage avec Mathilde, fille du comte Baudouin. Maître de son duché, il fait valoir ses droits au trône d'Angleterre à la mort d'Edouard le Confesseur, fils de sa tante Emma. Guillaume arme une flotte d'invasion et vainc le roi anglo-saxon Harold à Hastings le 14 octobre 1066. Couronné roi, il organise l'Angleterre sur le modèle de la hiérarchie féodale normande, mais parvient difficilement à se partager entre les deux parties de son royaume. La fin de sa vie est notamment marquée par les révoltes de son fils Robert. Blessé mortellement à Mantes en 1087, il divise son domaine entre Robert Courteheuse, duc de Normandie, et Guillaume le Roux, roi d'Angleterre, aux dépends de son troisième fils Henri.

     

    Guillaume de Hauteville, duc de Pouille

     

    Il succède à son père Roger Borsa en 1111. Il possède lui aussi une personnalité faible et doit souvent subir le comportement anarchique récurrent des barons normands ; et comme son père, il est obligé de demander secours au comte de Sicile. Il meurt en 1127 sans laisser d'héritier. Sa succession reviendra à Roger II.

     

    Guillaume Ier de Hauteville, dit "le Mauvais", roi de Sicile

     

    Il succède en 1154 à son père Roger II. Après une série d'affrontements, le pape Hadrien IV traite avec lui en 1156 : par le traité de Bénévent il lui accorde l'investiture du royaume, y compris Capoue et Naples et lui concède la légation apostolique sur la Sicile. Le profond désaccord avec les barons normands porte en 1160 à l'élimination de son plus fidèle collaborateur, Maion de Bari. En 1161 il est capturé par les nobles coalisés ; il sera ensuite libéré, mais au cours des soulèvements son fils Roger III trouve la mort.

    Guillaume Ier meurt en 1166, laissant la régence de son fils mineur Guillaume II à sa femme, Marguerite de Navarre.

     

    Guillaume II de Hauteville, dit "le Bon", roi de Sicile

     

    Il succède à Guillaume Ier sur le trône de Sicile en 1166, sous tutelle de sa mère Marguerite de Navarre. Par opposition à son père il est surnommé "le Bon". Il épouse Jeanne d'Angleterre, fille de Henri II Plantagenêt. En 1184 il fiance l'héritière légitime de la dynastie normande, Constance de Hauteville, alors âgée de trente ans, avec le fils aîné de l'empereur germanique Frédéric Ier, Henri. Guillaume II est le dernier descendant mâle des Hauteville sur le trône de Sicile.

     

    Guillaume (III) de Hauteville

     

    A sa mort, en 1194, Tancrède de Lecce (fils illégitime d'un frère de Constance de Hauteville, Roger) qui avait été élu roi de Sicile par le parti hostile aux princes souabes, laisse un fils mineur, Guillaume (III). Lorsque l'empereur germanique Henri VI descend à nouveau en Italie pour conquérir le royaume, Guillaume est fait prisonnier et envoyé en Allemagne.

     

    Guillaume le Roux, roi d’Angleterre (1087 – 1100)

     

    Fils puîné de Guillaume le Conquérant, désigné à la mort de son père comme son héritier pour le royaume conquis en Angleterre. Le règne de Guillaume le Roux est marqué par des relations difficiles avec les grands barons et avec l'Eglise. Excellent chef militaire, il sait imposer son autorité en Angleterre. Il obtient l'hommage du roi d'Ecosse (1091), consolide sa frontière sur le Pays de Galles, et repousse une invasion du roi de Norvège (1098). Il intervient à plusieurs reprises à l'appel de barons normands contre son aîné Robert Courteheuse et combat ou favorise, selon ses intérêts, les ambitions de son cadet Henri Ier Beauclerc (1091, 1094, 1095). Après le départ de Robert pour la croisade (1096), Guillaume s'efforce de reconstituer la domination normande dans le Vexin et dans le Maine (1097, 1099). Ayant toujours refusé de prendre épouse, il meurt sans héritier, dans un accident de chasse peu avant le retour de son frère de Terre Sainte (1100).

     

    Guillaume Longue Epée (v. 905 - 942), comte de Rouen (927-942)

     

    Guillaume Longue-Epée, fils de Rollon, rompt avec les derniers carolingiens au profit du clan des ducs des Francs, marquis de Neustrie et du roi Raoul (923-936), et obtient de lui le Cotentin et l'Avranchin (933), au détriment des comtes bretons, soumis par la force. Il écrase une révolte des scandinaves païens installés à l'ouest du duché (935). Il poursuit l'intégration de la Normandie au royaume franc : mariage avec la fille du comte de Vermandois ; alliance avec le duc des Francs, Hugues le Grand, contre le roi carolingien Louis IV d'Outremer (939-942). Réconcilié avec le roi (942), et tenté par une retraite monastique, selon Dudon de Saint-Quentin, il meurt traîtreusement assassiné près de Picquigny, sur la Somme, lors d'une entrevue avec son voisin et ennemi le comte de Flandre.

     

    Harold II, roi d’Angleterre (mort en 1066)

     

    Harold, second fils du comte Godwin de Wessex, devint comte d’East Anglia en 1045. Le roi Edouard le Confesseur l’exila à Dublin en 1051 mais il fut pardonné l’année suivante. A la mort de Godwin en 1053, Harold lui succéda en Wessex. En 1055-6, il combattit à la frontière galloise dans le Herefordshire. Il renforça les défenses de Hereford et fit reconstruire en 1060 l'église de Waltham (Essex). En 1062 il fit campagne dans le nord du Pays de Galles et s’embarqua en 1063 à Bristol pour attaquer la côte galloise. Pour des raisons encore obscures Harold fut dépêché en Normandie par le roi Edouard en 1064 ou 1065. Il débarqua en Ponthieu où le comte Guy le fit prisonnier, exigeant une rançon de Guillaume, duc de Normandie. Guillaume et Harold firent campagne ensemble et, d’après des sources normandes, Harold jura fidélité à Guillaume. A la mort d’Edouard en 1066 Harold devint roi d’Angleterre. Il défit l’armée d’Harold Hardrada, roi de Norvège, à Stamford Bridge près de York en octobre 1066 mais trouva ensuite la mort lors de la bataille de Hastings.

