• GUILLAUME TALVAS III, Fils de Robert II de Bellême, et son successeur aux comtés d'Alençon, du Sonno

    GUILLAUME TALVAS III, Fils de Robert II de Bellême, et son successeur aux comtés d'Alençon, du Sonnois, etc.

    (1112 à 1171.)

        Fils de Robert II de Bellême et d'Agnès de Ponthieu, Guillaume III, également surnommé Talvas, avait, dès 1105, succédé à sa mère au comté de Ponthieu. Son père s'empara sur lui de cette seigneurie et en conserva la jouissance jusqu'à l'époque de sa captivité; la grande jeunesse du fils semble, au reste, légitimer cette usurpation du père, qu'on pourrait plutôt regarder comme une tutelle, quoique les chroniqueurs du temps l'envisageassent sous un autre jour. 

        Au moment où Robert tomba au pouvoir de Henri, pour ne jamais recouvrer sa liberté, toutes ses seigneuries furent dévolues à son fils. Henri, voulant profiter de la cession que le roi Louis le gros avait été en quelque sorte contraint de lui faire, de la ville de Bellême et des domaines en dépendant, vint en faire le siège la dernière semaine d'avril 1113. il avait, dans ce dessein, réuni toutes ses forces à celles de Thibault, comte d'Anjou ; de son gendre, Rotrou III; de Foulques d'Anjou et d'un grand nombre d'autres illustres paladins et seigneurs des environs. Émery ou Haimeric, sire de villeray, commandait dans Bellême pour Guillaume, fils de Robert. Après des efforts incroyables, une lutte surhumaine et des flots de sang répandus, la ville et le château furent pris le 3 mai, après un siège de trois jours seulement. 

        Le donjon, nouvellement réparé, fut aussitôt rasé. Henri en possession de cette place, une des plus fortes du royaume, la donna à Rotrou, son gendre, comte du Perche, et depuis cette époque la famille des Talvas ne put jamais y rentrer.

        Henri, après la mort de son fils unique, Guillaume Adelin, noyé en passant de Normandie en Angleterre, le 25 novembre 1120, avait accordé la main de Mathilde, son unique fille légitime, veuve de l'empereur Henri V, à Geoffroy, surnommé Le Bel, comte d'Anjou, avec la promesse de plusieurs places fortes en Normandie pour dot. 

        Le beau-père, refusant de mettre son gendre en possession des châteaux promis, il en résulta une rupture. Guillaume Talvas, ami d'enfance et dévoué corps et âme au duc d'Anjou, devint suspect au roi, qui le fit citer à comparaître à sa cour. L'exemple de son père était trop récent pour lui permettre de tomber dans le piège. Au lieu d'obtempérer à la citation d'Henri, il se retira dans ses forteresses de Peray, Mamers et autres, qu'il avait dans le Sonnois, sous la protection du comte Geoffroy. Henri pour s'en venger, s'empara d'Alençon et d'Argentan, qu'il fit considérablement fortifier. 

        En vain Mathilde mit tout en œuvre; en vain elle eut recours aux prières et aux larmes pour réconcilier Talvas avec le roi son père, le monarque resta inflexible; la haine qu'il portait à la maison de Bellême était trop violente pour se relâcher en rien envers aucun membre de cette famille. Le roi Henri 1er étant mort le 1er décembre 1135, Guillaume de Bellême profita de la circonstance pour rentrer, les armes à la main, en Possession de ses domaines séquestrés en Normandie. Étienne, comte de Mortain, appuyé sur la loi des fiefs, se prétendant, à défaut d'hoirs mâles, héritier de son oncle, le roi d'Angleterre, s'empara de son trône. 

        Guillaume Talvas, chaud partisan de Geoffroy, époux de Mathilde, unique et légitime héritière de Henri, dont elle revendiquait la couronne, se trouva en opposition avec tous les plus puissants seigneurs du pays, savoir: Rotrou, comte du Perche; Richer, sire de L’aigle; le Seigneur de Claire ou Cleray; Jean de Neuville, évêque de Sées, ; celui de Lisieux et grand nombre d'autres illustres personnages qui avaient reconnu Étienne pour duc de Normandie; l'Alençonnais devint le théâtre de toutes les horreurs qui accompagnent une guerre civile. 

        L'année suivante, 1136, Talvas suivit le comte d'Anjou à son expédition dans le pays d'Hyesme contre les partisans de soit compétiteur, mais bientôt ses propres affaires le rappelèrent dans ses domaines, où il craignait une irruption de la part du comte Rotrou III, à qui Étienne avait donné Moulins-la-Marche, ainsi que de la part de Richer de L’Aigle, qui en avait reçu Bonsmoulins.

        Guillaume épousa Alice, fille du duc de Bourgogne et veuve du comte de Toulouse; il en eut trois fils et deux filles; l’aîné, nommé Guy, fut comte de Ponthieu; le second nommé jean, hérita du comté d'Alençon et des seigneurs du Sonnois et de Sées; le troisième nommé Philippe, mourut dans l'enfance et fut inhumé au chœur de l'église de l'abbaye de Saint-Martin de Sées.

