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1204, la Normandie devint française
1204 : Le roi de France annexe la Normandie au domaine royal français ; c’en est fini de ce qui pouvait rester d’indépendance à la province au sein du vaste empire Plantagenêt. Cette annexion, rêvée par les rois de France depuis 1066, poursuivie opiniâtrement par Philippe-Auguste dès le début de son règne, a finalement été bien accepté des populations normandes.
Dès le XIIIe. siècle, l’administration française règne sur une province calme , à laquelle le roi d’Angleterre a officiellement renoncé en 1258. Au XIV siècle, de nombreux Normands occupent auprès du roi des postes importants et, si la Charte aux Normands reconnaît l’originalité de la province, le complot indépendantiste de Godefroi d’Harcourt ne trouve guère d’écho. Au XVe siècle, la Normandie occupée par les Anglais ne voit en eux ni des compatriotes ni des amis. La province se fond peu à peu dans l’unité française et accepte aisément la division révolutionnaire en cinq départements.Paradoxalement, c’est depuis le XIXe siècle que la conquête française a été la plus contestée. N’y aurait-il pas eu plus d’autonomistes normands depuis cinquante ans que pendant les sept siècles précédents ? Ce n’est qu’une des questions que pose ce livre qui, bousculant les idées reçues, donne de dix siècles d’histoire de la Normandie, une vue originale et pénétrante.
Auteur : Roget Jouet
Editions Mazarine..____________________________________________________
Comment le royaume de France a digéré la Normandie ?
La reddition de Rouen en 1204 au roi de France Philippe Auguste. Chronique de Normandie, vers 1460. Mandragore/BNF.
En 1204, le roi d’Angleterre Jean sans Terre perd la Normandie, l’Anjou et le Maine face aux armées du roi de France, Philippe Auguste. Le duché de Normandie devient un pays occupé. Philippe Auguste, installe des garnisons françaises dans les châteaux ; les baillis sont remplacés par des hommes nés en Île-de-France. Des nobles normands perdent leurs terres, confisquées par le roi vainqueur à son propre profit ou au bénéfice de ses fidèles.
Malgré ce traitement brutal, les Normands dans leur grande majorité, se soumettent à leur nouveau maître, sans manifester le désir de retourner sous la domination du roi d’Angleterre. Ils acceptent leur sort. Probablement parce que la domination des Plantagenêt commençait à peser lourd : sous les rois Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, les guerres continuelles avec le voisin français assombrissaient le quotidien pendant que le financement des fortifications (Château-Gaillard par exemple) et de mercenaires alourdissaient la fiscalité.
Quelques dizaines d’années plus tard, le régime d’occupation s’assouplit. La suspicion des rois de France à l’égard des Normands s’évanouit. De plus de plus de baillis d’origine normande sont nommés. En 1313, le chambellan et ministre des finances du roi Philippe le Bel n’est autre qu’un seigneur du Vexin normand : Enguerrand de Marigny. Une dizaine d’années plus tard, une autre figure régionale, Robert Bertrand, est nommée maréchal du royaume. Les Normands sont parvenus au pied du trône.
La proximité géographique et l’unité linguistique expliquent la facilité de ce rapprochement franco-normand. Mais, au-delà de ces facteurs naturels, soulignons le rôle des rois de France, notamment le populaire saint Louis, qui ont su ménager les Normands en écoutant leurs plaintes et en leur reconnaissant quelques parcelles d’autonomie. L’attachement au souverain est déterminant dans la fidélisation des Normands, à une époque où le sentiment national ne contribue pas encore à cimenter le royaume.
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