     

    Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre, duc de Normandie (Selby, 1068 - Lyons-la-Forêt, 1er décembre 1135)

     

    Henri est le troisième fils survivant de Guillaume le Conquérant et n'était pas destiné à régner. A la mort de Guillaume il ne possède aucune base territoriale mais il sait profiter des conflits entre ses frères. Il obtient sous son frère Robert Courteheuse la vicomté du Cotentin, le Bessin et l'Avranchin qu'il tient avec le titre de comte (1088-1091). En 1091, la réconciliation des deux aînés, Robert Courteheuse et Guillaume le Roux, se fait aux dépends du cadet qui s'exile, pour revenir dès 1092 à l'appel des habitants de Domfront. De cette nouvelle base, Henri reconstitue son influence à l'ouest de la Normandie. La mort accidentelle de Guillaume le Roux (1100) lui permet de ceindre la couronne d'Angleterre, en l'absence de Robert Courteheuse, parti à la croisade. Le retour de Robert en 1100 relance l'état de guerre endémique qui s'achève en 1106. Henri écarte définitivement Robert Courteheuse vaincu à Tinchebray. Il réunifie ainsi le monde anglo-normand : régnant en Angleterre depuis 1100, il s’appuie sur les moyens militaires et financiers du royaume pour restaurer sur le continent le pouvoir ducal. Cependant, les intrigues du roi Louis VI, en faveur de Guillaume Cliton, fils de Robert Courteheuse, dressent contre lui certains barons normands, rétifs à se soumettre à nouveau à une autorité aussi forte que celle du Conquérant. A l'image de son père Guillaume, puis de son frère Robert, le duc-roi doit s'employer en Normandie à mâter les rebelles et les fauteurs de guerres privées, en 1118/1119 surtout, puis de nouveau en 1123/1124. En chaque circonstance Henri Beauclerc rétabli son autorité avec fermeté. En 1119 en particulier, il défait le roi de France en bataille rangée à Brémule, dans la région de l'Andelle. L'Angleterre en revanche ne connaît plus aucune campagne militaire entre 1100 et 1135, et le duc-roi s'emploie surtout à régler les relations avec l'Eglise (primatie de Canterbury et question des investitures), et à perfectionner l'appareil juridique et fiscal.. Si, en Normandie surtout, Henri construit ou restaure de nombreux châteaux sous son autorité, notamment sur sa frontière du Vexin, son long règne de 30 ans est celui de l'affirmation et de la prospérité du royaume anglo-normand. A la mort de son fils et héritier dans le naufrage de la Blanche-Nef (1120), sa succession est revendiquée à la fois par sa fille Mathilde et par son neveu Etienne de Blois.

     

    Henri II Plantagenêt (Le Mans, 5 mars 1133 - Chinon, 6 juillet 1189)

     

    Fils de Geoffroy le Bel, dit Plantagenêt, comte d’Anjou, et de Mathilde de Normandie, fille de Henri Ier Beauclerc Duc de Normandie (1150), comte d’Anjou (1151), il obtient l'Aquitaine par son mariage avec la duchesse Aliénor (1152), et la couronne d'Angleterre à la mort d'Etienne de Blois (1154). Il établira également sa suzeraineté sur la Bretagne et le Maine, affermira l'emprise anglo-normande sur le Pays de Galles et commencera son implantation en Irlande (1171-1172).

    Dans cet ensemble baptisé "Empire angevin" ou "Etat Plantagenêt", Henri Il s'efforce de mettre en place des institutions qui lui permettent de contrôler les finances, la justice et l'administration de ses différents états, mais il s'oppose à son principal conseiller Thomas Becket, archevêque de Canterbury, dans sa volonté de contrôler étroitement l'Eglise (1164-1170), et à ses fils désireux d'obtenir leur part des immenses domaines du Plantagenêt (révoltes de 1173, 1184, 1189).

    Son principal adversaire est le roi de France, Louis VII - puis Philippe Auguste - qui reste en droit son seigneur, ou celui de ses fils, pour tous leurs fiefs continentaux. Il renforce contre lui la ceinture de châteaux du Vexin normand. Il meurt vaincu dans une ultime révolte de son fils Richard, rallié au roi de France et est enterré à l'abbaye de Fontevraud.

     

     

    Henri le Jeune (1155-1183), fils de Henri II Plantagenêt

     

    La mort de son aîné Guillaume en 1156 fait de lui l’héritier présomptif de son père Henri II Plantagenêt. En 1158, il est fiancé à la fille du roi de France, Marguerite, dont la dot est le Vexin normand, et dont il pouvait espérer davantage, Louis VII étant alors sans héritier. Associé à la couronne d'Angleterre en 1170, puis de nouveau en 1172, Henri le Jeune n'obtient jamais de son père Henri II la réalité du pouvoir ni la jouissance de ses biens. Il se révolte en 1173, avec ses frères Richard et Geoffroy recevant l’appui de leur mère Aliénor et du roi de France Louis VII. En 1182, ce sont des querelles de préséance qui opposent Henri le Jeune à son frère Richard et conduisent à une nouvelle révolte. La mort accidentelle d'Henri met fin au conflit ; Philippe Auguste en profite pour se poser en défenseur de sa veuve et réclamer sa dot, le Vexin, éternel prétexte des conflits entre le roi de France et le duc de Normandie, roi d'Angleterre.

