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L'Occupation Prussienne a Alencon 1871 ; recit de 1896 chapitre 02
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*******CHAPITRE II.*****
PREMIÈRES ALARMES, INVASION DU DÉPARTEMENT
La prise de Metz, en assurant les communications des Allemands avec leur pays, et en rendant disponibles les 200.000
hommes qu'ils étaient obligés d'immobiliser devant l'armée de
Bazaine, contribua puissamment à étendre le fléau de la guerre.
Elle eut encore, par contre-coup, d'autres résultats non moins
affligeants. Elle diminua à Paris la force du Gouvernement, et
augmenta, presque jusqu'au triomphe, celle de la Révolution.
Elle fit, par suite, avorter les négociations pour un armistice
dont nous avions grand besoin. Alors nos armées commençaient
à s'organiser ; quelques avantages aAraient été obtenus et en
faisaient présager de plus grands. Si Metz avait-pu tenir un ou
deux mois de plus, qui peut dire si l'issue de la guerre n'aurait
pas été totalement changée ? S'il eût tenu seulement encore une
semaine, l'émeute du 31 octobre eût-elle eu lieu ? l'armistice
n'aurait-il point été conclu ? une paix moins désastreuse n'en
eût-elle pas été la suite ?
Quoi qu'il en soit, des dangers plus pressants furent comme
un nouvel excitant à les conjurer, et à de plus grands désastres,
on se sentit disposé à opposer des efforts plus puissants. Il ne
fut plus question que de résistance à outrance, les brûlantes
proclamations de Gambetta ne retentirent plus que d'appels aux
armes et aux populations ;
la levée en masse fut décrétée, sauf
à être arrêtée plus tard par l'impossibilité matérielle d'armer et
d'équiper autant d'hommes ;
la résistance des Ailles, même au
risque de les faire écraser inutilement, la dépopulation des campagnes et le transport des vivres et des approvisionnementshors
de la portée de l'ennemifurent mis à l'ordre du jour. Mais que
pouvait, pour nous sauver, une énergie sans expérience et sans
sagesse?
— 11 —
Tant d'efforts cependant ne pouvaient manquer d'obtenir de
temps en temps quelques succès. Un moment, après la bataille
de Coulmiers et la sortie victorieuse de Trochu, Paris et la
Province se crurent prêts de se donner la main ; mais d'Aurelles
de Paladine, moins heureux, blâmé, révoqué, eut son armée
divisée ;
celle de la Loire, commandée par Chanzy, forcée,
malgré quelques succès, de se retirer devant des forces supérieures, fut obligée de reculerjusqu'au Mans.
11 était grand temps que le Comité de défense pourvût aux
nécessités de la situation. Parmi les mesures qu'il prescrivit, on
doit citer l'interdiction d'abattre des bois sans autorisation ;
l'ordre d'évacuer, le cas échéant, les bestiaux, les chevaux, les
voilures, les approvisionnements, hors de la portée des troupes
allemandes ; môme la limitation préalable des grains et des
farines à la halle et chez les boulangers, ainsi que la dénaturalisation des semences, de manière à les rendre impropres à la
nourriture de l'homme ;
l'établissement dans chaque commune
de tout un système de postes, de patrouilles de nuit, d'estafettes,
afin de se tenir au courant des mouvements de l'ennemi et de
pouvoir les signaler autour de soi. Il désigna seize points dans
le département et y fit exécuter plus ou moins complètement des
travaux : Coupures de routes
,
barricades
,
retranchements,
abattis d'arbres, fascinages, etc. Les points de défense les plus
voisins d'Alençon en étaient à 10 ou 12 kilomètres ;. au Neufchatel, à Ancinnes, à Saint-Denis, à Oisseau, aux Rablais, au
Menil-Brout. Quant à la ville elle-même, le Comité après avoir
examiné ses environs, ne reconnut pour elle d'autre moyen de
défense que le barricadement de ses rues et de ses maisons dans
le cas oùjie sacrifice des biens et de la vie des citoyens paraîtrait
commandé par des avantages d'une importance assez exceptionnelle ou au moins assez sérieuse pour la défense nationale.
Cependant, sur les observations du Conseil municipal, il prescrivit quelques abattis d'arbres aux environs de Champfleur et
de Bourg-le-Roi et une coupure de route entre le Mesnil-Erreux
et les Ventes-de-Bourse. Quant à la voie ferrée, il suffisait pour
l'intercepter, de jeter au dernier moment, des terres dans un
déblai (1).
(1) Délibérations du Comité de défense, 8 novembre 1870 à 2 janvier 1871.
avec carte. — Cabier Lecointre, p. 319 à 329. Circulaire du Préfet de l'Orne.
