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Par cgs611 le 5 Décembre 2017 à 18:37
Histoire de la Normandie
La Normandie... c'est d'abord l'aventure de ceux qui ont donné leur nom au pays : les hommes du Nord, entrés dans l'histoire et la légende sous le nom de Vikings. Depuis l'accord de 911, obtenu par Rolf le Marcheur à Saint-Clair-sur-Epte, les Normands n'ont cessé de se vouloir "premiers partout". Ils ont conquis l'Angleterre, régné en Sicile et fondé, avec leur duc-roi Guillaume, le premier Etat moderne à la fin du me siècle. Une position géo-politique exceptionnelle sur les rivages de la mer la plus fréquentée du monde fait de la terre des Normands le pont naturel entre le continent européen et l'Angleterre. Annexés en 1204 par Philippe-Auguste, ils seront déchirés longtemps entre Français et Anglais, avant de participer, bon gré mal gré, aux querelles qui agitent la France : réformés contre ligueurs, nu-pieds contre dragons, intendants contre parlementaires, fédéralistes contre jacobins. Outre-mer, ils ont découvert les Canaries, touché le Brésil et l'Insulinde, conquis la Floride, exploré la Louisiane, peuplé le Canada. A partir de 1945, ils reconstruisent leurs villes ravagées, continuent à "faire valoir" les campagnes et connaissent l'aventure industrielle de la Basse-Seine. Depuis La Chanson de Roland, les Normands donnent le ton aux lettres françaises avec Malherbe, Conseille, Barbey d'Aurevilly, Flaubert, Maupassant, Le Varende... L'impressionnisme est né des couleurs de leur ciel. Depuis plus de dix siècles, ils ont réussi à maintenir avec modération et ténacité, la seule vertu essentielle à leurs yeux : la liberté individuelle.
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Par cgs611 le 27 Avril 2010 à 12:29
Odolant-Desnos (Joseph) : Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs. 1787. (Archives municipales d'Alençon 38 C 83).
Joseph Odolant-Desnos est né à Alençon le 21 novembre 1722. Docteur en médecine après avoir fréquenté le collège des jésuites et la Sorbonne, il est nommé médecin de l'hôtel-Dieu et de l'hôpital général le 18 décembre 1772. Historien, il écrit une foule d'articles sur différents sujets. Joseph Odolant-Desnos, qui a laissé en manuscrits plus de cent volumes de recherches historiques, est décédé le 11 août 1801, rue du Bercail.
Citant ses sources, Joseph Odolant-Desnos a beaucoup puisé dans la Chronique d'Alençon dite De Thou, écrite vers 1505, qui relate l'histoire de la famille d'Alençon de 1226 à 1476 environ. Il a également utilisé, en partie, les Remarques sur Alençon de Jean-Jacques Le Queu, couvrant la période 1761-1792, qui lui-même semble avoir copié le Récit véritable et mémoires de tout ce qui s'est passé dans la ville d'Alençon [de 1709 à 1732] de Jean Brière. D'après Christian Thomas, professeur d'histoire à Ancinnes, qui a publié une édition critique de ce Récit.... en 2001, l'histoire d'Alençon qui précède la période 1709-1732 n'est que pure fantaisie et paraît copiée sur celle du diacre Pierre L'Orphelin-Chanfailly, le plus ancien de nos auteurs. Ce dernier écrivit, en 1685, l'Antiquaire de la ville d'Alençon. Factum historique pour l'église Saint-Léonard. Ce travail est critiqué par Léon de La Sicotière, fondateur de la Société historique et archéologique de l'Orne en 1882, qui l'a réédité en 1868 : "L'ouvrage décelait une main peu exercée. Les preuves entassées, sans critique, ni méthode, pour établir l'ancienneté [...] de l'église Saint-Léonard, sont des plus hasardées. [...] Le style en est très incorrect ; les noms et les dates sont tronqués." Louis Hommey (1838-1900), prêtre à Saint-Léonard, historien du diocèse de Sées et secrétaire de la Société historique et archéologique de l'Orne, affirme, en 1887, que l'ouvrage de L'Orphelin-Chanfailly "[...] est de valeur médiocre et renferme beaucoup d'affirmations sans preuves." Par ailleurs, il met en doute les affirmations de Joseph Odolant-Desnos concernant l'ancienneté d'Alençon et de son origine étymologique qui serait due aux Aulerces.