     

    Henri VI Hohenstaufen, empereur d'Allemagne et roi de Sicile

     

    Fils de Frédéric Ier Hohenstaufen, Henri épouse en 1186 Constance de Hauteville, fille de Roger II. Quand le roi de Sicile Guillaume II meurt en 1189, et bien que le front hostile aux parti des princes souabes ait élu roi Tancrède, comte de Lecce, Constance et Henri VI commencent la conquête du royaume méridional. En 1194, à la mort de Tancrède, dernier souverain normand, Henri est couronné roi de Sicile à Palerme, le 25 décembre. En 1197 il met fin à une conjuration du parti national sicilien, mais il meurt soudainement, en septembre 1198. C'est au pape Innocent III qu'est confiée la garde de l'héritier du trône, Frédéric II, encore mineur.

     


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  • Princes / Dames / Clercs / Barons (suite)

     

     

    Princes

    Richard Cœur de Lion (8 septembre 1157 - Châlus, 6 avril 1199)

     

    Fils de Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine, Richard reçoit d'abord, dans l'ordre de succession, les domaines de sa mère auxquels il reste attaché ; il est duc d'Aquitaine en 1169. Souverain de légende, Richard a été peu présent durant son règne sur le territoire d'Angleterre. Avant son avènement, Richard s'est opposé à son père Henri II pour le partage du pouvoir dans "l'Etat Plantagenêt" et ses nombreuses révoltes (1173, 1184, 1189) en ont révélé les faiblesses. En 1188, Richard fait hommage à Philippe Auguste pour les fiefs qu'il tient en France et se joint à lui dans une ultime campagne contre Henri II. Roi d’Angleterre et duc de Normandie à la mort de son père (1189), il s'engage avec Philippe Auguste dans le troisième croisade (1190-1192), mais, victime de sa rivalité avec Léopold d'Autriche, il est retenu captif sur le chemin du retour. Son absence est mise à profit par Philippe Auguste qui obtient de Jean sans Terre le comté d'Evreux et le Vexin. Rentré de captivité (1194), Richard reprend la guerre contre Philippe Auguste, principalement à partir de la Normandie dont il organise la défense avec pour pièce maîtresse la forteresse de Château-Gaillard. Vainqueur à Courcelles en 1198, et réconcilié avec son frère Jean, Richard signe la paix de Vernon en 1199 et va se faire tuer d'une mauvaise blessure reçue en assiégeant un vassal révolté à Châlus en Limousin (avril 1199).

     

    Robert Courteheuse, duc de Normandie (1087 – 1034)

     

    Fils aîné de Guillaume le Conquérant, investi enfant du comté du Maine (1052), et présenté en 1066 comme héritier présomptif du duché de Normandie, Robert se révolte contre son père dès 1077. Duc de Normandie en 1087, son règne est marqué par son incapacité à imposer son autorité à ses barons, la perte d'importants domaines au profit de ses deux frères, Guillaume le Roux, roi d'Angleterre (Eu et Aumale), Henri Beauclerc (Cotentin, puis Domfrontais) et le recul de l'influence normande sur le Vexin et sur le Maine. Il participe à la première croisade en laissant en gage son duché à Guillaume le Roux. A son retour en 1100, Henri Beauclerc s'est s’emparé du trône d’Angleterre, à la mort de Guillaume le Roux. Les tensions reprennent et Henri bat finalement son frère à Tinchebray (1106) et le garde prisonnier jusqu'à sa mort.

     

    Robert de Hauteville, dit "Robert Guiscard", duc de Pouille († 1085)

     

    Fils d'un second lit de Tancrède de Hauteville. Arrivé en Italie vers 1050 il se met à guerroyer avec son demi-frère Dreux en Calabre, contre les Byzantins, pour se livrer ensuite au brigandage pur et simple. Nommé duc de Pouille en 1059 par le pape Nicolas II, il continue à lutter contre les Byzantins et les Lombards. Il soutiendra ensuite le pape Grégoire VII dans son affrontement avec l'empereur germanique Henri IV. Il meurt à Céphalonie en 1085, pendant une tentative d'invasion de l'empire byzantin. Il épousa d'abord une normande, Aubrée, qui donna naissance à Bohémond ; puis la princesse de Salerne Sykelgaite qui mit au monde Roger Borsa.

     

    Robert le Magnifique, duc de Normandie (vers 1010 – 1035)

     

    Fils de Richard II et de Judith de Bretagne, frère cadet de Richard III. Dès son avènement, il doit affronter les révoltes menées par son oncle Robert, archevêque de Rouen, Hugues évêque de Bayeux, Guillaume Talvas comte de Bellême et Alain duc de Bretagne. Ayant pris sous sa protection les fils d’Ethelred, il somme le roi danois Cnut de leur rendre l’héritage paternel, et arme une flotte dans le port de Fécamp (1034), dispersée par une tempête. C’est aussi vers lui que se tourne Henri, fils du roi de France Robert II, lorsque sa mère Constance tente de le déshériter ; son soutien lui vaut le Vexin français, entre l'Epte et l'Oise. Au faîte de sa puissance, Robert entreprend un pèlerinage à Jérusalem, obtenant avant son départ le serment de fidélité pour son fils naturel Guillaume. Il meurt à Nicée sur le chemin du retour.

     

    Roger de Hauteville, dit "Roger Borsa", duc de Pouille

     

    Fils de Robert Guiscard, il lui succède dans la charge de duc de Pouille. Faible de caractère, il maintient à grand-peine le duché uni contre les pressions des barons normands. Il est à maintes reprises obligé d'appeler à l'aide, son oncle Roger II de Sicile (le Grand Comte). Il meurt en 1111.

     

    Roger II de Hauteville, roi de Sicile

     

    En 1101, Roger II de Hauteville est, sous tutelle de sa mère Adélaïde, l'héritier du comté de Sicile. A la mort de Guillaume, duc de Pouille, en 1127, qui ne laisse pas d'héritier, Roger II revendique la succession. Luttant contre les barons rebelles du Mezzogiorno, affrontant les papes autant que les empereurs germaniques, il réussit à rester maître de toute l'Italie du Sud et porte le titre de roi de Sicile (couronnement : 1130 ; reconnaissance pontificale : 1139). Le royaume normand de Sicile est né. Il entreprend en 1146 une campagne contre les Musulmans d'Afrique et occupe la zone côtière de Tripoli au Cap Bon. Il conquiert en 1147 les territoires byzantins de Corfou, Corinthe et Thèbes.