L'envahissement de notre contrée ne date pas seulement du
reste de la concentration au Mans de l'armée de Chanzy. Dès
avant cette époque, des engagements avaient eu lieu à Dreux et
vers Nogent, et l'on avait signalé les Prussiens sur plusieurs
points extrêmes du déparlement de l'Orne. C'est en vain que les
dépèches se multipliaient ; qu'on leur donnait les formes les plus
mitigées; qu'on noyait une mauvaise nouvelle sous un flot de détails rassurants; il n'était pas besoin d'une grande perspicacité
pour apercevoir,derrière ces phrases calculées, une situation chaque jour plus grave. Nos troupes prenaient ou tuaient quelques
ennemis; les Prussiens s'emparaient des villes et des canons,
nous tuaient ou nous prenaient des centaines ou des milliers
d'hommes. Nous étions vainqueurs dans les petits engagements,
ils l'étaient dans les batailles.
Le 23 novembre, il y eut grand émoi à Alençon. Des troupes,
ou plutôt des troupeaux d'hommes de toutes armes, mobiles,
francs-tireurs, soldats de ligne, se précipitaient dans la ville,
sales, exténués, quelques-uns sans armes. Fallait-il ajouter un
nouveau nom à la liste de nos défaites ? A les entendre, c'est à
peine si quelques hommes auraient échappé au désastre. Tel
racontait qu'il n'en restait que douze de sa compagnie ;
tel autre,
qu'il n'en restait pas quatre-vingts de son bataillon.Et, pourtant)
à voir tous ces soldats, sans blessures, fuyant au hasard, sans
lieu de ralliement, arrivant à rangs pressés pendant toute la
journée, on aurait dû songer à la part d'exagération que la
panique devait avoir dans ces nouvelles.
Un combat avait eu lieu en effet deux jours auparavant, à la
Fourche, vers l'extrémité est du département, entre les mobiles
de l'Orne, appuyés par quelques autres corps et par des francstireurs, et une partie de l'armée du duc de Mecklenbourg. Plusieurs de nos bataillons avaient bien tenu ; mais d'autres, n'ayant
pas montré la même solidité, avaient hâté une retraite inévitable,
ou plutôt, l'avaient changée en débandade. Une centaine des
nôtres, dont trente morts environ, avaient été mis hors de combat. Il y
avait loin de ces nouvelles, tout affligeantes qu'elles fussent, à l'anéantissementde nos forces départementales. Mais, ce
qu'il y avait de plus triste dans cette affaire, c'est qu'une armée
ennemie tout entière se mouvait près de nous ; c'est que la faute
des nôtres lui livrait le département; c'est qu'elle en occupait
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déjà plusieurs points et ne pouvait manquer de nous arriver d'un
jour à l'autre.
Alençon l'attendait pour le lendemain ou le surlendemain ;
la
panique régnait dans la ville. Quant à ce qui serait fait pour recevoir les Prussiens, personne n'en avait seulement, le pressentiment
.
Le Comité de défense siégeait, à ce qu'ilparaît, presque en permanence; mais ses déterminations étaient peu connues dans le public. On se demandait avec anxiété où aurait lieu
la résistance, et même s'il y aurait résistance ? Quelles troupes
avait-on à mettre en ligne? La garde nationale fut pourtant
reunie ; des grand'gardes de trente hommes chacune furent postées pendant deux ou trois jours sur les routes de Mamers, de la
Fresnaie, d'Essay, de Sées et de Paris; des gendarmes furent
envoyés en éclaireurs. A quoi bon? Et ces quelques mesures
n'avaient-elles pas pour but de faire taire les partisans de la résistance et de donner une sorte de satisfaction au besoin de mouvement qu'on éprouve malgré soi dans des circonstances de cette
nature ? Ce qui portait à le croire, c'est que, d'un autre côté, la
préfecture et les administrations se retiraient à Domfront; c'est
qu'on éloignait le peu de troupes dont on pouvait disposer et
qu'on faisait évacuer au plus vite les fuyards, à mesure qu'ils
arrivaient.
Et cependant, cette fois encore, l'ennemi ne vint pas jusque
chez nous. Les Allemands, après quelques engagements, occupèrent Bellême, qu'ils firent cruellement souffrir, allèrent de là à
Mamers; mais n'osèrent pousser jusqu'au Mans. Ils rodèrent
ainsi, pendant plus de deux semaines, à quelques lieues de nous
sans nous visiter.
Ce temps ne se passa pas sans alertes. Vers le 15 décembre
notamment, on signalait, disait-on, les Prussiens à Mortagne, à
Mamers, même au Neufchâtel. Quelques concentrations de
troupes eurent lieu à Alençon ;
des reconnaissancesfurent faites
de tous les côtés ; mais cet appareil militaire s'évanouit de nouveau comme par enchantement, et de nouveau aussi les ennemis
nous laissèrent de côté.