En effet, malgré son érudition, Joseph Odolant-Desnos est souvent sujet à caution. En 1882, Gérasime Despierres dans son ouvrage Origine du Point d'Alençon démontre qu'il ne faut pas se fier à ce qu'il écrit à propos de la dentelle. L'année suivante, le poète érudit Gustave Le Vavasseur note que Gérasime Despierres, qui a écrit une Histoire du Point d'Alençon en 1886, et Louis Duval, archiviste du département de l'Orne de 1878 à 1919, ont "renversé tous les châteaux de cartes bâtis, légende sur légende par Odolant-Desnos, oncle et neveu". Louis Duval, en 1908, affirme dans un article ironique intitulé Les poulies à propos d'une communication d'un professeur de philosophie, qu'il juge inexacte, sur l'étymologie de la rue ainsi dénommée, que "Cette pointe hardie dans le domaine de la fantaisie a eu pour inspirateur le grave auteur des Mémoires [...] lequel d'ailleurs, à propos des rues de sa patrie d'adoption, a mis en circulation quelques autres légendes plus fantastiques encore. [...] On aurait lieu de s'étonner qu'un érudit tel qu'Odolant-Desnos ait accueilli dans son Histoire d'Alençon une étymologie aussi suspecte [...] si l'on ne savait que, dans ce malencontreux article, il n'a presque fait que copier Sauval, l'auteur justement estimé de l'Histoire et recherche de la ville de Paris." D'après cet auteur, les poulies servaient à hisser au sommet de différents mâts des oiseaux en bois sur lesquels on tirait à l'arc. Pour Louis Duval, les poulies étaient de gros cylindres de bois fixés sur les façades des maisons et servant à l'apprêt des draps que l'on étendait sur des traverses de bois de façon à les étirer régulièrement afin de les faire sécher.
Pour expliquer les erreurs de datation de Joseph Odolant-Desnos à propos de plusieurs monuments, notamment de Notre-Dame, P. Germain-Beaupré, curé de Saint-Denis-sur-Sarthon, dit de lui en 1916, que l'"on peut être bon chroniqueur et mauvais archéologue".
Blandine Louisfert dans Culture et société à Alençon, des Lumières à la Restauration (1750-1820), publié en 1990, estime que les Mémoires historiques... de Joseph Odolant-Desnos sont un travail très scientifique et qu'il est soucieux de l'exactitude de ses affirmations.
J'ai relevé une soixantaine d'erreurs de détail dans ses Mémoires historiques...
Pendant la Révolution, en octobre 1789, lors d'un conflit entre le vicomte de Caraman, favorable à la monarchie, commandant le régiment de chasseurs de Picardie stationné à Alençon, et le comité national, favorable à la Révolution, Joseph Odolant-Desnos envoya une lettre anonyme au vicomte, ce qui aggrava considérablement la situation. Adhémar Leclère, qui estime que Joseph Odolant-Desnos est un "écrivain savant quoiqu'un peu diffus", écrit que "Dès qu'il sut qu'il était découvert, cet étrange homme écrivit au comité "qu'il était bien vrai qu'il avait écrit cette infâme lettre, mais qu'il n'avait pas pensé occasionner tant de désordres, ce dont il était bien mortifié." De fait, la lettre d'Odolant-Desnos était une sottise et une grossièreté très indigne d'un homme qui avait environ 65 ans. On ne s'explique pas le but qu'en attendait son auteur, et qu'il n'eût pas prévu qu'elle pouvait avoir les très graves conséquences qu'elles avaient effectivement eues. Peut-être M. Odolant-Desnos satisfaisait-il une grande haine ou de puissantes rancunes?" Joseph Odolant-Desnos fut également l'auteur d'une autre lettre anonyme annonçant un don de bois pour les pauvres que ceux-ci ne virent jamais. Adhémar Leclère écrit qu'"il semble que ce vieillard avait alors la manie des lettres anonymes".