     

    Roger III de Hauteville, roi de Sicile

     

    Fils de Guillaume Ier. En 1161, pendant la révolte des barons menant à l'arrestation de Guillaume Ier, Roger est proclamé roi. Il trouve la mort au cours des soulèvements qui s'ensuivent et voient Guillaume Ier libéré.

     

    Rollon, comte de Rouen († 933)

     

    Peu de faits et de dates concernant la vie de Rollon sont établis avec certitude. Originaire de Norvège, chef d'une bande de vikings établie dans la région de la Basse-Seine à la fin du IXe s., Rollon participe à l'un des sièges de Paris (886 ?), s'empare de Bayeux, et d'Evreux puis obtient du roi carolingien Charles le Simple un accord lui donnant autorité sur la région de Rouen. Le lieu et la date du traité sont traditionnellement fixés à Saint-Clair-sur-Epte en 911. En 912 (?), le chef viking est baptisé du nom de Robert, marquis de Neustrie, qui sera roi en 922-923. Rollon profite des conflits dynastiques entre les derniers Carolingiens et les Robertiens, souche des rois capétiens, pour agrandir son territoire du Bessin et du diocèse de Sées (924). En 927, parvenu à un âge avancé, il fait reconnaître son fils Guillaume Longue Epée, né de sa concubine Popa, fille du comte de Bayeux, comme son héritier et l'associe au pouvoir jusqu'à sa mort en 933.

     

    Tancrède de Lecce, roi de Sicile (1189-1194)

     

     

    Guillaume II étant mort en 1189 sans laisser d'héritier, un puissant parti local s'oppose à la succession par Henri VI, fils de l'empereur germanique Frédéric Barberousse en lui préférant Tancrède, comte de Lecce, fils illégitime d'un fils de Roger II. Tancrède est élu roi de Sicile et reconnu par le pape Clément III. Durant ses quelques années de règne, il essaiera de s'opposer à l'empereur Henri VI qui revendique le royaume au nom de sa femme Constance, fille de Roger II. Tancrède meurt en 1194 ; Henri VI s'empare du royaume et envoie en Allemagne le fils de Tancrède, Guillaume (III).

     


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  • Fichier:Rollon Falaise (Calvados).jpgStatue de Rollon sur le socle de celle du Conquérant à Falaise (Calvados).

    Rollon (né avant 860 - mort entre 927 et 933) est un chef viking à l'origine du duché de Normandie. En 911, en contrepartie de l'arrêt de ses pillages, il reçoit du roi Charles le Simple un territoire autour de Rouen. Environ 100 ans plus tard, cette concession deviendra le duché de Normandie. Il est assez difficile de fixer la trame de la vie de Rollon car elle est également l'objet de récits légendaires.

     

    Noms et surnoms de Rollon

    Rollon (Rollo en latin) est parfois appelé Robert Ier le Riche, Robert étant le nom qu'il reçut à son baptême. Les historiens normands le nomment volontiers Rhou ou Rou[1] qui résulte de l'évolution phonétique régulière de Hrólfr en dialecte normand, selon le schéma suivant: Hrólfr > Rolf > Rouf (cf. les noms de famille normand en -ouf) > Rou (voir également Osouf, variante Auzou ou Ingouf, variante Ygout). On trouve aussi une variante à partir du nom équivalent issu du germanique continental latinisé Rodulfus (Rodolphe), et une autre variante latinisée Radulfus (Ralf, Ralph) d'où son autre nom de Raoul. Plus souvent, on le surnomme « Rollon le Marcheur » (Göngu-Hrólfr en vieux norrois), car la légende raconte qu'aucune monture n'a jamais été capable de porter son imposante stature de plus de deux mètres pour plus de cent quarante kilos. Pour d'autres, la légende devait montrer Rollon comme un géant puisqu'il était puissant et redouté. De son côté, Régis Boyer, professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves à l'université de Paris-Sorbonne, avance que ce surnom fait référence à ses multiples voyages, à son extraordinaire périple (göngu viendrait en fait de göngumadr, à savoir le vagabond).

    Selon Adigard des Gautries, Hrólfr est la contraction de Hróó/ulfr signifiant renommée/loup.

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    Les pérégrinations d'un chef viking[

    Le périple de Rollon

    L'histoire de Rollon est assez incertaine, notamment ses origines. L'historien Lucien Musset fait remarquer que « le succès de sa dynastie (Rollon est à l'origine de la lignée des ducs de Normandie) a créé autour de lui un halo de légendes » . De plus, les sources qui évoquent ce personnage sont presque toutes tardives.

    Certaines d'entre elles (notamment danoises) racontent qu'il serait né au Danemark en 845. Les sagas islandaises du XIIIe siècle le présentent plutôt comme un Norvégien. C'est cette dernière thèse qui semble emporter l'adhésion aujourd'hui. Ces mêmes sagas expliquent que Rollon est le fils de Rognevald, un jarl (comte) de la région de Møre og Romsdal, dans le centre-ouest de la Norvège. Les ruines de son château se trouveraient dans la banlieue sud d'Ålesund. Comme beaucoup d'autres Scandinaves, il est finalement contraint de quitter son pays et de parcourir les mers.

    Selon toute vraisemblance, il prend la tête d'une bande de Vikings, essentiellement des Danois et quelques Norvégiens, s'attaque principalement aux côtes de la Mer du Nord et de la Manche. Dudon de Saint-Quentin, historien du début du XIe siècle, ajoute plusieurs détails, malheureusement invérifiables : après son bannissement de Norvège, Rollon trouve refuge auprès du roi anglo-saxon Alfred le Grand. Ce dernier lui confie une petite troupe d'Anglais et le Viking part ainsi avec sa bande anglo-scandinave ravager la Frise, l'embouchure du Rhin et de l'Escaut.