Ces délais étaient employés à peu près aussi bien que le permettait le désarroi général. On en profita pour achever d'équiper les mobilisés ; pour commencer l'organisation de l'artillerie
départementale, qui venait d'être décrétée par la délégation de
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Bordeaux' ; pour procéder aux réquisitions de .chevaux et de
voitures destinés aux service des armées ; pour donner des soins
à nos ambulances. Les blessés affluaient en plus grand nombre,
à mesure que se rapprochait le théâtre de la lutte. La générosité
des particuliers, principalement des dames, eut là un vaste
champ pour s'exercer et ne faillit pas à la tâche. De temps à
autre, on apprenait avec satisfaction que nos mobiles ou nos
francs-tireurs avaient remporté quelque avantage ou tenu vigoureusement tête à l'ennemi ; on espérait tous les jours de bonnes
nouvelles ; on en avait quelquefois ;
c'élait alors une grande
joie; plus souvent les dépêches ou les journaux ne nous apprenaient qu'un nouveau malheur.
Cependant, comme si les Prussiens n'avaient pas suffi à occuper l'activité d'un homme d'État, Gambetta en revenait, bon gré,
mal gré, à sa politique révolutionnaire. Parmi les nombreux
monuments de son despotisme, un de ceux quifroissèrent le plus
les populations, fut la dissolution des Conseils généraux et leur
remplacement par des Commissions administratives. Notre
Conseil général, à l'exemple de la plupart des autres, protesta ;
le Préfet insista auprès du ministre tout-puissant, pourle presser
de revenir sur sa décision, lui exposa le patriotisme du Conseil,
les services qu'il avait rendus au déparlement, les gages qu'il
avait donnés à la défense ; on lui répliqua par un nouvel ordre.
M. Christophle, ne voulant pas se faire l'exécuteur d'unemesure
qui répugnait à ses sentiments, répondit lui-même par l'envoi
de sa démission. M. de la Garenne, secrétaire général de la préfecture, le suivit dans sa retraite.
Dans toute circonstance, M. Christophle aurait été regretté ;
ses qualilés, son esprit de justice et de conciliation lui auraient
gagné les sympathies ;
le motif de sa retraite lui assurait un
nouveau titre à l'estime ; mais ce qui augmenta surtout les regrets qui le suivirent, ce fut le choix de son successeur.
M. Antonin Dubost était un homme d'environ 26 ans, ex-collaborateur de la, Marseillaise. Il avait été nommé secrétaire de la
Préfecture de Police après le 4 septembre, puis, il avait quitté
Paris en ballon. Son ami Gambetta n'avait trouvé rien de mieux
que de nous le donner pour préfet. Sa proclamation d'entrée en
fonctions ne pouvait d'ailleurs laisser aucim doute sur ses idées.
Le but qu'il poursuivait, c'était celui-là même qui s'était incarné
— 15 —
dans la Révolution du 4 septembre, à savoir; l'établissement définitif de la République, et par elle, l'indépendance absolue de la
Patrie. La cause du mal, il la trouvait tout entière dans le régimemonarchique. Quand aux complices conscients de ce régime,
qui a conduit la France à deux doigts de sa perte, la République
n'a qu'un mot à leur répondre : vous êtes des incapables;
qu'un
droit à leur laisser, le droit de se repentir.
Notre nouveauPréfet nousarrivaitd'ailleurs dans de tristes circonstances militaires. A l'en croire, il aurait trouvé nos légions
de mobilisés dans l'état le plus pitoyable, dispersées dans toutes
les directions, obéissant à leurs propres inspirations. Une seule
légion, sous les ordres du commandantRaulin, opérait utilement
dans l'arrondissement de Mortagne. En revanche, deux bataillons étaient si bien égarés que, pendant plusieurs jours, personne, dit-il, ne savait ce qu'ils étaient devenus. Il était à peine
installé qu'on signalait une nouvelle invasion dans notre département et dans la direction denotreville. La Fourche,Bretoncelles,
Laigle, Mortagne étaient occupés par l'ennemi ; Bellème venait,
au dire du Préfet, d'être occupé de nouveau par nos mobilisés.
Les mêmes démonstrations, les mêmes concentrations, les
mêmes reconnaissances, les mêmes mesures de défense que
par le passé furent reprises, mais avec une énergie et un appareil auquel nous n'étions pas accoutumés. Alençon, déshabitué
de voir nos vieilles troupes, fut surtout flatté d'être défendu par
un corps de cinq ou six cents gendarmes. (1)
Ces mouvements effrayaient plutôt les habitants pour leur
sûreté particulière, qu'ils ne les inquiétaient au point de vue des
opérations générales. Alençon, ville ouverte de tous les côtés, et
qui n'avait rien de militaire, ne pouvait supposer que l'ennemi
cherchât à l'envahir dans un autre but que celui de s'enrichir à
ses dépens, ou, tout au plus, de s'avancer davantage au coeur de
la France. Son sort, dans tous les cas, ne lui paraissait lié que
d'une manière bien éloignée et bien indirecte à celui des grandes
armées. Cependant, il n'en était pas ainsi, et nous eûmes pendant quelque temps une importance stratégique que nous ne songions même pas à soupçonner.
