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Aimé Forget, Manche / Orne
Aimé Forget, un illustre inconnu
Homme oublié de nos jours et, pourtant, il est l’auteur d’une invention digne d’intérêt.
Aimé Bernard Eugène Forget
est né le 20 mai 1837 à Saint-Laurent-de-Terregatte au lieu dit l’Angevinière. Il est le onzième enfant (sur quatorze) de Louis Jean Marie Forget et de Louise Françoise Jeanne Jaunet, un couple de cultivateurs.
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Le 17 juin 1863, ce cultivateur épouse une jeune ducéenne Angélique Catherine Georges domiciliée chez sa mère, commerçante du bourg et s’installe à Ducey, dans une maison située à proximité de l’église. Son épouse lui donnera cinq enfants :
– Louis Ambroise FORGET, né le 23 mai 1864
– Marie Angélique Auguste FORGET, née le 9 novembre 1866
– Aimé Charles Auguste, né le 28 novembre 1868
– Angélique Catherine FORGET, née le 10 décembre 1869
– Angèle Marie FORGET née 9 ans plus tard, le 14 février 1878 mais décède deux mois plus tard, le 27 avril 187.
Participant activement à la vie locale, Aimé FORGET devient conseiller municipal de 1870 à 1899 et, ce qu’on peut appeler un “distillateur-liquoriste”. Etudiant les contraintes techniques de l’élaboration de l’eau-de-vie, il met au point une invention fort curieuse…
L’invention FORGET
En 1863, Aimé Forget fonde à Ducey la“Cidrerie et distillerie des Montgommery” et travaille sur l’élaboration d’un nouveau procédé de distillation. Partant d’un constat que : “la distillation des eaux-de-vie faite d’une seule chauffe est généralement défectueuse”, il met au point “un appareil rectificateur à distillation intermittente et continue, pouvant s’adapter à toutes les chaudières au moyen duquel on obtient d’un seul jet le résultat de deux chauffes simultanées”. Cet appareil est breveté S.G.D.G le 17 février 1869. Aimé FORGET quitte sa maison pour s’installer Rue du Génie puisqu’il a choisi comme témoin pour l’enregistrement de l’acte de naissance de sa fille Angélique, un voisin Auguste TENCERE charron.
Le 14 novembre 1871, une commission de trois personnalités scientifiques se rend à Ducey pour étudier et faire fonctionner “l’appareil distillatoire portatif breveté d’invention de M. Forget”. Elle a été nommée par la Société Académique d’Avranches, composée de M. A.-M. Laisné, licencié ès-sciences, ancien professeur au collège Rollin et ancien principal du collège d’Avranches ; H. Cauquelin, pharmacien de première classe, membre du conseil d’hygiène et de salubrité d’Avranches et inspecteur de pharmacie ; et Besnou, pharmacien en chef de la marine en retraite..
Après l’observation et la démonstration de l’appareil, un rapport est rédigé dans lequel il est noté qu’il est “spécialement destiné à la conversion directe et immédiate des vins et des cidres en eau-de-vie ou alcool de 50 à 70° volumétriques”. Ils concluent par ces termes : “cette pièce est d’une simplicité remarquable”.
Un certain M. Besnou, qui a été témoin du fonctionnement de la machine, écrit un article le 16 juillet 1875 qui parait dans l’Annuaire des cinq départements de la Normandie publié par l’Association normande pour les progrès de l’agriculture, de l’industrie, des sciences et des arts :
« Il n’y a guère que deux industries agricoles à signaler dans nos campagnes : la fabrication des eaux-de-vie de cidre et celle du kirsch. Elles sont peu importantes, elles ont énormément diminué et elles tendent de plus en plus, par suite du prix des cidres, à disparaître.
Cependant, il faut reconnaître que les produits obtenus sont généralement meilleurs, et, à cet égard, il est bon de signaler ici un appareil à système nouveau présenté par M. Forget, de Ducey, qui donne des résultats convenables ? La distillation du cidre et la rectification des eaux-de-vie marchent de front, grâce à l’introduction intelligemment entendue d’un bain-marie rectificateur dans la cucurbite. Ce système que j’ai fait et vu fonctionner et sur lequel j’ai fait en 1872 ou en 1873 un rapport favorable, me semble devoir mériter la visite spéciale et la mise en marche devant l’Association entière ».