    Dudon de Saint-Quentin place l'arrivée de Rollon dans le royaume franc en 876 exactement. Là encore, aucune preuve ne permet de vérifier cette affirmation. Aujourd'hui, plusieurs historiens, comme Jean Renaud ou Lucien Musset avant lui, doutent de l'exactitude de cette date, et proposent une datation plus tardive (890-905).

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    L'installation de Rollon en Normandie

    Statue de Rollon à Rouen.

    En tout cas, quelle que soit la date, Rollon aborde la Francia par la Seine. Il découvre une région (la future Normandie) pillée régulièrement depuis 841 par ses compatriotes vikings. Sa bande s'installe à l'embouchure de la Seine et de là lance différents raids dans le royaume franc. Notre principale source, Dudon de Saint-Quentin, rapporte que Rollon participe au siège de Paris (celui de 885-886 ?), s'empare de la ville de Bayeux peu après et pille la Bourgogne.

    L'historien Pierre Bauduin défend la thèse d'une installation précoce de Rollon en Normandie. Une installation suffisamment longue pour que le chef viking noue des contacts avec les représentants du pouvoir carolingien et de l'Église. N'épouse-t-il pas (certes de force) Poppa, la fille du comte de Bayeux Bérenger, après la prise de la ville ? Rollon développe sûrement des alliances avec les autorités en place de telle manière qu'au début des années 910 il n'est plus un obscur chef de bande.

     

    En 910-911, l'armée de Rollon échoue à prendre Chartres ; la légende prétend que Gancelme, évêque de la ville, aurait fait partir Rollon en brandissant le voile de la Vierge Marie. Il faut surtout y voir l'intervention conjointe des grands aristocrates du royaume : Robert, duc des Francs ; Richard le Justicier, duc de Bourgogne et Manassès, comte de Dijon. C'est le moment que choisit le roi carolingien Charles le Simple pour négocier avec le puissant chef scandinave. Les négociations aboutissent au traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Ses clauses ne nous sont connues que par le récit de Dudon de Saint-Quentin. Le roi cède à Rollon une partie de la Neustrie, certainement le comté de Rouen, base du futur duché de Normandie. En échange, Rollon s'engage à bloquer les incursions vikings menaçant le royaume franc. Il se fait baptiser en 912 en la cathédrale de Rouen sous le nom de Robert, du nom du duc Robert, son parrain de baptême et ancêtre des futurs rois capétiens.

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    Rollon, jarl des Normand

    Considéré par les historiens comme le 1er duc de Normandie et le fondateur du duché normand, il ne porte pourtant pas le titre de « duc de Normandie » mais seulement celui de « jarl des Normands », l'équivalent français de comte.

     

    Il restaure la paix et la sécurité en Normandie. Une légende raconte que Rollon suspendit pendant trois ans un anneau d'or à un arbre de la forêt de Roumare sans que personne n'ose le voler. Le jarl s'appuie sur l'archevêque de Rouen pour relancer l'Église séculière et rétablir la vie monastique. Les moines de Saint-Ouen de Rouen osent revenir avec leurs reliques. La normalisation sur le plan religieux reste toutefois à ses prémices.

    Rollon bouleverse-t-il le gouvernement de la région par rapport à ses prédécesseurs carolingiens ? S'inspire-t-il par exemple des institutions scandinaves pour réformer son nouvel État ? Les sources à notre disposition ne permettent pas de répondre. Il faut attendre les successeurs de Rollon pour comprendre l'administration du jeune duché.

    L'installation de Rollon à Rouen n’inaugure pas la colonisation scandinave dans l’actuelle Normandie. Elle la renforce. En effet, selon Jean Renaud, des Danois s’étaient déjà installés à l’embouchure de la Seine, sans compter la colonisation régulière et indépendante sur les côtes du Cotentin.

    Rollon partage la terre « entre ses chevaliers et des étrangers » précise Guillaume de Jumièges. Au vu de la toponymie, les colons s'établissent près des côtes et en Basse-Seine. Mais le pays est loin d'avoir été déserté par la population locale. Celle-ci avait fui les affrontements, mais une fois la paix rétablie et les nouveaux seigneurs installés, la vie reprit son cours normal.

    Après le traité de Saint-Clair-sur-Epte, Rollon poursuit ses expéditions de pillage ou ses tentatives plus ou moins réussies d'extension territoriale. Il fait également preuve de sévérité à l’égard des hommes du roi comme le souligne Dudon de Saint-Quentin. L’anecdote qui suit est décrite comme étant légendaire par les historiens, mais elle marque le rejet de toute ingérence royale dans les affaires de Rouen. Donc en 922, deux chevaliers sont envoyés par Charles le Simple afin de s’assurer de la sécurité de sa fille Gisèle, qu'il avait promise comme épouse au jarl de Normands. Ces deux chevaliers ne sont pas présentés à Rollon, et circulent sans autorisation dans le comté. Lorsque celui-ci apprend leur existence, il les fait capturer, et les amène sur la Place du Vieux-Marché de Rouen pour les décapiter aux yeux de tous. Cet épisode représente pour Dudon de Saint-Quentin et Guillaume de Jumièges le début de la dégradation des rapports entre le comte et le roi Charles.

    Lors de la déposition momentanée de Charles le Simple, les Normands de Rouen lui restent fidèles. Conformément aux clauses du traité, aucune flotte scandinave ne remonte la Seine pour piller le royaume franc. Mais les annales nous précisent qu'en 923 Rollon et ses hommes trahirent leur serment de 911. Selon Flodoard, Ragenold, chef des Vikings de la Loire, convainc « ses compatriotes de Rouen » de mener une entreprise de pillage jusqu’à Beauvais, ce qu’ils firent.

