• Blason Normandie
     
    La Normandie est une province du nord-ouest de la France de l’Ancien Régime. Peuplée initialement de tribus celtes (Armoricains à l'ouest, Belges à l'est), elle fut conquise en 56 av. J.-C. par les légions romaines avant d’être intégrée à la Lyonnaise par Auguste. Au IVe siècle, Gratien divisera la province en civitates qui constitueront ses frontières historiques. À la chute de Rome au Ve siècle, le pouvoir franc s’y installe et encourage le développement du monachisme chrétien – abbaye de Saint-Ouen (Abbatiale Saint-Ouen de Rouen, vers 641 ), Abbaye de Saint-Wandrille ( vers 649) et abbaye de Jumièges (654 ) – et substitue le pagus à la civitas avant son intégration à l’Empire d'Occident, Empire carolingien. À partir de la fin du VIIIe siècle, des pillards vikings dévastèrent la région puis s’y implantent en fondant le duché de Normandie en 911. Après un siècle et demi d’expansion, les frontières de la Normandie demeurent très stables puisqu’elles sont encore approximativement celles des deux régions administratives, la Basse (Manche, Calvados, Orne) et la Haute-Normandie (Eure, Seine-Maritime). Intégrée au domaine royal en 1204, elle fut particulièrement frappée par les conséquences de la guerre de Cent An et des guerres de religion, étant un des principaux foyers du protestantisme en France. Au XXe siècle, les effets de la bataille de Normandie ravagèrent bien des villes de l'ancienne province, notamment Saint-Lô, Le Havre et Caen. Séparée en deux régions en 1956, des projets de restauration de l’unité de la Normandie sont à l’étude.
     
    'unifiées a ce jour

     

     


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  • Carte des peuples gaulois
    La Normandie avant la conquête romaine 

    La présence humaine dans la région est attestée dès les temps préhistoriques par de nombreuses trouvailles d’industrie lithique surtout dans l’Eure et le Calvados, mais également en Seine-Maritime. La grotte de Gouy près de Rouen, qui possède des gravures pariétales, est la grotte ornée la plus septentrionale d’Europe (une autre grotte, la grotte d'Orival très peu étudiée, se trouve à 11 km de Gouy sur la rive gauche de la Seine). De nombreux mégalithes encore visibles parsèment d’une façon assez régulière la campagne normande.

    Carte des peuples gaulois

    L’histoire celtique de la Normandie est plus simple à établir, grâce à des sources archéologiques assez abondantes et datées de façon certaine. Dès le XIXe siècle, des érudits locaux, comme l’abbé Cochet et Léon Coutil, ont étudié l’archéologie principalement de la Haute-Normandie et consigné leurs découvertes et fouilles dans des ouvrages de référence. La découverte d’objets marquants comme le casque gaulois doré d’Amfreville-sous-les-Monts (IVe siècle av. J.-C.) ou celui en fer du musée de Louviers, des sites comme la grande nécropole de Pîtres (Eure), avec ses urnes à incinérations, ses épées enroulées et traces de tombe à char, ou de la nécropole datant de la fin de la période de Hallstatt ou du début de celle de la Tène à Ifs dans le Calvados, témoignent de la présence gauloise en Normandie.

    Le peuple celte des Belges s’installe en Normandie par vagues successives entre le VIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle av. J.-C.. C’est le témoignage de Jules César (La Guerre des Gaules) qui nous permet d’identifier les différents groupes gaulois occupant la région et groupés dans les oppida ou des villages agraires à enclos. En 56 ou 57 avant J.-C., ces populations se groupent pour résister à l’invasion des légions césariennes. Après la défaite gauloise d’Alésia, les peuples de Normandie continuent la lutte pour un temps restreint et en 51 av. J.-C., toute la Gaule est soumise à Rome.

