• Récit du grand hiver à Feings, ses conséquences sur les récoltes, la montée de prix, les maladies 10/08/1710 Feings, Orne

    Récit du grand hiver à Feings, ses conséquences sur les récoltes, la montée de prix, les maladies

    10/08/1710 Feings, Orne

     

    Afin que ce papier ne soit inutile pour perpétuer ce qui â arrivé de plus considérable pendant le cour de l'année 1709.

     

    Le lundy septième janvier commença une gelée qui fut ce soir la plus rude journée et la plus difficile à souffrir, elle dura jusqu'au trois ou quatre feuvrier, pendant ce temps là, il vint de la neige d'environ demi pied (*) de haut ; cette neige étoit fort fine, elle se fondoit difficilement quelques jours après qu'elle fut tombée. Il fit un ven fort froid, entre bise et galerne qui la ramassa dans les lieux bas. Il descouvri les bleds qui gelèrent presque tous, les arbres gelèrent aussy, il ny eut point d'espèce d'arbre dont il n'y en eust beaucoup de geleez, les Chesnes même qui semblet être des plus durs furent geleez en grand nombre particulièrement ceux qui avoient été ébranchés depuis peu qui moururent presque tous par cantons ; beaucoup de pommiers parurent n'être pas morts, ils poussèrent des feüilles ou des fleurs et moururent ensuitre, d'autres portèrent des pommes et 1709 et sont mort cette présente année 1710. J'en ay vu ces jours passez dont toutes les branches etoient vertes, prestes a faire epanoüir leurs bourgeons dont elles étoient très garnies, dont les pieds etoient morts à un pied haut de terre et despoüillez environ à cette hauteur de leur ecorce qui étoit seiche par le bas et verte par le haut et bien vive, Le marcque cocy (?) ce premier may 1710, je ne say pas comment il feront par la suite. Si je ? Pouray faire mention cy après Je revis aubled que j'ay dit avoir gelez, peu de personnes connurent qu'ils étoient morts au premier desgel, quoy qu'ils le fussent aussy bien que les arbres. Je m'en apperceu des premiers. Je le dis à Mortagne mais comme le bled commençoit à enchérir, on me fit entendre qu'il n'en falloit rien dire de peur de le faire enchérir trop vite ; à la fin du mois de feuvrier, il se fit encore de grandes gelées à qui on attribue faussement pourant la perte des bleds, la terre eoit pour lors découverte car la neige se fondit dès la seconde semine de feuvrier. Je n'avois fait semer à mes frais qu'un arpent de terre qui dépend du trésor de mon église. J'y avois fait mettre du froment, je vis bien au premier desgel qu'il étoit poury et qu'il n'y en restoit guere, assy tôt qu'on y put herser, Je fis semer sur la terre, sans la labourer, environ un boisseau et demi d'orge, qu'on appelle dans mon pays du poitou de la baillerge, après que j'en eu fait semer environ dans les trois quart dudit arpent de teter, car il paroissoit que le bled n'étoit pas tout afait gasté dans le bas du champ qui etoit même trop mou pour herser, je fis herser ledit champ de long en de travers. Il faut remarquer qu'on ne put assez le herser. Il vint beaucoup d'eau en sorte que la terre passoit au travers des herses comme du mortier. Nonobstant qu'il fut trop tôt de bonne heure en ce mauvais temps, l'orge leva bien faut toujours beau et l'on recüeillis vingt cinq boisseaux combles ; cette même année 1709, on sema tant d'orge et on en ramassa tant, que de huit francs qu'on l'avoit vendu le boisseau, il est revenu à cinquante sols et un sou le boisseau à ce premier may 1710.

    Récit du grand hiver à Feings, ses conséquences sur les récoltes, la montée de prix, les maladies 10/08/1710 Feings, Orne

    Depuis ledit jour premier may, le bled ? Dire tous les grains n'ont guère enchéry jusques vers la fin de juin et pendant le mois de juillet ils les ont vendus un iers et une moitié plus cher jusqu'à qu'on été vers la seonce semaine du mois d'aout que le seigle est revenu à vingt cinq sols le boisseau mesure de Mortagne et aussy des autres grains à proporion. Je reviens aux arbres fruitiers qui sont si infructeux cette présente années que je ne croy pas qu'on puisse faire de tous les fruits qu'on cueüillera dans cette paroisse une pipe de de cidre qui vaut maintenant cent francs la pipe. Les maladies commencèrent vers le mois d'aout 1709 et ont continué jusqu'à présent. Le registre suivant qui est pour l'année 1710 fait voir combien il y eu de morts ; mails il n'en est pas mort le dixième ce deux qui ont été malades, le pourpre (**), la petite vérole, la rougeole, la dissenterie, le fieuvre continue aux tranport au cerveau, se sont trouvés tous ensemble en même temps dans plusieurs maisons et il y en a qui n'ont pas été plûtôt été guéry de quelqu'une de ces maladies qu'ils ont été attaqués des autres dont ils sont morts ensuite.

     

    Ce 10 aout 1710

     

    (*) environ 15 cm

    (**) : purpura

     

     

    « demande d'inhumation d'un homme péri dans la neige et trouvé par ses enfants 09/02/1709 Monts-en-Bessin, CalvadosActes insolites Manche (50) »

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