    Le chroniqueur insiste sur le nombre de captifs francs, mille au total, ce qui justifia la réaction de 924 du comte Herbert II de Vermandois et du roi Raoul, mandé par Hugues le Grand, fils du roi Robert Ier, le prédécesseur de Raoul. Ces deux personnages menèrent une expédition punitive sur le comté de Normandie. Rollon réagit à cet affront en poussant son armée cette fois-ci bien au-delà de l’Oise. Pour trouver une issue favorable, la diplomatie prit à ce moment là toute son importance, et ce furent les ambassadeurs normands qui eurent le dernier mot, puisque le roi fut contraint de payer un tribut aux Normands. Rollon reçut également en réparation les régions du Bessin et de l’Hiémois. Il ne faut pas oublier que la population continuait de payer le danegeld au comte et ce jusqu’en 926. D'après les Annales de Flodoard, chanoine de Reims, en 924, le jarl des Normands obtint du pouvoir carolingien Cinomannis et Baiocae (Le Mans et Bayeux), c'est-à-dire le Comté du Maine et le Bessin. Lucien Musset juge improbable la concession de tout le comté et propose plutôt de parler de la région de l'Hiémois.

    En 925, Flodoard retrace dans ses chroniques le parcours de Rollon sur les terres franques, qui rompit du même coup la paix de 924. Avec son armée, il prit position dans le comté de Flandre ; les villes de Beauvais, d'Amiens, d'Arras et enfin de Noyon furent tour à tour pillées et incendiées. Face à cette incursion, le comte Herbert et le roi Raoul allièrent de nouveau leur force pour piller le comté de Normandie. L’armée de Rollon les repoussa, mais le comte dut faire face à une révolte « des gens du Bessin » qui refusaient certainement la nouvelle tutelle comtale.

    La répression franque ne s’arrêta pas pour autant puisqu’un second assaut se prépara contre la jeune Normandie. Arnoul Ier de Flandre s'empara de Bresles, et dirigea l’ensemble de ses forces sur la forteresse normande d’Eu. Rollon y envoya des renforts que Flodoard estime à mille hommes. Mais quel que fût leur nombre, les Francs eurent raison de la forteresse, qui tomba sous leur contrôle et finit par être brûlée avec ses occupants. C’est grâce à l’intervention de Hugues le Grand que les hostilités cessèrent. Les Normands acceptèrent les termes de l’accord et rendirent les terres qu'ils venaient fraîchement de conquérir. Les fils de Baudouin II le Chauve, Arnoul Ier de Flandre et Adolphe de Boulogne, reprirent leurs possessions. Raoul de Gouy et Helgaud de Ponthieu en firent autant. Cette défaite normande ne fut pas cuisante puisque le comté de Normandie ne fut amputé d’aucune concession territoriale.

    Ces affrontements au niveau de la Picardie se placent dans un contexte d'effondrement du pouvoir royal dans cette région (le carolingien Charles le Simple est renversé par Raoul). La Picardie devenait à partir des années 920 "le terrain où se heurtaient les appétits des principaux dirigeants de France du Nord" (jarl des Normands, comte de Flandre, duc des Francs et comte de Vermandois). Avec pour enjeu principal : le contrôle des contrées littorales du pays. D'où des conflits autour des forteresses d'Eu et de Montreuil-sur-Mer.

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    La fin incertaine de Rollon

    Gisant de Rollon (Rollo), dans la cathédrale de Rouen

    La date et les circonstances du décès du premier jarl des Normands restent incertaines. D'après Richer de Reims, Rollon le Marcheur meurt en 925, lors du siège du château d'Eu, conduit par Herbert 1er, dit le Vieux ou le Grand, et Arnoul comte de Flandres. C'est en effet possible puisqu'en 927, on voit son fils Guillaume Longue-Épée, prêter serment de fidélité pour les Normands. Toutefois, Flodoard, dans un passage ambigu, sous-entend que Rollon vivait encore en 928[. Surtout, selon Dudon de Saint-Quentin, le premier jarl n'aurait pas été tué : il aurait abdiqué en faveur de son fils et vécut ensuite 5 ans. L'historiographie actuelle reprend généralement ce récit et place la mort de Rollon vers 932-933]. Par contre, l'historien anglais David Douglas ne croit pas à cette période de transition et croit plutôt à une date de décès autour de 925-927.

    Selon le père Anselme, il est inhumé dans la cathédrale de Rouen, puis sa dépouille transférée à l'abbaye de Fécamp dans la seconde moitié du Xe siècle, sous le principat de Richard Sans-Peur, son petit-fils.


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  • Sa Famille

    lien genealogique    site genealogique 

    Pour les parents de Thérèse, Dieu est toujours premier servi. Thérèse sera profondément marquée par leur foi profonde et la ferveur religieuse de sa famille.

    Louis Martin (1823-94) et Zélie Guérin (1831-77). Parents de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, déclarées "Vénérables" par Jean-Paul II le 26 mars 1994.

    "Le Bon Dieu m'a donné un père
    et une mère plus dignes
    du Ciel que de la terre"
    Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus
    (lettre 261 du 26 juillet 1897) 

    Le procès pour les Causes de Canonisation des Serviteurs de Dieu Louis MARTIN et Zélie GUERIN, parents de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, ont été instruits séparément par les diocèses de Bayeux-Lisieux et de Sées, entre 1957 et 1960, puis envoyés à Rome. Ces deux Causes, conduites selon la méthode historique et présentées à la Congrégation pour les causes des saints dans une unique étude ou Positio, seront discutées en même temps. Si l'Eglise décide, les deux époux pourront ainsi être glorifiés ensemble.

    Les fidèles sont donc invités à invoquer conjointement Louis Martin et Zélie Guérin pour obtenir faveurs et miracles par leur intercession. Le 26 mars 1994, le Pape Jean-Paul II les a déclarés "Vénérables", reconnaissant leurs "vertus héroïques".