    Liste des peuples gaulois et de leur chef-lieu établis dans l’actuel territoire de la Normandie :

    • Abrincates (Ingena, aujourd’hui Avranches),
    • Aulerques Diablintes (Noviodunum, aujourd’hui Jublains),
    • Aulerques Éburovices (Mediolanum, aujourd’hui Évreux),
    • Bajocasses (Augustodurum, aujourd’hui Bayeux),
    • Calètes (Juliobona, aujourd’hui Lillebonne),
    • Lexoviens (Noviomagus, aujourd’hui Lisieux),
    • Unelles (Cosedia, aujourd’hui Coutances),
    • Véliocasses (Rotomagus, aujourd’hui Rouen),
    • Viducasses (Aregenuae, aujourd’hui Vieux).[6]

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  • statue de Jupiter Stator, retrouvée à Gisacum et conservée au musée d’Évreux.
    La civilisation romaine en Normandie statue de Jupiter Stator, retrouvée à Gisacum et conservée au musée d’Évreux.
    Théâtre gallo-romain de Lillebonne
    Tête d’un dieu romain en bronze, retrouvé à Lillebonne, musée des antiquités de la Seine-Maritime
    Mosaïque d’Orphée retrouvée à Lillebonne, musée des antiquités de la Seine-Maritime

    En 27 av. J.-C., l’empereur Octave Auguste réorganise le territoire gaulois et fait passer les Calètes et les Véliocasses dans la province de Lugdunaise, dont la capitale est Lyon. La romanisation de la Normandie, comme ailleurs en Occident, passe par la construction de routes romaines et par une politique d’urbanisation.

    On connaît de nombreuses villa gallo-romaines sur le territoire normand, notamment grâce aux fouilles de sauvetage opérées pendant la construction de l’A29, en Seine-Maritime. Ces habitations rurales, au cœur d’un domaine foncier, pouvaient adopter deux grands types de plan. Le premier pouvait être longiligne, avec une façade ouverte vers le sud ; le deuxième s’inspirait davantage des villas italiennes, offrant un aspect ramassé et organisé autour d’une cour carrée. C’est le cas de la riche villa de Sainte-Marguerite-sur-Mer, entre Dieppe et Saint-Valery-en-Caux. Les constructeurs de ces villas utilisaient les matériaux locaux : silex, craie, calcaire, brique, torchis. Le chauffage des bains ou de certaines pièces emprunte le procédé de l’hypocauste romain (villa suburbaine de Vieux-la-Romaine).

    L’agriculture fournit du blé et du lin, d’après Pline l’Ancien. Enfin, dans les campagnes normandes de l’antiquité, les fana (petits temples à plan centré, en général carré, de tradition celtique ) sont nombreux. On en situe un exemple à l’ouest d’Harfleur. Les fouilles ont aussi révélé la présence de nombreuses statuettes de déesses-mères en terre cuite, dans les tombes et les maisons normandes. Ainsi, au Vieil-Évreux, il existe un des plus importants centres de pèlerinage d’Europe qui comprenait un forum, des thermes romains, une basilique monumentale, deux fana et le deuxième plus grand théâtre de Gaule.


