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Par cgs611 dans Histoire de France à travers les journaux du temps passé. Lumières et lueurs du XVIIIe le 6 Juin 2023 à 12:29
Histoire de France à travers les journaux du temps passé. Lumières et lueurs du XVIIIe
1715-1789
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Le matin des Lumières
S'il existe en histoire des commencements, l'avènement
du Régent en 1715 en fut un, et des plus éclatants. Rien
ne donne mieux l'idée d'une aurore, d'une renaissance,
que les quelques mois qui suivirent la mort de Louis XIV.
Un « siècle » s'achève ; le XVIIIe siècle commence. Non pas
que la situation de la France se soit brusquement
améliorée ; on en découvre en fait la profonde détresse :
l'État est au bord de la banqueroute, le peuple est écrasé
par la misère et les impôts, les guerres et les hivers
terribles de 1694, de 1709, ont dévasté les campagnes.
Les divisions intérieures sont profondes : l'exil des
protestants et la persécution des jansénistes ont marqué
les consciences ; le pouvoir des jésuites sur l'entourage
royal est de plus en plus mal supporté. Tout cela, on avait
à peine osé le dire. Or du jour au lendemain, tout ce qui
était ressenti, murmuré ou sous-entendu, on va le
proclamer. Les opinions secrètes deviennent opinion
publique, et dans les journaux, on verra s'affirmer
l'effacement du despote et les promesses de l'avenir. Une
ère nouvelle s'annonce de tous côtés. Pendant deux ans,
l'imagination est au pouvoir. Qu'il s'agisse de politique,
d'économie, de religion, de société ou d'esthétique, la
rêverie utopiste paraît soudain avoir prise sur la réalité. Le
pouvoir s'emploie à multiplier les réformes, les ébauches
hâtives d'un nouveau régime ; le désordre même semble
devenir signifiant. Tout paraît soudain possible.
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Le testament cassé
Deux mois auront été nécessaires pour que se développe,
dans sa lenteur imposante, l'ordre de la mort, pour que
l'événement s'inscrive dans l'éternité de la monarchie. Sur
son lit de mort, Louis XIV avait murmuré en présence du
Régent : « Vous allez voir un roi dans la tombe et un autre
dans le berceau. Souvenez-vous toujours de la mémoire
de l'un et des intérêts de l'autre ». Tandis que s'accomplit
la liturgie du deuil royal, les « intérêts » du successeur
occupent tout le corps politique. Une intense efferves-
cence gagne tous les étages de la société, et dans le
secret du Cabinet se prennent, avec une incroyable
rapidité, les premières mesures de passation des pouvoirs.
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Gravure sattirique
Un poète anonyme, en qui Buvat croit à tort reconnaître
François Arouet, qui n'est pas encore Voltaire, parut en
septembre 1715 : il attaquait Louis XIV, Madame de
Maintenon, Louvois, le lieutenant de police La Reynie, il
défendait Fénelon contre Bossuet, les jansénistes contre
Le Tellier, les parlemenaires contre le pouvoir absolu : ce
réquisitoire prend place parmi les bilans qui se multiplient
en 1715.
« Tristes et lugubres objets,
J'ai vu la Bastille et Vincennes,
Le Châtelet, Bicêtre, et mille prisons pleines
De braves citoyens, de fidèles sujets.
J'ai vu la liberté ravie,
De la droite raison la règle poursuivie ;
J'ai vu le peuple gémissant
Dans un rigoureux esclavage ;
J'ai vu le soldat rugissant,
Crever de faim, de soif, de dépit et de rage.
J'ai vu les sages contredits,
Leurs remontrances inutiles ;
J'ai vu des magistrats vexer toutes les villes
Par de criants impôts et d'injustes édits.
J'ai vu, sous l'habit d'une femme,
Un démon nous faire la loi ;
Elle sacrifia son Dieu, sa foi, son. âme
Pour séduire l'esprit d'un trop crédule roi.