    Son Père

     

    Né à Bordeaux le 22 août 1823, Louis Martin a été élevé dans les camps militaires, au hasard des garnisons de son père.

    Il choisit le métier d'horloger qui s'accorde bien avec son amour du travail précis et son goût pour la solitude. A vingt-deux ans, il pense lui aussi à la vie religieuse. Il s'adresse au monastère du Grand-Saint-Bernard, mais on lui fait remarquer qu'il ne pourra y entrer qu'après avoir appris le latin. Courageusement, le jeune homme s'y attelle. Il prend des leçons particulières pendant plus d'un an, mais renonce finalement à ce projet. Il fait alors un stage de trois ans à Paris pour parfaire ses connaissances professionnelles. Le sanctuaire de Notre-Dame-des-Victoires y reçoit régulièrement sa visite. En 1850, il s'installe comme horloger à Alençon, chez ses parents. Sa foi reste vive et active. Pas question d'ouvrir son magasin le dimanche. Ses distrations ? De longues séances de pêche, quelques parties de chasse et des soirées entre jeunes gens au Cercle catholique, fondé par son ami Vital Romet. Sa mère s'inquiète de le voir encore célibataire à trente-quatre ans. Mais, en apprenant elle-même la technique du point d'Alençon, elle remarque une jeune Zélie Guérin, remarquablement douée... Les jeunes gens se marient le 13 juillet 1858.

    Sa mèreNée le 23 décembre 1831 à Gandelain, dans l'Orne, Marie-Azélie Guérin était une femme intelligente et une travailleuse acharnée. Elle avait songé à devenir religieuse, mais la supérieure de l'Hôtel-Dieu d'Alençon avait découragé net la postulante. Déçue, elle apprend le métier de dentellière. Elle y excelle si rapidement qu'à vingt-deux ans elle s'installe à son compte, rue Saint Blaise, travaillant d'abord avec sa soeur aînée, Marie-Louise. Mais bientôt celle-ci la quitte pour entrer au monastère de la Visitation, au Mans. Soeur Marie Dosithée restera toute sa vie la conseillère spirituelle de Zélie, comme de son jeune frère Isidore, l'enfant gâté de la famille. La dentellière maniait aussi bien le porte-plume que l'aiguille. De façon très vivante, elle raconte à sa soeur visitandine,puis à ses aînées pensionnaires au Mans près de leur tante, les menus faits de sa vie quotidienne. C'est notamment grâce à cette correspondance que nous avons des détails savoureux sur la petite enfance de Thérèse.

    Sa soeur Marie

    22.02.1860: Naissance de Marie, l'ainée de la famille. Baptême en l'Eglise Saint-Pierre de Montsort. 10.1868: Marie et Pauline sont confiées au pensionnat de la Visitation. 02.07.1869: Première Communion dans la chapelle de la Visitation. 1869: Confirmation. 04.01.1873: Baptême de Thérèse. Elle sera sa Marraine. 02.08.1875: Quitte le pensionnat de la Visitation en récoltant six premiers prix.. 1882: le Père Pichon, jésuite, devient son directeur de conscience. 13.05.1883: Elle soigne Thérèse, tombée gravement malade après le départ de Pauline pour le Carmel. Après sa guérison, Marie comprend que Thérèse a été guérie par le sourire de la Vierge. 1885-1886: Marie devient la confidente des scrupules de Thérèse. 25.03.1885: Voeu privé de chasteté. 15.10.1886: Elle entre au Carmel de Lisieux et devient soeur Marie du Sacré-Coeur. 19.03.1887: Prise d'Habit. 12.1894: Incite Mère Agnès de Jésus (Pauline) à demander à Thérèse d'écrire ses souvenirs d'enfance. juin-juillet 1895: Thérèse propose son Offrande à l'Amour Miséricordieux à soeur Marie du Sacré-Coeur qui accepte après hésitations. 8-17.09.1896: Marie demande à Thérèse de mettre par écrit sa "petite doctrine" (Manuscrit B) 08.03.1937: Gravement malade, elle reçoit l'Extrême-Onction. 19.01.1940: Marie meurt à 80 ans au Carmel de Lisieux

    Sa soeur Pauline

    07.09.1861: Naissance le la 2ième fille Martin, Pauline. 08.09.1861: Baptême dans l'Eglise de Saint-Pierre de Montsort. 10.1868: Pauline et sa soeur Marie deviennent pensionnaires à la Visitation du Mans où vit Marie-Dosithée, leur tante. 02.07.1874: Pauline fait sa première Communion dans la chapelle de la Visitation. Elle songe à devenir visitandine. 1875: Pauline entre seule au pensionnat, Marie ayant terminé ses études. Correspondance régulière entre Zélie Martin et Pauline. 01.08.1877: Pauline quitte le pensionnat de la Visitation. 28.08.1877: Après la mort de Mme Martin, Thérèse décide: "Pour moi, c'est Pauline qui sera maman !" 16.02.1882: A Saint-Jacques, dans la chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel, Pauline a l'inspiration d'entrer au Carmel. 02.10.1882: Pauline entre au Carmel de Lisieux sous le nom de soeur Agnès de Jésus. 06.04.1883: Pauline devient novice. 08.05.1884: Pauline prononce ses voeux perpétuels entre les mains de la Fondatrice du Carmel de Lisieux, Mère Geneviève de Sainte-Thérèse. 20.02.1893: Elue Prieure pour la première fois. Elle sera remplacée par Mère Marie de Gonzague le 21 mars 1896. Hiver 1894: Ordonne à Thérèse d'écrire ses souvenirs d'enfance. Juin 1897: Propose à Mère Marie de Gonzague d'éditer les écrits de Thérèse. 19-20 octobre 1898: Parution de l'Histoire d'une Ame. Elle a pris une grande part à la préparation du livre. 1902: Mère Agnès de Jésus redevient Prieure. 1909: Au moment où se prépare le "Procès" de Thérèse, Soeur Agnès de Jésus redevient prieure. 1923: Pie XI la confirme Prieure à vie. Elle sera un élément majeur du rayonnement de Thérèse dans le monde. Le volume de sa correspondance sera considérable. 07.06.1944: L'incendie ravage Lisieux. Le Supérieur de la Mission de France presse la Mère Prieure de quitter le monastère pour se réfugier, avec les carmélites, dans la Crypte de la Basilique. 27.08.1944: Après 80 jours, retour au Carmel intact. 01.1949: Atteinte d'une congestion pulmonaire. 28.07.1951: Meurt à l'âge de 90 ans. 01.08.1951: Obsèques solennelles sous la présidence de S.E. Mgr. Picaud, Evêque de Bayeux et Lisieux.