Cette persistance des Allemands à rôder autour de notre ville
(1) Note explicative du Préfet.
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ne pouvait rester inaperçue aux hommes chargés de la défense,
et ne laissait pas que de leur donner à réfléchir. D'un autre côté,
Alençon entrait pour une large part dans le plan de campagne
du général Chanzy. Nos ennemis, avec cette sûreté de coup d'oeil
qui les abandonnait si rarement, ne faisaient donc ainsi que
contrarierses vues et gêner ses opérations, en même temps qu'ils
se ménageaient les moyens de l'attaquer de plusieurs côtés à la
fois, de se préparer, dans l'avenir, un de ces fameux mouvements tournants qui leur avaient réussi tant de fois, et peut-être,
au dernier moment, de lui couper la retraite.
Les projets du général Chanzy sur notre pays semblent dater
de l'arrivée à son camp du capitaine d'étal-major de Boisdeffre,
envoyé par Trochu pour mettre le gouvernement de la Province
au courant de l'état et des besoins de Paris. Deux points importants résultent de son rapport : premièrement, Paris complètement enfermé dans un cercle de fer, ne peut se sauver à luiseul,
ni nourrir l'espoir de faire une trouée avec les moyens dont il
dispose ; et, en second lieu, ses jours sont comptés;
il a encore
des vivres et des munitions pour un mois, et l'on peut fixer dès
maintenant aux environs du 20 janvier la date fatale de la capitulation.
La conclusionde ces renseignements s'imposait :
il n'y avait
pas un instant à perdre. Un mois pour aller jusqu'à Paris, avec
les obstacles de toute nature que l'ennemi ne manquerait pas de
nous opposer, c'était peu, trop peu même, à moins d'un effort
suprême et combiné des trois armées qui nous restaient encore.
Telle fut l'avis du général de l'armée de la Loire. Il le proposa
catégoriquement au Gouvernement ;
il insista auprès des autres
généraux ;
il lit appel à toutes les forces de la nation; et, chose
qui paraîtra difficile à croire, ce fut Gambetta, le bouillant dictateur, qui tempéra l'ardeur du général, et jugea à propos de
reviser ses projets en ce qu'il leur trouvait de trop hasardeux et
de trop prompt.
Voici en quels termes s'en explique le général Chanzy dans
une lettre au ministre : « La base d'opération d'où je partirai
« sera la Sarthe et la ligne ferrée du Mans àAlençon; la nouvelle
«
base sur laquelle je marcherai sera l'Eure, probablement de
« Dreux à Chartres. Là, j'apprécierai, d'après la situation, si je
« veux continuer nui marche sur Paris, ou si je trouve plus
— 17 —
« avantageux d'investir dans cette position, l'armée assié-
« géante. » Puis, après avoir montré la nécessité de combiner
ses opérations avec les généraux Bourbaki et Faidherbe, de
relierson action à celle du général Trochu, et enfin d'assurer
ses communications avec sa base d'opération et sa ligne de retraite, il reprend : « C'est pourquoi je vous ai demandé de me
«
faire connaître quelles troupes je pourrais tirer de l'Ouest,
« pour couvrir la ligne du Mans à Alençon, et même du Mans
«
à Tours Des concentrations de troupes dont je ne suis
«
nullement informé, se font sur divers points de la Norman-
«
die, notamment à Cherbourg ;
j'ignore dans quel but. Il im-
« porte, en ce moment, que rien ne soit détourné de mes forces
«
vives, etc. »
Puis, Gambetta faisant attendre sa réponse trop longtemps
au gré de l'impatience du général, celui-ci, quelquesjours après,
lui envoie le commandant de Boisdeffre (un Alençonnais), poulie presser, l'engager à adopter son plan et lui en expliquer les
détails : Action simultanée de Chanzy, Bourbaki et Faidherbe ;
Ghanzy partant du Mans, pour venir par notre pays s'établir sur
l'Eure, entre Evreux et Chartres;
les forces de Cherbourg
s'avançant le long du chemin de fer de Caen, jusques sur la
gauche de la deuxième armée ;
les forces réunies en Bretagne et
sur le cours inférieur de la Loire occupant fortement la Sarthe,
d'Alençon au Mans, et le Perche jusqu'au Loir, pour couvrir la
base et la ligne d'opération de l'armée et assurer ses derrières ;
les corps francs de Cathelineau et de Lipowski, en arrière du
Loir et de Châteaudun, pour couvrir l'aile droite et observer les
troupes ennemies de la vallée de la Loire ;
enfin les trois grandes
armées se rapprochant de Paris, et combinant. leurs attaques
avec celles de Trochu. Qu'une seule réussisse, c'est le ravitaillement de Paris et peut-être le succès (1).
Gambetta avait, à la vérité, 80,000 hommes, en formation à
Cherbourg et à Vierzon ;
il consentait à les mettre à la disposition du général, ce qui devait porter son armée à200,000hommes,
mais ils ne pourraient être prêts avant le 12 ou le 15 ;
il fallait
donc attendre jusques là pour commencer le mouvement, sur
(1) La Deuxième Armée de la Loire, par le Général Chanzy, 2m» édit.
p. 244.