        L’aînée des filles, nommée Adala ou Adèle, épousa Juhel, premier du nom, seigneur de Mayenne, dont sortit une nombreuse postérité; la seconde, nommée Helia, fut mariée en premières nom à Guillaume III, comte de Varennes, et en secondes à Patrice d'Évreux, comte de Salisbury, en Angleterre.

        Le comte d'Alençon profita de la paix qui survint pour prendre la croix. Louis VII, dit le Jeune, se préparait à partir pour la Terre sainte. Guillaume l'accompagna avec le comte de Ponthieu, son fils aîné. ils s'acheminèrent vers les champs de la Palestine l'an 1147. Arrivés à Éphèse cette même année, l'infortuné Talvas eut la douleur de perdre son fils, qu'une maladie grave enleva à son amour dans toute la fraîcheur de la jeunesse. Le portique de la grande église de cette antique et célèbre cité reçut les restes mortels de ce jeune paladin, qui y fut inhumé avec toute la pompe due à son rang.

        Au retour de cette expédition, dont l'issue fut si. fatale aux croisés, Guillaume se trouva en butte à de nouveaux malheurs. Henri II, dit Plantagenêt, alors roi d'Angleterre, exigea de lui la cession d'Alençon, de la Roche Mabile et des terres qui en dépendaient, sous prétexte d'y changer quelques coutumes abusives qui s'y étaient introduites sous la domination des Bellême, et dont il ordonna aussitôt la réforme. 

        L'an 1168, le jeune comte de Ponthieu, fils de Guy II, mort à Éphèse et petit-fils de Talvas, ayant refusé un passage sur ses terres à Mathieu, comte de Boulogne, qui venait au secours d'Henri II, alors en guerre avec le roi de France, Louis le jeune, le roi d'Angleterre, transporté de fureur, pénétra avec ses troupes dans le pays de Vimeu (Picardie), dépendant du comté de Ponthieu, y mit tout à feu et à sang : plus de quarante villages devinrent la proie des flammes. 

        Le roi de France, pour venger son vassal, entra en Normandie et brûla le château de Chêne brun; Henri, par représailles, se jeta sur les terres françaises et incendia à son tour les châteaux de Brézolles et de Châteauneuf-en-thymerais, appartenant tous deux à Hugues de Châteauneuf.

    Non content de cet acte de vengeance, il exerça encore ses fureurs et ses brigandages sur une partie du grand Perche. Affligé à l'excès des malheurs de son petit fils, Guillaume, hors d'état de lutter contre son puissant oppresseur, fut contraint de s’en tenir à une compassion stérile.

        La paix entre les deux rois ayant enfin succédé à tant de désastres, Henri en profita pour faire creuser de profondes tranchées qui séparaient la Normandie d'avec le Perche; les nombreux vestiges qui en restent du côté de Long pont, Moulins-la-Marche, Après, les Genettes et autres lieux, portent encore aujourd'hui le nom de Fossés le roi. 

        Ils sont une preuve évidente que, depuis la cession de Moulins au comte Rotrou III, les terres du Perche n'étaient plus bornées par la Sarthe, mais quelles rasaient le château de Sainte Scholasse et se prolongeaient jusque vers L’Aigle.

        Guillaume Talvas mourut le jour de saint-Pierre, 29 juin 1171. Les chroniqueurs ne sont pas d'accord sur le lieu de sa sépulture. Suivant des mémoires de l'abbaye de Perseigne, la chapelle Saint-Jean, de l'église de cette maison , aurait reçu sa dépouille mortelle, que d'autres mémoires de l'abbaye de Saint André en Gouffern, d'accord avec I'Histoire des grands officiers de la couronne, prétendent avoir été déposée dans le chœur de cette dernière église, du côté de l'épître.

    L'histoire ne reproche à ce seigneur aucun des actes de férocité dont s'était souillée sa famille du côté paternel. il fonda à lui seul plus de maisons religieuses que tous les Talvas ses prédécesseurs.

              1-En 114 5, il fit bâtir, dans sa forêt de Perseigne en Sonnois, une magnifique abbaye de l'ordre de Cîteaux.

    2- Dès l'an 1130, il avait fondé celle de Silly ou Saint André-en-Gouffern, et celle de Vignats;

    3- En 1138, celle de Valloires, en Picardie;

    4- En 1159, la grande et riche abbaye de Saint-Josseaux-Bois, sur les confins de l'Artois ;

    5- Les prieurés de Mamers et de la Cochère. Il donna de grands biens aux abbayes de Saint-Évroult et de Saint Martin de Sées.

    On lui connaît six enfants naturels :

    1er- Robert dit Samson, seigneur des Aulnaux ;

    2ème- Robert dit Garenne, seigneur de Garenne en Roullée;

    3ème- Hugues de Blerlay, seigneur de Cerisé, près Alençon;

    4ème- Robert dit de Neuilly, seigneur de Longray par son épouse;

    5ème- Jean d'Alençon, archidiacre de Lisieux, curé et archidiacre de Boitron;

    6ème- enfin, Jeanne d'Alençon, femme de Payen de Couesme, seigneur de Lucé.

    Il est le dernier des Talvas qui ait possédé le Bellémois .

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