    Sa soeur Léonie

    03.06.1863: Naissance de Léonie, 3e fille des Martin, à Alençon 23.05.1875: Première Communion à Notre-Dame d'Alençon. 18.06.1877: Accompagne sa mère malade à Lourdes avec Marie et Pauline. 03.10.1881: Termine ses études chez les Bénédictines à Lisieux où elle était pensionnaire. Elle a 18 ans. 13.05.1883: Guérison miraculeuse de Thérèses par la Vierge en présence de Léonie. 14.06.1884: Marraine de confirmation de Thérèse. 07.10.1886: Pendant le séjour de M. Martin et de ses 4 filles à Alençon. 1er essai de vie religieuse chez les Clarisses. Elle n'y restera que 2 mois. 16.07.1887: A 24 ans, elle entre à la Visitation de Caen. 06.01.1888: Léonie sort de la Visitation de Caen après 6 mois. 10.01.1889: Assiste à la prise d'Habit de Thérèse avec M. Martin et Céline. 12.02.1889: M. Martin est interné au Bon-Sauveur à Caen où il restera plus de 3 ans. Léonie et Céline le visitent régulièrement. 24.06.1893: Seconde entrée à la Visitation de Caen. 06.04.1894: Prise d'habit sous le nom de soeur Thérèse-Dosithée. 20.07.1895: Après deux ans à la Visitation de Caen, Léonie, à 32 ans, va vivre chez les Guérin à Lisieux. 17.07.1897: Dernière lettre de Thérèse à Léonie qui lui assure qu'elle sera Visitandine. 04.10.1897: Inhumation de Thérèse. Léonie conduit le deuil. 28.01.1899: 3e entrée à la Visitation de Caen, à 35 ans 1/2, ce sera définitif. 30.06.1899: Nouvelle Prise d'Habit de Léonie, sous le nom de soeur Françoise-Thérèse, à la Visitation de Caen. 02.07.1900: Profession à la Visitation de Caen. 08.1910: Elle est témoin au Procès Informatif pour la Cause de Béatification de Thérèse à Bayeux. 09.1915: Recontre avec ses trois soeurs au Carmel de Lisieux pour le Procès Apostolique de la Cause de Béatification de Thérèse. 29.04.1923: Béatification de soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus à Saint-Pierre de Rome, par Pie XI. Léonie visitandine et ses trois soeurs carmélites y sont invitées mais elles déclinent l'invitation pour rester fidèles à leurs vocations de cloîtrées. 16.06.1941: Mort à la Visitation de Caen, à 78 ans. 11.03.1945: La châsse des reliques de Thérèse vient à la Visitation de Caen, au retour des fêtes à Paris en l'honneur de sainte Thérèse, Patronne de la France, pour saluer les restes mortels de Léonie dans la crypte. Depuis environ quinze ans, cette Crypte a été rendue accessible aux nombreux pèlerins qui viennent prier sur la tombe de Léonie.

    Sa soeur Céline

    28.04.1869: Naissance de Marie-Céline, 7° fille, rue du Pont-Neuf. 05.09.1869: Baptême à Alençon. 1877: Demi-pensionnaire, à l'Abbaye des Bénédictines de Lisieux. 13.03.1880: Première communion dans la Chapelle de l'Abbaye. 05.06.1880: Confirmation. 10.1880: Thérèse entre à l'école de l'Abbaye avec Céline. 1885: Céline quitte l'Abbaye, où elle avait été "présidente des Enfants de Marie". Elle avait remporté presque toujours les premiers prix. 04.1888: Demandée en mariage. Céline fait de la peinture et de la photographie. 16.06.1888: Céline annonce à son père son désir d'être religieuse. 12.02.1889: M.Martin entre au Bon Sauveur à Caen pour y être soigné. Céline s'installe à proximité, chez les Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, avec Léonie pendant trois mois. 08.12.1889: Le R.P. Pichon, son directeur, l'autorise à faire le voeu de virginité. 29.07.1894: M. Martin succombe à une crise cardiaque, assisté de Céline. 14.09.1894: Céline entre au Carmel (avec son apppareil photo). 05.02.1895: Novice, qui avait d'abord porté le nom de Soeur Marie de la Sainte Face, elle prend l'Habit et devient Soeur Geneviève de Sainte Thérèse et de la Sainte Face. 09.06.1895: Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus sollicite au cours de la messe de la Sainte Trinité, la permission de s'offrir en victime à l'Amour Miséricordieux. 11.06.1895: Offrande avec Céline. 24.02.1896: Profession 1898 - 1899: Toute sa vie, Soeur Geneviève prend une part active à la diffusion du Message de Thérèse par l'écrit, la photo et l'image. 1952: Parution de "Conseils et Souvenirs" de soeur Geneviève. 24.02.1956: Jubilé de Diamant. Mgr Jacquemain, Evêque de Bayeux et Lisieux autorise l'ouverture du Procès Informatif de la Cause du Serviteur de Dieu, Louis Martin. 25.02.1959: Mort de Soeur Geneviève.

     


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