M. l'abbé Flament, dans sa communication présentée à la Société historique et archéologique de l'Orne le 9 mai 1964 intitulée Remarques sur les milieux alençonnais à la veille de la Révolution française note que "S'il fallait en croire les travaux de Le Queu et plusieurs pages inédites d'Odolant-Desnos, peu d'Alençonnais trouveraient grâce aux yeux de ces contemporains atrabilaires". Joseph Odolant-Desnos, considère, par exemple, que son jeune confrère Jacques de La Billardière est un "médecin fort ordinaire".
Gautier (Jean-Jacques) : Histoire d'Alençon. 1805/1821. (Archives municipales d'Alençon 38 C 89).
Jean-Jacques Gautier est né à Exmes le 22 juin 1748. Curé de la Lande-de-Goult, professeur et régent au collège d'Alençon, aumônier de ce qui est aujourd'hui le centre psychothérapique, il est décédé le 4 mars 1829 rue de l'Écusson.
Jean-Jacques Gautier, qui ne cite pas ses sources et donne très peu de dates, dit de Joseph Odolant-Desnos que ses Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs sont aussi exacts que savants. En conséquence, il reprend les mêmes erreurs, en ajoutant d'autres. Le vicaire de Montsort, l'abbé H. Antoine, dans ses Recherches sur la paroisse et sur l'église de Saint-Pierre-de-Montsort publiées en 1880, écrit que son ouvrage est "dénué de toute espèce de critique [et] qu'il ajoute au récit d'Odolant-Desnos des appréciations, dont la malveillance n'échappera à personne [et] qu'il fait des railleries de mauvais goût".
Paul Pascal, auteur, en 1892, d'une thèse intitulée Élie Benoist et l'Église réformée d'Alençon se demande "[...] Quelle histoire avait-il étudié? La plupart de celles de son temps, faites par les jésuites, n'étaient guère qu'un tissu de mensonges."
Léon de La Sicotière pense qu'il est un "écrivain humoristique et parfois bizarre".
P. Germain-Beaupré estime qu'il est "caustique, original et pas toujours édifiant".
L'abbé Henri Legros, curé d'Arçonnay en 1930, écrit que son Histoire d'Alençon "n'est qu'un démarquage des Mémoires historiques d'Odolant-Desnos".
Blandine Louisfert juge son travail très enlevé et vivant.
J'ai relevé une trentaine d'erreurs.
Duval (Louis) : Alençon illustré. 1898. (Archives municipales d'Alençon 38 C 155).
Louis Duval est né à La Ferté-Macé le 27 février 1840. Archiviste du département de l'Orne de 1878 à 1919, il est l'un des fondateurs de la Société historique et archéologique de l'Orne. Il est décédé le 30 janvier 1917.
Très laborieux, bon érudit, Louis Duval aimait rédiger des inventaires.
J'ai relevé une vingtaine d'erreurs dans son ouvrage. Certaines lui ont été signalées en son temps, mais il refusait de les reconnaître en avançant des explications sans rapport avec le sujet et en pratiquant une résistance passive. J'ai constaté au cours de différentes recherches que Louis Duval est coutumier du "délit de mauvaise foi". D'ailleurs, plusieurs chercheurs ont souligné son caractère irascible, son assurance arrogante et sa jalousie à l'égard des autres auteurs dont il dénigre systématiquement les travaux estimant que seuls les siens sont dignes d'intérêt.