2.
— 18 —
Paris. — Mais Paris lui-même pourrait-il attendre ? Chanzy,
qui ne le croyait pas, hâtait, autant que cela lui était permis,
l'exécution de ses projets. Il faisait établir à Beaumont-surSarthe, sur la route d'Alençon, les avant-postes de cavalerie du
XVIIe corps ;
il plaçait à Mamers et au Theil, ceux du XXIe
corps ;
il chargeait le général de Malherbe, cemmmandant la
subdivision de l'Orne, d'appuyer la colonne du général Rousseau, du côté de la Ferté-Bernard, du Theil et de Mamers;
il
dirigeait sur Mamers deux bataillons des mobilisés de l'Orne ;
il
donnait ordre au colonel Lipowski, des francs-tireurs de Paris,
de concourir aux mômes opérations (1).
Ces dispositions amenèrent sur divers points, à Nogent, à
Bellème, à la Fourche, à Condreceau (probablement, Condeau?),
à Regmalard, au Theil, etc., un grand nombre d'actions peu importantes, si on les considère chacune en particulier; mais qui,
avec des chances diverses, et après des débuts avantageux,
avaient eu pour résultat définitif la retraite, ralentie par la lutte,
mais presque générale de nos troupes (2).
Mentionnons encore parmi ces petits engagements la défense
de Longny, qui dura cinq jours, et fait le plus grand honneur à
ses habitants et à ses défenseurs, les francs-tireurs de Constantine (3).
Le moment était venu de couvrir Alençon directement, et le
7 janvier, après le combat du Theil, Lipowski devait être envoyé
dans notre direction, pour observer l'ennemi, qui menaçait
Mortagne. De leur côté, les mobilisés de l'Orne étaient échelonnés, d'une part, au Mesle-sur-Sarthe et à Montisambert, d'où ils
surveillaient les routes de Mortagne à Sées, par Sainle-Scolasse
et Courtomer; d'autre part, à laFresnaie, aux Aillères, au Neufchâtel, à Ancinnes, à Louvigny, de façon à garder la forêt de
Perseigne et à couvrir Alençon. Chanzy avait l'espoir qu'un
effort vigoureux en avant leur permettrait de reprendre Bellême
et avait donné des ordres en conséquence au général de Malherbe (4). Attaqué dans toutes ses positions à la lois, il donnait
(1) La Deuxième Armée de la Loire, p. 250, 256, 257.
(2) La Deuxième Armée de la Loire, p. 285-287.
(3) Courrier de l'Ouest, 4 février 1871.
(4) La Deuxième Armée de la Loire. Notes et documents, p. 552 et 556. —
Note explicative du Préfet A. Dubost au Maire et aux Conseillers municipaux d'Alençon.
ordre de résister partout, autant que cela serait possible. Attendant de jour en jour une grande bataille, et obligé de rappeler à
lui ses meilleures troupes régulières, les difficultés de sa situation ne lui faisaient pas perdre de vue Alençon.
Dans sa pensée, le projet des Allemands était de nous attirer
en dehors de nos positions du Mans, pour chercher à nous battre
en détail ; ou bien de nous refouler sur ces positions et de nous
y bloquer, pour empêcher notre marche sur Paris. Les trois
lignes d'attaque de l'ennemi devaient être :
1° Par la vallée de
l'Huisne, l'armée du duc de Mecklenbourg, avec menace sur
Alençon, Bellême et Mortagne ; 2° par la route de Vendôme au
Mans, où se trouvait, dit-on, le prince Frédéric-Charles; 3° enfin au sud du Loir. Dans ces conditions, Chanzy, obligé de faire
tête à l'ennemi dans autant de directions, déclarait indispensable
de faire arriver à Alençon au moins une division du XIXe corps
et de diriger sur Tours ce que le XXVe avait de disponible. Il
renouvela également sa demande de faire venir à Alençon 9,000
mobilisés de la Mayenne, que le Préfet donnait comme prêts et
bien outillés. Tous ces mouvements, disait Chanzy, sont urgents
et doivent être faits par les voies les plus rapides. Il nous faut
être nombreux partout, et ne pas nous exposer à voir nos
lignes forcées en quelques endroits (1).
Et le même jour, annonçant au préfet de l'Orne les demandes
qu'il venait de faire et l'envoi à Mamers du colonel Lipowski,
pour couvrir Alençon, seul renfort immédiat qu'il puisse lui
donner, il ajoutait : « Le tout est de tenir quelques jours ; et
«
cela est d'autant plus facile que, par le temps qu'il fait, nous
« avons le choix des posilions de défense, et que l'ennemi ne
« peut faire grand usage de son artillerie. » Le 10 janvier, les
mobilisés étaient annoncés à la fois par le général de l'armée de
la Loire et par le Ministre de la Guerre. En attendant, le Préfet
avait ordre de défendre Alençon et le cours de la Sarthe, avec les
forces dont il disposait (2).