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  • A partir du deuxième tiers du IIIe siècle, les raids « barbares » dévastent de nombreux lieux de la région normande. Les traces d’incendies et les trésors monétaires enfouis à la hâte montrent les progrès de l’insécurité en Gaule du Nord. Le littoral doit faire face à la piraterie maritime des Saxons et des Frisons. C'est dans ce cadre que le pouvoir romain met en place un double système de défense du littoral de la Manche et de l'Atlantique appelé litus saxonicum et tractus Armoricanus, destinés à défendre la côte contre les Saxons mais aussi contre les Francs et les Frisons. Cependant, parallèlement, des contingents germaniques intègrent l'armée romaine et des immigrants reçoivent l'autorisation de s'établir dans l'Empire. Des Germains sont donc recrutés pour lutter contre d'autres Germains. Des toponymes et des sites archéologiques rappellent l'installation de ces groupes étrangers: les toponymes Allemagne (aujourd'hui Fleury-sur-Orne ), Almenêches, attestant de la présence d'Alamans, les sites archéologiques d'Airan ou de Frénouville, indiquant celle de Goths ou autres Germains. De plus, la Notitia dignitatum mentionne par exemple la présence de Bataves à Bayeux. Des légions s'installent dans la future Normandie, notamment la Prima Flavia Gallicana Constantia qui donne son nom à Constantia (Coutances alors chef-lieu des Unelles) et au pagus Constantina (le Cotentin ). Cette armée mise en place par Constance Chlore en 298 accueille des auxiliaires suèves. À l’occasion des réformes de l’empereur Dioclétien (285-305), la Normandie s'était singularisée en devenant la « Seconde Lyonnaise » et en se détachant de la Bretagne voisine. C’est aussi à cette époque que commence la christianisation de la province : les historiens savent qu’en 314, Rouen a déjà un évêque. À partir de 406, les peuples germaniques et alano-hunniques déferlent sur l’Occident en brisant les dernières défenses du limes, malgré la résistance acharnée des auxiliaires francs et alamans de l'armée romaine. Des Saxons viennent s’installer sur les côtes normandes, dans la région de Bayeux que les textes qualifient d’Otlinga saxonia (première mention en 844) ou d’Otlinga Hardouini, ainsi que sur les îles anglo-normandes. De nombreux Francs s'installèrent également dans le pays de Bray et une partie du pays de Caux parfois comme soldats romains d'abord, puis, suite à l'effondrement du « royaume romain » de Syagrius par la victoire de Clovis, comme soldats du nouveau pouvoir franc.


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  • Haut Moyen Âge 

    Le mont Saint-Michel

    Dès 486, la Gaule entre Somme et Loire passe sous le contrôle du chef franc Clovis. La colonisation franque fut inégale: assez dense dans la partie est et quasiment nulle dans la partie ouest de l'actuelle Normandie. Elle se manifeste par les nécropoles à rangées d’Envermeu, Londinières, Hérouvillette et Douvrend, etc. Les toponymes en -hlar- ( « lande », ancien français larris « friche , lande » ) dans Meulers , en avisna (pâturage » ) dans Avesnes-en-Bray, en -alach- (« temple » ) dans Bouafles, Neaufles-Auvergny, en bure (« habitation » ) dans Hambures, Bures-en-Bray, en -baki (« ruisseau » ) dans Rebets, en -mark- (« limite, marche » ) dans Marques, en -berg- (« élévation » ) dans Barc, Barques (Seine-Maritime) en -mer (« mare » ) dans Blingemer, Mortemer, en -eng dans Hodeng, en -court et les plus anciens en -ville datent de cette époque franque. La région devient une partie essentielle de la Neustrie à la mort de Clovis et Rouen reste une ville importante. De cette période date aussi le découpage administratif et militaire en comtés, le comte franc étant un haut fonctionnaire de l'État. Enfin, l’est de la région, à proximité de Paris, fut un lieu de résidence pour les rois et princesses mérovingiens.

    Surtout, la christianisation amorcée au Bas-Empire se poursuit en profondeur dans la région : construction de cathédrales dans les principales villes, édification d’églises suburbaines dédiées à des saints, oratoires sur les routes, etc. L’établissement des paroisses se réalise progressivement, sur le temps long. Les plus petites occupaient la plaine de Caen, alors que les paroisses du bocage étaient plus étendues. À l’époque carolingienne, les tombes des villageois se regroupent autour de l’église paroissiale.

    Le monachisme normand se développe vraiment à partir du VIe siècle, surtout dans l’ouest de la région, plus isolé. Au VIIe siècle, des nobles d'origine franque fondent plusieurs abbayes dans la vallée de la Seine : Abbaye de Saint-Ouen de Rouen vers 641, Abbaye de Saint-Wandrille, Fontenelle en 649, Jumièges vers 654, Pavilly en 662, Montivilliers entre 682 et 684. Ces abbayes normandes adoptèrent rapidement la règle de saint Benoît. Elles possédaient de grands domaines fonciers, dispersés en France, dont elles tiraient des revenus élevés. Elles furent donc des enjeux dans les rivalités politiques et dynastiques.


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