Eugène Vimont, directeur-gérant du bulletin de la société scientifique Flammarion en 1888 parle du "jaloux et bilieux archiviste de l'Orne" : "Dans une des plus célèbres comédies de Molière, nous voyons maître Jacques changer d'habit suivant l'emploi auquel il veut se livrer. Il en est de même de M. Louis Duval. Comme cet archéologue ne peut trouver de gens de bon vouloir pour le vanter, pour admirer ses études approfondies, il s'est volontiers chargé de la besogne, sous prétexte que l'on ne parle bien que de ce que l'on connaît bien. [...] Aussi dans ce but, a-t-il pris le nom de Franc-Alleu pour decerner la louange à notre sympathique archiviste. Nous n'allons pas modifier les phrases que nous allons faire connaître à nos lecteurs, ne voulant pas imiter en cela M. Duval qui tronqua autrefois les phrases de M. Armand Gasté afin de mieux combattre l'éminent professeur de la Faculté des lettres de Caen, dans sa thèse sur l'auteur des Vaux-de-Vire. Voici ce que dit Franc-Alleu sur Les cahiers de 1789 dans le bailliage d'Alençon, édités par M. Louis Duval : "Le centenaire de 1789, que la France se prépare à célébrer, appelle naturellement une comparaison entre l'état actuel et l'état de la France en 1789... Mais une étude détaillée faite au moyen des documents locaux offrirait assurément le plus grand intérêt. Dans l'Orne, à part la publication des cahiers de 1789 dans le bailliage d'Alençon, on ne peut citer aucun travail dans ce sens. Ces documents, il est vrai, jettent le plus grand jour sur la situation du pays [...]." On dirait vraiment que jamais ni [citation de plusieurs historiens] n'ont publié une seule ligne sur l'état du clergé, de la noblesse et du Tiers-État avant 1789. C'est vraiment avoir trop d'outrecuidance que de vouloir démontrer que tout vient de Louis Duval et que tout doit tendre à le glorifier. Il est vrai que Franc-Alleu peut avoir des libertés de langage et de plume que n'oserait avoir M. l'archiviste. Mais en bonne conscience, il faut avouer que M. Louis Duval est bien téméraire et qu'il ferait beaucoup mieux de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ainsi à la légère. Puisque M. Duval veut tout attirer à lui, puisqu'il ne peut admettre que les autres travailleurs étudient sans relâche sans son autorisation, puisqu'il trouve partout la paille dans l'œil de ceux qu'il regarde jalousement comme des ennemis, nous pourrons peut-être à notre tour, découvrir quelques grosses pailles dans son œil. [...]. Nous connaissons un certain nombre de faits historiques dans lesquels M. Duval a glissé quelques erreurs plus ou moins involontaires, car il voulait faire vite et couper l'herbe sous le pied à quelque confrère. Nous y reviendrons prochainement et nous démontrerons victorieusement que notre célèbre archiviste n'est nullement infaillible. Nous pourrons même raconter les bons tours qu'il a joué à Mme Despierres, histoire qui pourrait tourner a sa confusion. À force de maltraiter les écrivains ornais, il pourrait se faire que M. Duval sortît lui-même de là en très mauvais état et recût prochainement une bonne volée de bois vert. [...]. Il serait bien à désirer que Franc-Alleu publiât autre chose que de simples compilations [...]. Il n'a jamais pu dire, sans aucune réserve, du bien d'un livre dû à la plume de quelque confrère. Il n'y a que ses seuls ouvrages [...] qui trouvent grâce devant lui. Mais dans ce cas particulier, il ne se ménage pas les éloges. Ne trouvant guère de compères pour le flatter, notre archiviste s'administre à lui-même des éloges qui ne trouvent d'écho nulle part. [...] Il y a place pour tout le monde au soleil et M. Louis Duval n'attrapera jamais que des horions à chercher la paille dans l'oeil du voisin. Que Franc-Alleu avance dans son travail de classement d'archives, qu'il se montre moins grincheux avec les hommes modestes qui essayent d'apporter leur pierre [...] et il rencontrera sur son chemin autre chose que des épines." En 1908, dans l'article ironique, évoqué plus haut dans la notice consacrée à Joseph Odolant-Desnos, intitulé Les poulies à propos d'une communication d'un professeur de philosophie, qu'il juge "amusante" et inexacte, sur la rue ainsi dénommée, il écrit : "Il suffit de savoir d'abord que la vérité, pour être mise en lumière, exige des recherches, de la patience ; en second lieu, que ceux qui la trouvent, ou qui croient l'avoir trouvée, n'ont pas toujours le talent de la présenter sous un vêtement convenable et avec la politesse et l'élégance que le lecteur français à le droit d'exiger." Ce qui est une figure de style pour dire que lui seul est capable de trouver infailliblement la vérité et possède les qualités nécessaires pour la présenter. Dans ce même article cependant, il reconnaît estimer Sauval, qui ne le gêne pas puisque ce dernier n'empiète pas sur ses plates-bandes, mais il ne peut pas s'empêcher, quelques lignes plus loin, de le critiquer méchamment ainsi que trois autres historiens.