Nous voici arrivés au moment de la bataille du Mans. Je n'ai
point à raconter ce désastre, qui eut sur nos destinées une si
triste influence, et j'ai presque honte de direqu'elle causa la perte
(1) La Deuxième Armée de la Loire, p. 306 et 552.
(2) Lettre du Préfet au Maire, etc.
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d'Alençon, quand je songe aux résultats infiniment plus funestes
qu'elle eut pour notre malheureuse patrie. Au moins est-ce une
sorte de triste consolation de penser que l'événement qui
consomma le malheur de notre ville fut celui-là même qui donna
le dernier coup à notre bien-aimée France.
Cette bataille de trois jours se présenta d'abord, comme c'était
assez l'ordinaire, sous des auspices avantageux. Jusqu'à la fin,
des dépêches favorables, commentées par le désir du succès,
grossies par les nouvelles particulières, entretinrent les espérances les plus magnifiques. Comment se fait-il, et quelle était donc
la confusion universelle, que des événements de cette importance,
se passant à douze lieues, aient été si peu, si tard et si mal
connus ?
Enfin, le 13 janvier, une dépêche, venue de Bordeaux, nous
apprit la triste vérité.
Mais, ce que nous ne savions pas, c'étaient les projets que le
général en chef de l'armée de la Loire avait nourris et continuait
à nourrir relativement à notre ville.
Quand, le 11 au soir, la perte de l'importante position de la
Tuilerie eut placé l'armée du Mans dans un état des plus critiques, ce contretemps, loin de changer l'idée que caressait
Chanzy de pousser sa marche sur Paris, ne fit en quelque sorte
que d'en bâter l'exécution. Il se proposait, avant la bataille,
d'aller à Paris par Alençon ;
le chemin étant encore ouvert, il
résolut d'en faire sa ligne de retraite, sauf à voir ensuite par où
il pourrait continuersa route. Sa première pensée donc, avant
môme d'avoir constaté sa défaite, est de se ménager, à tout
événement, un puissant renfort à Alençon.
«
Il est de la der-
«
nière importance, écrit-il au Ministre, que les deux divisions
«
du XIXe corps, que vous voulez bien m'annoncer, soient ren-
«
dues dans le plus bref délai possible à Alençon. Elles peuvent
« me donner le moyen d'un succès important sur les flancs de
«
l'ennemi. Prière de me faire savoir le jour où elles seront à
« Alençon. Je donnerais tout pour les y
savoir aujourd'hui. »
(1)
Enfin, la retraite étant définitivement commandée, les instructions du 12 au matin ne sont que la mise à exécution de la pensée
(1) La Deuxième Armée de la Loire. Télégramme du 11 janvier, 11 1). du
soir, p. 325.
— 21 —
du général. L'armée, disent-elles, devra aboutir entre Prez-enPail et Alençon, et s'établir, la gauche à la Sarlhe, au XIXe
corps, qui doit arriver à Alençon, la droite à Prez-en-Pail. La
marche s'effectuera en quatre jours, avec une moyenne de 14 à
16 kilomètres par jour. Le XXIe corps, formant l'aile gauche,
marchera le long de la Sarthe, directement sur Alençon; le
XVIIe corps, formant le centre, se rendra par Domfront-enChampagne, Ségrie, Fresnay, Assé-le-Boisne, Gesnes-le-Gandelain, Saint-Denis-sur-Sarthon;
le XVIe corps, formant l'aile
droite, ira par Chauffeur, Neuvi-en-Champagne,Conlie, Cressé,
Pont-la-Robert, Montreuil-le-Chétif, jusqu'à Prez-en-Pail. La
cavalerie avait pour mission d'arrêter les fuyards. Une arrièregarde solide devait achever les coupures des routes et couvrir la
retraite. Les Prussiens, d'ailleurs, toujours prudents et ne se
rendant pas bien compte de leur victoire, ne songèrent pas
d'abord à nous inquiéter (1).
Cette appréciation du général était-elle justifiée ? En tout cas,
dès le 13, le grand duc de Mecklenbourg, recevait du prince
Frédéric-Charles, l'ordre de suivre le XXIe corpsfrançaisjusqu'à
Alençon et d'y prendre une position d'attente.
Le plan de Chanzy plaçait, comme on voit, Alençon au coeur
de la défense, et l'exposait aux chances d'une bataille et aux
tristes effets du passage de deux armées. Que d'autres s'en
plaignent; pour moi, tout ce qui nous donnait l'occasion de nous
mesurer avec l'ennemi ei de contribuer à la lutte d'une manière
plus active est à mes yeux un honneur, dont il y a lieu d'être
content et fier. Mais il n'en devait pas être ainsi.
Gambetta ne parut pas d'abord s'opposer aux vues du général.