J'ai vu cet homme épouvantable,
Ce barbare ennemi de tout le genre humain,
Exercer dans Paris, les armes à la main,
Une police abominabl
J'ai vu les traitants impunis ;
J'ai vu les gens d'honneur persécutés, bannis ;
J'ai vu même l'erreur en tout lieu triomphante,
La vérité trahie et la foi chancelante.
J'ai vu le lieu saint avili,
J'ai vu Port-Royal démoli,
J'ai vu l'action la plus noire
Qui puisse jamais arriver.
L'eau de tout l'Océan ne la pourrait laver,
Et nos derniers neveux auront peine à la croire.
J'ai vu, dans le séjour par la Grâce habité,
Des sacrilèges, des profanes
Remuer, tourmenter les mânes
Des corps marqués au sceau de l'immortalité.
Ce n'est pas tout encor ;j'ai vu la prélature
Se vendre et devenir le prix de l'imposture.
J'ai vu les dignités en proie aux ignorants,
J'ai vu des gens de rien tenir les premiers rangs.
J'ai vu de saints prélats devenir la victime
Du feu divin qui les anime.
0 temps ! ô moeurs !j'ai vu, dans ce siècle maudit,
Le cardinal, l'ornement de la France,
Plus grand encore et plus saint qu'on ne dit,
Ressentir les effets d'une horrible vengeance.
J'ai vu l'hypocrite honoré ;
J'ai vu, c'est tout dire, le jésuite adoré.
J'ai vu ces maux sous le règne funeste
D'un prince que jadis la colère céleste
Accorda par vengeance à nos désirs ardents ;
J'ai vu ces maux, et je n'ai pas vingt ans. »
JOURNAL DE LA RÉGENCE, SEPTEMBRE 1715.
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sources lien gallica
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Charles 1er (comte d'Alençon)
Le comte d'Alençon Charles Ier (1291/1325), né en 1270, est le troisième fils de Philippe III et d'Isabelle d'Aragon. En 1283, Charles est proclamé roi d'Aragon par le pape, mais les Aragonnais refusant de le reconnaître il renoncera à son titre. Apanagé du comté de Valois et armé chevalier en 1284, il est le premier prince du sang à l'avènement de son frère Philippe IV le Bel. Son mariage avec Marguerite de Sicile, en 1290, le fait comte d'Anjou et du Maine.
En 1291, son frère lui donne le comté d'Alençon. En 1295, il commence à jouer un rôle militaire important. Chargé du commandement de l'armée envoyée en Guyenne** contre le roi d'Angleterre, il bat Edmond de Lancastre et occupe la plus grande partie du duché. En 1297, le comte de Flandre se révolte contre Philippe le Bel. Charles entre dans la province et en occupe toute la partie occidentale. Après une trêve de trois ans expirant en 1300, les hostilités reprennent et le comte d'Alençon revient en Flandre à la tête d'une petite armée. À Gand, le comte de Flandres et ses deux fils se rendent à Charles qui les emmène à Paris où ils sont emprisonnés. Entre-temps, en 1298, le comte d'Alençon fait ériger à Montsort, près du pont de Sarthe, une chapelle en l'honneur de son grand-père Louis IX, canonisé en 1297.
** La Guyenne , en occitan : Guiana est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France.
En 1301, Charles épouse en secondes noces, Catherine de Courtenay, impératrice titulaire de Constantinople. Oubliant que les princes de Courtenay avaient été écartés du trône impérial depuis plus de quarante ans, il prend le vain titre d'empereur de Constantinople et forme le projet de s'emparer de l'empire.