Quelque temps avant sa mise à la retraite, son caractère irascible s'aigrit davantage et il y eut quelques scènes pénibles car il se résignait mal à prendre un repos cependant bien gagné
Leclère (Adhémar) : La Révolution à Alençon. Année 1789. 1912./Année 1790. 1914. (Archives municipales d'Alençon 38 C 160).
La commune d'Alençon. Histoire de son administration municipale de Louis XI à la Révolution. 1914. (Archives municipales d'Alençon 38 C 336).
En mai 1886, il est nommé résident de France au Cambodge, puis résident-maire Phnom-Penh de 1899 à 1903, avant d'être nommé inspecteur et conseiller à la résidence supérieure de 1908 jusqu'à sa retraite en 1911 tout en écrivant de très nombreux ouvrages sur la culture du peuple cambodgien.Adhémar Leclère est né à Alençon le 12 mai 1853. Ouvrier typographe, correcteur, puis directeur d'imprimerie, il prend part à la fondation du journal ouvrier Le Prolétaire dont il devient le chef de la rédaction. En 1883, il fonde le journal Le Typographe et parvient à obtenir de la chambre syndicale des typographes, la création de l'organe La Typographie Française qui est devenu le journal officiel de toutes les chambres syndicales françaises du livre. Il entre à La Justice, fondée par Georges Clemenceau en 1880, où ses nombreux articles sur la politique étrangère et les questions économiques sont souvent remarqués par les autres journaux.Adhémar Leclère, qui se retire en 1912 dans sa ville natale sur laquelle il écrit quelques ouvrages, s'éteint le 16 mars 1917.
Louis Finot, rendant compte d'un de ses ouvrage sur le Cambodge, écrit que "Nul doute qu'avec une meilleure préparation ou seulement avec un sens plus exact de travail scientifique, un effort aussi persévérant eût abouti à une œuvre de haute valeur. C'est un sujet de profond regret que ces conditions n'aient pu être réalisées. Dans la longue série des ouvrages de ce fécond écrivain, il n'en est pas un qui soit ou entièrement négligeable, ou à peu près satisfaisant. Celui qui vient de paraître n'est ni meilleur ni pire que les précédents. Un relevé de ses méprises remplirait des pages." Cependant, les spécialistes du Cambodge n'en continuent pas moins à consulter les œuvres de cet auteur et à le considérer comme une autorité en la matière.
Dans ses Souvenirs d'enfance, Adhémar Leclère écrit de lui-même : "Je me croyais un petit monsieur très intelligent et qui laissait bien loin derrière lui les autres enfants de son âge... Si je n'étais pas jaloux de mes petits camarades, c'est parce que je me trouvais bien supérieur à eux." Pourtant, Henri Tournoüer, président de la Société historique et archéologique de l'Orne en 1917, écrit peu après sa disparition que "C'était un chercheur et un travailleur, mais ses lecteurs ont plus d'une fois regretté qu'il lui manquât cette culture première et complète des hautes études classiques, si indispensables à l'historien pour juger avec sérénité des hommes et des faits." Enfin, Christian Thomas, dans son édition critique de la Chronique des années 1709 à 1732, attribuée à Jean Brière, bourgeois d'Alençon, parue en 2001, constate que pour rédiger son histoire de la commune d'Alençon de Louis XI à la Révolution citée ci-dessus, il a tellement abondamment utilisé cette chronique que son chapitre XII intitulé Tableau d'Alençon au commencement au XVIIIe siècle "n'est quasiment constitué que d'emprunts à la chronique de Brière" et que ces emprunts sont d'ailleurs dénaturés. Il "commet des erreurs [de dates et de lecture] qui aboutissent à des transcriptions totalement erronées."