«
Je comprends, lui écrivait-il, votre impatience d'avoir le XIXe
« corps à Alençon, et, comme vous, je donnerais tout au monde
« pour qu'il y soit aujourd'hui ; mais je n'ai malheureusement
« pas le don de faire des miracles. Les deux divisions partiront
«
de Cherbourg demain. Elles fussent pallies aujourd'hui 12,
«
si vous aviez pu me donner plus tôt réponse à la dépêche
«
d'hier matin, par laquelle je vous demandais le point définitif
(1) La Deuxième Armée de la Loire, p. 329.
La Guerre franco-allemande de 1870-71, rédigée par la section historique du Grand État-Major prussien, traduction Costa de Sarda de l'ÉtatMajor français, 1880. T. IV, p. 851 à 855.
— 22 -
«
de destination. Ces deux divisions, à l'effectif d'environ 30,000
«
hommes, voyageant en chemin de fer, nous devrions nous
«
estimer heureux si elless'embarquentenquarante-huitheures.
«
Vous ne devez donc espérer les faire entrer en ligne, la prête mière, que le 15 au matin, et la deuxième, que le 16. A ces
«
dates, je crois qu'elles pourront coopérer avec vousd'Alençon ;
« mais plus tôt, il serait chimérique d'y compter. Faites-moi
«
connaître, le plus tôt possible, sur quel point vous voulez que
« se rende la troisième division. »
Chanzy répondait immédiatement : «
Je reçois à l'instant,
«
midi et demi, votre télégramme, au sujet du XIXe corps. Vous
«
connaissez les événements, je veux organiser la retraite de
«
façon à établir le 15 au soir mes divers corps d'armée entre
« Alençon et Prez-en-Pail, pour m'y reconstituer et reprendre
«
les opérations. Il est donc plus urgent que jamais que les deux
«
premières divisions du XIXe corps arrivent promptement à
« Alençon, pour me servir de base et d'appui. Quant à la 3eme
«
division, je désire la voir arriver le plus tôt possible à Argen-
«
tan, et connaître le jour.
»
(1)
Le général prévoyait une retraite diffflcile, des défections, des
découragements;
il craignait d'être inquiété, coupé peut-être. Il
prit les mesures qu'iljugea les plus propres à assurerl'exécution
de son plan. D'un côté, il chargea celui, peut-être de ses officiers
qui lui inspirait le plus de confiance, le général Jaurès, de protéger la retraite et de tenir la route ouverte. On savait qu'un
effort de l'ennemi devait être tenté vers Bonnétable ; cette localité eut ordre d'opposer une résistance énergique. Deux affaires
sérieuses et bien menées eurent lieu en effet, l'une à la fourche
de la route de Sillé, l'autre à Ballon, afin de conserver le pont
de Montbizot, le seul qui fût praticable à l'artillerie (2).
D'un autre côté, ce n'était pas un médiocre avantage de trouver
en avant un renfort puissant pour se reformer, et une force
capable de tenir l'ennemi en respect. Aussi le général Chanzy,
recommandait-il à Alençon de tenir, coûte que coûte, en l'attendant.
Les mobilisés de la Mayenne y
arrivèrent le 12 au matin, au
(1) La Deuxième Armée de la Loire, p. 578-579.
(2) La Deuxième Armée de la Loire, p. 585.
— 23 —
nombre de 3,500. Le même jour, Beaumont les reçut, au nombre
de 4,500, en envoya une partie à Fresnay-sur-Sarlhe et à La
Hutte, et garda le reste, bien inutilement d'ailleurs ; car ces
soldats, débauchés, dit-on, par les habitants, ne surent pas tenir
devant l'ennemi (1). Ces mesures avaient pour but. croyait-on,
de barrer la route aux Prussiens venant du Mans ; dans la
réalité, leur destination était bien plus tôt de préparer la voie à
notre armée. Mais déjà, un ordre de Gambetta avait changé tout
cela, réduit à néant les projets du général, et imposé un autre
objectif à la retraite.
Chanzy eut de la peine à se soumettre et insislaénergiquement
auprès du ministre pour faire prévaloir ses idées.
«
Je ne prête
voyais certes pas hier, écrivait-il le 12 au soir, les défaillances
«
de la nuit dernière, ni la retraite à laquelle elles allaient me
«
contraindre. J'en suis le premier navré, mais ma confiance
«
était telle qu'elle a
résisté, et que c'est en m'en inspirant
«
qu'ont surgi les idées que vous n'admettez pas....