À son retour de Flandre, le pape l'avait appelé pour combattre ses nombreux adversaires. En 1301, il investit Charles de pleins pouvoirs et lui accorde des titres aussi nombreux que sonores : pacificateur de la Toscane, capitaine général de l'Église romaine, etc. Ce dernier entre dans Florence et, dans un bain de sang, il met la ville à sac, entachant pour longtemps la réputation capétienne en Italie. Informé de la défaite de Courtrai survenue en 1302, devant les Flamands à nouveau révoltés, il rentre en France pour secourir son frère et contribue à la défaite des milices flamandes à Mons-en-Pévèle, en 1304. Après la mort de Catherine de Courtenay advenue en 1307, il abandonne ses vues sur les États d'Orient.
En 1308, il épouse, en troisièmes noces, Mahaut de Châtillon. Une deuxième tache noircit la réputation de Charles : il participe au Concile de Vienne qui supprime, de façon irrégulière, l'ordre des templiers et il profite considérablement des biens des chevaliers qui périrent au milieu des flammes sur l'imputation des crimes les plus absurdes. Pendant le règne de Louis X, son neveu (1314/1316), qu'il domine entièrement, c'est lui qui, en fait, gouverne la France. Des troubles s'étant produit dans plusieurs provinces, Charles calme la noblesse en la rétablissant dans ses privilèges, apaise le peuple en supprimant quelques impôts et sacrifie Enguerrand de Marigny, surintendant des finances, son ennemi, que la population regardait depuis longtemps comme le responsable de sa misère. Il préside lui-même le tribunal qui mène une procédure inique aboutissant à la condamnation à mort d'Enguerrand de Marigny.
En 1320, il établit un tribunal souverain à Alençon, sous le nom d'échiquier. En 1322, le roi Charles IV le fait chef de l'armée envoyée en Guyenne. Parti en guerre accompagné de ses fils Philippe et Charles, il reprend aux Anglais la Guyenne, sauf Bordeaux et Bayonne.
À son retour, frappé d'apoplexie, il considère ce malheur comme une juste punition du rôle qu'il a joué dans la mort d'Enguerrand de Marigny et, dévoré de remords, il fait des œuvres expiatoires en sa mémoire et distribuer de l'argent à tous les pauvres de Paris par ses officiers qu'il avait chargé de dire à chacun d'eux : "Priez Dieu pour Monseigneur Enguerrand de Marigny et pour Monseigneur Charles de Valois".
Décédé en 1325 et enseveli à Paris au couvent des dominicains de la rue Saint-Jacques, son tombeau, profané pendant la Révolution, est transféré en 1814 à la basilique Saint-Denis.
Amateur de livres, on pense que c'est lui qui introduisit en France des récits de Marco Polo qu'il se fit envoyer de Venise. Son train royal, la dotation de ses dix filles, ses turbulentes ambitions et sa cupidité le menèrent, malgré des revenus considérables, à avoir recours à l'emprunt. En 1332, sept ans après sa mort, 2 494 personnes n'étaient toujours pas remboursées. Il ne semble pas avoir pris beaucoup d'intérêt à la gestion de ses biens. Toujours à court de trésorerie pour soutenir ses chimères, il n'était intéressé que par leurs revenus. Son besoin d'argent a fréquemment nui à la dignité de Charles et a guidé peu honorablement une grande partie de ses actes. Médiocre politique, il est cependant considéré comme le plus grand homme de guerre de son siècle. Candidat à toutes les couronnes, il n'en recueillit aucune. Le destin voulut qu'il fut le fils du roi de France Philippe III, le frère du roi Philippe IV, l'oncle de Louis X, de Philippe V et de Charles IV, le père de Philippe VI, le gendre de Charles II roi de Sicile, le beau-père de Charles IV souverain de Bohême, mais jamais roi lui-même à cause du jeu malheureux, pour lui, de la succession à la Couronne royale. Situation qui ne s'était jamais rencontrée précédemment.
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Bibliographie : Joseph Petit, Charles de Valois, Éditions Alphonse Picard et fils, 1900.
L'illustration est tirée de l'Encyclopédie médiévale d'Eugène Viollet-le-Duc.
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