J'ai effectivement constaté que dans son utilisation des délibérations du conseil municipal, il oublie des mots, en transforme d'autres, se trompe de dates, etc. J'ai relevé une quarantaine d'erreurs dans La Révolution à Alençon. Année 1789/Année 1790 et quatre-vingts dans La commune d'Alençon. Histoire de son administration municipale de Louis XI à la Révolution. Était-il distrait, travaillait-il trop vite, comprenait-il mal ? Alors qu'il était au Cambodge, il écrivait, cherchant à se définir : "[...] J'ai constaté chez moi une absence de mémoire très préjudiciable, une paresse des organes de la compréhension non moins regrettable, du simplisme, du romanesque et beaucoup d'ignorance. [...] On a souvent remarqué et signalé l'insolence [et l'aplomb] des parvenus [...]. Je ne crois pas, moi, ancien ouvrier parvenu, avoir ces défauts [...]. Mais quand on quitte sa sphère pour en habiter une autre, que de raisons pour s'enorgueillir, d'être fier de soi et de le montrer. On devient présomptueux. Certes ce n'est pas mon défaut, bien qu'on me l'ait attribué et reproché, car plus je suis monté plus j'ai acquis de savoir-vivre et d'autres connaissances, plus je me sens inférieur à beaucoup d'autres [...].
Jouanne (René) : Promenade à travers le vieil Alençon. 1923. (Archives municipales d'Alençon 38 C 217).
René Jouanne est né le 13 avril 1888 à Laval (Mayenne). Licencié ès lettres et diplômé de l'École des chartes en 1912, il est nommé archiviste départemental de l'Orne en 1914 et assumera cette fonction jusqu'en 1954. Au cours de cette période, il rédige quelque trois cents articles et ouvrages, ouvre un cours de paléographie, organise des expositions, etc. À propos de son étude sur Les origines du cadastre ornais publiée en 1933, le directeur honoraire des Archives de France, Charles Samaran écrivait en 1970 : "[...] René Jouanne s'est placé au premier rang des historiens de l'administration française". Ce dernier préside activement de nombreuses sociétés notamment l'Union départementale des anciens combattants (il fut prisonnier en Allemagne en 1918), la Croix-Rouge de l'Orne, le Syndicat d'initiative d'Alençon du 1er avril 1938 au 1er juin 1948, le Pays Bas-Normand en 1955 etc. Correspondant du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, il est, par ailleurs, conseiller municipal d'Alençon du 26 avril 1953 au 15 mars 1965. René Jouanne, officier de la Légion d'honneur, est décédé le 25 avril 1987 à Alençon.
Son ouvrage est surtout un guide touristique que l'auteur qualifie lui-même comme une "erreur de jeunesse que nous avons commise en 1923 à une époque où nous nous imaginions ingénument que les leçons d'archéologie d'un maître inconstesté de l'École des chartes nous autorisaient à écrire sur l'art et le tourisme local".
Herval (René) : Alençon. 1954. (Archives municipales d'Alençon 38 C 5).
René Herval est né à Lille le 15 avril 1890. Mobilisé en 1914, il est affecté à la mission française en Russie où il assiste à la Révolution d'Octobre qui est le thème de son premier ouvrage. Écrivain et historien, on lui doit de nombreuses études consacrées à Rouen et aux principales villes de Normandie. Président d'honneur de la Société des écrivains normands et président de l'Académie de Rouen, il a vu son œuvre couronnée par l'Académie française et l'Académie des sciences morales et politiques.
René Herval, chevalier de la Légion d'honneur, est décédé le 11 février 1972 à Rouen.
L'auteur, qui reprend souvent Louis Duval et ses méprises, ne cite pas ses sources pour cet ouvrage qui a reçu un Grand prix de littérature régionale et dans lequel j'ai relevé une quarantaine d'erreurs.
Centre départemental de documentation pédagogique de l'Orne : Alençon. Cité des Ducs. 1969. (Archives municipales d'Alençon 38 C 4).
Cette brochure destinée aux enseignants est une compilation reprenant notamment Joseph Odolant-Desnos, en corrigeant quelques-unes de ses erreurs mais en en reprenant d'autres, Jean Brière et Jean-Jacques Le Queu.
Devinant (Claude)/Faguier (Maurice) : Visages d'Alençon. 1969. (Archives municipales d'Alençon 38 C 9).
L'ouvrage de Claude Devinant, professeur d'histoire, et de Maurice Faguier, qui fut directeur du parc Élan, accompagné de nombreuses photographies, est surtout destiné à permettre aux touristes de découvrir Alençon et d'avoir un souvenir de leur passage dans notre ville.
Dargaud (Marius)/Gourhand (Jean) : Alençon. Cité des Ducs. 1973. (Archives municipales d'Alençon 38 C 68).