«
N« pouvant me séparer de la pensée que Paris est aux
«
abois ; me cramponnant à l'idée d'un mouvement dans cette
«
direction, notre but suprême, je portais ma droite à Alençon,
«
appuyé fortement au XIXe corps, que je croyais une force sé-
«
rieuse et immédiatement utilisable. Une fois établi d'Alençon
«
à Prez-en-Pail, pivotant sur ma droite avec les éléments réelle-
« ment résistants de mon armée, ralliant à Argentan le reste du
«
XIXe corps, je marchais, sans perdre un jour et sans presque
«
allonger les distances à parcourir, sur Dreux et sur Evreux,
«
dans la pensée d'appuyer ma gauche à la Seine et de forcer
«
l'Eure dans une partie moins préparée pour sa défense que
«
celle de Chartres à Dreux. Ce que je vois autour de moi,
« vos propres objections, vos préoccupations pour Rennes et
« Nantes, alors qu'à Josnes elles étaient surtout pour Cher-
«
bourg, me forcent à renoncer à une marche, hasardeuse sans
«
doute, mais qui pouvait tout sauver.
«
J'obéis donc et je change mes dispositions, pour me diriger
« vers Laval, etc. »
De telles observations demandaient une réponse ;
elle ne se
fit pas attendre. Le général espérait peut-être qu'elles engage-
(1) Note explicative, du Préfet — Grand Etat-Major Allemand, p. 854-856'
— 24 —
raient Gambetta à changer d'avis. Il n'en fut rien. Voici ce qu'il
lui écrivit :
« Quant au dessein que vous nourrissez, me dites-vous, de
« vous arrêter, s'il était possible, entre Alençon et Prez-en-
« Pail, pour, de là, tenter une marche hardie sur Paris, par
« Dreux et Evreux, je vous ferai remarquer que cette tentative
« généreuse était de nature à amener la perte de votre armée.
«
D'une part en effet, vous auriez couru le risque de ne point
«
refaire vos troupes avant de reprendre votre marche ; d'autre
« part, vous auriez infailliblement rencontré sur votre chemin
«
l'armée de Frédéric-Charles, commandant général des forces
«
prussiennes dans l'Ouest, laquelle parcourant, du Mans à
« Dreux ou à Mantes, une corde dont vous même parcourriez
«
l'arc, vous aurait nécessairement gagné de vitesse.
«
Nous estimons donc qu'à tous les points de vue, la retraite
« sur Mayenne et Laval est infiniment préférable.
«
Je suis d'ailleursen mesure de vous dire que les vivres ne
« manquent nullement dans Paris, et que le général Trochu
«
lui-même recule la fatale échéance jusqu'à la fin du mois)
«
etc. »
(1)
Est-ce tout, et Chanzy va-t-il renoncer à son projet ? Pas
encore. C'était le moment où Alençon, apprenait enfin la défaite
qui avait eu lieu presque à sa porte. La dépêche qui lui annonçait cette nouvelle indiquait en même temps Laval, comme
objectif de la retraite. Le général cependant ne s'y soumettait
que positivement contraint. Même après en avoir donné l'ordre,
il écrivait encore au ministre : «
Je n'avais qu'une idée, donner
«
à mon armée l'occasion de laver cette tache, et arriver encore
«
à temps pour sauver Paris. Aussi, sans hésiter, je me décidai
«
à battre en retraite surAlençon.JLà, en me réunissant au XIXe
« corps, encore intact, ralliant autour de moi tout ce qui avait
«
du coeur dans la deuxième armée, j'aurais marché sur Paris.
« Tous, cette fois, prévenus qu'il fallait arriver ou mourir.
«
La grandeur du but à atteindre me semblait justifier ces
«
risques suprêmes. Vous en avez jugé autrement, j'obéis.
« La retraite s'opère convenablement sur la Mayenne...
«
Le XXIe corps, après avoir combattu toute la journée contre
(1) La Deuxième Armée de la Loire, p. 338-339.
— 25 —
«
trois divisions du Grand-Duc de Mecklenbourg, a pu opérer
« sa retraite en très bon ordre, et passer la Sarthe sur les ponts
«
de Montbizot, la Guerche, et Beaumont.
« L'ordre de cette nuit lui prescrivant de changer son mou-
« vement de retraite lui est arrivé ce matin, au moment où, en
«
très bon ordre, il marchait sur Alençon, où il serait arrivé
«
demain. »
Cependant, le lendemain 14, ce même corps, attardé par ses
impedimenta, était, encore échelonné sur la route de Beaumont,
à cheval sur les trois routes de Sillé au Mans, à Beaumont et à
Fresnay. (1)
Mais revenons à Alençon, et aux événements dont il ne pouvait manquer de devenir le théâtre. On était certes loin de s'y
douter des nombreuses dépêches dont il était l'objet, et de l'importance qu'il avait dans les pensées des hommes d'État. Tout
ce qu'on savait, c'est que les Prussiens étaient à quelques lieues
de nous, et qu'ils allaient infailliblementnous arriver du jour au
lendemain.
Comment les recevrait-on ?
Grave question, que chacun tranchait à sa manière, sans
avoir ni l'autorité, ni les éléments indispensables pour la
résoudre.
(1) La Deuxième Armée de la Loire. Télég. du 13 et du 14 janvier, p, 309,
— 580 et 581.
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