Aimé FORGET reçoit la même année, une médaille d’argent pour son appareil distillatoire et une autre pour son alcool distillé et rectifié.
Louis FORGET, fils, reprend le flambeau
Aimé FORGET rachète la maison de l’aubergiste Guy-Pierre Prunier située Rue du Génie, à proximité immédiate du Château dans laquelle il produit le “Calvados des Montgommery” et des cidres de table (1ers crus de l’Avranchin) puis cède l’affaire à son fils aîné, Louis. Le magasin de la distillerie se situe Rue Boishue.
Maison FORGET de la Rue du Génie, au premier plan, à droite.
Il est cité dans la revue mensuelle des intérêts pomologiques, en 1891, intitulée Le cidre et le Poiré.
« Les personnes qui achètent des pommes sont MM. FORGET de Ducey, GLORIET à l’Ile-Manière à Saint-Quentin-sur-le-Homme, et SAMSON près de la Gare à Avranches. Prix du cidre nouveau 140 à 160 fr le tonneau de 1 500 litres ».
Le 1er juillet 1896, Louis épouse à Saint-James, Marie Adélaïde Victorine Aimée DUBREUIL, fille d’un négociant de Saint-James Auguste DUBREUIL. Son cousin Louis FORGET, négociant et domicilié à SEES est témoin ainsi que son beau-frère Auguste DUBREUIL également négociant.
Louis Ambroise FORGET
et son épouse Marie Adélaïde Victorine Aimée DUBREUIL
Aimé FORGET continue ses recherches. Il rédige une lettre parue dans la Revue « Le Cidre et le Poiré » en 1898, dans laquelle on y apprend la remise d’un prix.
« Nous recevons de M. Forget la lettre savante que nous nous empressons d’insérer, en adressant nos cordiales félicitations à notre Collaborateur pour la récompense qui vient de lui être décernée:
« Monsieur le DIRECTEUR,
J’ai le plaisir de vous annoncer que le mode de greffage a l’aide du liège, a propos duquel j’ai fait un petit article pour la Revue au mois de février dernier, plaît beaucoup et est remarqué. Le Concours horticole, récemment tenu au Havre, m’a honoré d’une médaille d’argent offerte par la ville du Havre.
Non seulement le liège peut servir pour la greffe par incrustation, mais aussi pour l’écussonnage, il suffit d’interposer entre la plate faite par ce dernier et la ligature une petite lame de liège. J’ai la pleine conviction que tous ceux qui ont pris la peine d’essayer mon petit truc en sont enchantés.
Je profite de cette occasion pour vous faire connaitre que je puis encore en ce moment faire manger à mes bestiaux des mares de pommes ensilés depuis la récolte de 1893 et que les animaux en sont très friands. Ceci me parait propre à convaincre ceux qui n’ont pas encore essayé de cette excellente méthode.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, mes bien sincères salutations.
A.FORGET, de Ducey (Manche) ».
Le 29 mars 1909, Aimé FORGET s’éteint à son domicile de Ducey à l’aube de ses 72 ans. Sa femme Angélique GEORGES s’éteint quand à elle le 1er janvier 1923 dans sa 79è année.
Le 8 mai 1916, la femme de Louis, Marie DUBREUIL, décède. Il épouse le 21 janvier 1919 en seconde noce sa sœur Edwige Augustine DUBREUIL, sans profession, née à Saint James le 20 avril 1872. Un contrat de mariage est rédigé par BARBEDETTE suppléant de M. TISON notaire.
Quelques années plus tard, Louis revend son affaire et sa licence à Messieurs Mabit et Jardin qui installeront en février 1922, dans le parc du château, une distillerie de deuxième classe. Ces derniers rachètent la maison de la rue du Génie en 1931.
Il serait intéressant de poursuivre les recherches sur un certain Auguste FORGET entrepositaire de vin et de spiritueux, propriétaire d’une distillerie-cidrerie à Sées mais aussi sur Charles FORGET, maire de SEES afin de connaître les liens familiaux avec nos FORGET de Ducey.
Auguste FORGET SEES
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