Ce petit livre de Marius Dargaud et de Jean Gourhand, archiviste du département de l'Orne de 1969 à 1979, est surtout constitué de photographies
Marius Dargaud est né le 2 décembre 1918 à Bourg-de-Thizy (Rhône). Entré aux Archives départementales de l'Orne le 1er octobre 1963, il prend sa retraite en 1984. Passionné d'histoire il signe différents ouvrages : Le tribunal de commerce en 1965, Images du vieil Alençon en 1973, Alençon en cartes postales anciennes en 1974, À la découverte du vieil Alençon et Anciens hôtels d'Alençon en 1975, À l'ombre de la tour couronnée en 1977, Le début de la révolution bourgeoise à Alençon. 1789-1790 en 1991, etc., et de nombreux articles.
Marius Dargaud, dont le franc-parler restera célèbre, qui a puissamment contribué à faire connaître Alençon aux touristes et aux Alençonnais, les "Dargaunautes", qu'il emmenait depuis 1970 chaque jeudi pendant l'été "à la découverte du vieil Alençon", est décédé dans sa ville d'adoption le 25 avril 1993.
Leroux (Philippe) : 2000 ans d'Alençon ou l'histoire d'Alençon en bandes illustrées. 1981. (Archives municipales d'Alençon 38 C 114).
Journaliste, l'auteur avertit que ce livre "ne peut être considéré comme un livre d'histoire. [Il est le] résultat d'un travail de journalistes qui ont mené leur enquête à travers livres, brochures, documents [et] journaux". Mais ce livre, dans lequel j'ai relevé une quinzaine d'erreurs, est "l'un des rares ouvrages consacrés au passé d'une ville sous une forme attrayante et populaire". Il s'agit en effet de bandes illustrées, réalisées par le dessinateur Gring, qui ont été publiées chaque semaine dans le journal L'Orne Combattante. "Les airs goguenards, ébahis, de ses petits personnages, les faciès exagérément cruels des "méchants", ou d'une naïveté outrancière chez les gentils héros, dénotent une conception philosophique de l'histoire quelque peu désabusée. D'où ces clins d'œil aux lecteurs ouvertement prévenus de l'accomodement avec lequel sont abordées les différentes phases chronologiques de la vie alençonnaise. [...] Inédit dans sa forme, [cet ouvrage est] propre à susciter chez les jeunes alençonnais une meilleure connaissance de leur patrimoine historique."
Devinant (Claude) : Alençon. 1987. (Archives municipales d'Alençon 38 C 146).
Dans cette petite brochure, Claude Devinant, professeur d'histoire, doute des affirmations de Joseph Odolant-Desnos en ce qui concerne l'origine et l'ancienneté de la ville et il faut signaler qu'il est le seul auteur à évoquer la deuxième moitié du XXe siècle et à s'interroger sur l'avenir.
Louise (Gérard) : Atlas historique des villes de France. Alençon. 1994. (Archives municipales d'Alençon 38 C 278).
Gérard Louise est né à Paris le 3 décembre 1952 de parents originaires du bocage revenus à Flers en 1955. D'abord professeur dans l'enseignement secondaire à Liévin (Pas-de-Calais), à Montivilliers (Seine-Maritime), à Pornic, au Mans et à Nantes, il poursuit une carrière universitaire comme maître de conférences d'histoire médiévale à l'université Michel-de-Montaigne de Bordeaux III, puis à Nantes. En 1976, il fait paraître son mémoire de maîtrise La dîme dans l'ouest ornais. Le professeur Lucien Musset écrit dans la préface : "Il n'en est que plus remarquable de voir G. Louise réussir pour la première fois, en recourant à trois ou quatre fonds d'archives, intelligemment rapprochés, une figuration cartographique descendant jusqu'au plus mince détail, de la consistance des "traits de dîme". Combien notre ancienne histoire foncière serait plus claire si nous disposions de beaucoup de croquis comme celui-ci! [...]". Gérard Louise, docteur ès lettres et président du Pays Bas-Normand depuis 1996, est décédé le 10 juillet 2001 à Vertou (Loire-Atlantique).
Dans le travail de Gérard Louise, qui conteste avec raison Joseph Odolant-Desnos en ce qui concerne les origines gauloises de la ville, j'ai relevé une trentaine d'erreurs.
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