• Evêques de Sées à Fleuré

     Evêques de Sées à Fleuré

    texte integrale Le manoir des évêques de Sées à Fleuré 

    Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2007

    Le village de Fleuré est situé au centre du diocèse de Sées, à environ 7 kilomètres au sud d’Argentan et à 19 kilomètres au nord-ouest de Sées. Le relief, à peine ondulé, est issu du contact de la plaine calcaire d’Argentan et d’une avancée du massif armoricain et du socle cadomien de grès. Un infime ruisseau coule d’est en ouest à la frange méridionale du village. Depuis le XVIIIe siècle, de nombreuses trouvailles archéologiques démontrent l’ancienneté de l’occupation à Fleuré et dans la région, alors que les sources écrites n’attestent Fleuré (Flureium) qu’à partir de 1093. On soupçonne une christianisation assez précoce. Mais la microtoponymie liée à la végétation, les étroites parcelles laniérées et un habitat concentré à Fleuré et dans quelques hameaux au sud plaident peut-être pour des installations et une mise en valeur tardives d’un terroir médiocre.

     Evêques de Sées à Fleuré


    5 L. Hommey, Histoire générale ecclésiastique et civile du diocèse de Sées, ancien et nouveau, et du (...)

    6 Gallia Christiana, XI, col. 706.

    7 Travaux entre 1512 et 1539 par Jacques de Silly et par Jacob Camus (1614-1650), Gallia Christiana,(...)

    8 Cadastre de 1823, ADO, 3 P2170.

    9 ADO, G 7 fo 104-118.

    2Les possessions des évêques de Sées, domaine et manoir, ont laissé peu de traces et n’ont jamais fait l’objet de développements dans les travaux anciens5. La tradition rapporte les vicissitudes du manoir qui connut alternance d’importants travaux de restauration au début du XVIe siècle puis ravages par les Huguenots en 1568 et reconstruction au XVIIe siècle6 avant la destruction totale en 17847. La vaste parcelle en herbage qui subsiste, à l’ouest de l’église, figure déjà sur le cadastre de 1823 avec la seule mention « ruine du château »8. Les sources médiévales sont maigres : trois chartes épiscopales et l’aveu de 1458. L’état du manoir tel qu’il peut être restitué à partir d’un inventaire réalisé entre 1700 et 1704 révèle des structures qu’on peut attribuer au Moyen Âge9.

     

    Les premiers temps de la résidence

    Entrée dans le temporel

    10 Charte de 1131 éditée dans C. Haskins, Norman Institutions, Cambridge, Harvard University Press, 1 (...)

    11 Les remarques concernant l’histoire mouvementée de l’évêché de Sées au XIe siècle sont empruntées (...)

    12 Vers 1025, le duc Richard II souscrit la charte par laquelle Guillaume de Bellême dote de prébende (...)

    3Les origines du temporel de l’évêché de Sées sont très mal connues et il n’existe aucune source directe pour en tenter une évaluation et ses avatars avant le XIIe siècle. C’est en 1131, sous l’épiscopat de Jean de Neuville, que le roi Henri Ier confirme les domaines de Fleuré (villam de Floreii) et de Saint-Fulgent (villam Sancti Frogentï) comme appartenant à l’Église de Sées de toute antiquité (que omnia antiquitus tenuit)10. À quand faire remonter cette propriété épiscopale ? Les études récentes sur l’évêché de Sées soulignent le vaste mouvement d’usurpation de biens ecclésiastiques effectué dans le premier tiers du XIe siècle par la famille de Bellême11. L’évêché et l’abbaye Saint-Martin ont vu s’amenuiser leurs biens déjà touchés par des usurpations laïques, dès le VIIIe siècle. Mais à partir de 1025, s’instaure un mouvement de restitutions inauguré par Guillaume de Bellême qui crée le chapitre cathédral de Sées et le dote de terres, églises et revenus financiers12. La charte d’Henri Ier, outre la confirmation des domaines épiscopaux, est en partie consacrée à la confirmation du chapitre de Sées et de ses biens. L’entrée de Fleuré dans le temporel pourrait, à tout le moins, être contemporaine de la création du chapitre en 1025. Mais on pourrait aussi envisager une entrée un peu plus tardive sous l’épiscopat d’Yves de Bellême (1032/1047-1070), que le chroniqueur Orderic Vital décrit comme un évêque pacifique et bon qui encouragea ses parents, ses fidèles et ses vassaux à faire des donations aux établissements ecclésiastiques, dont Saint-Martin de Sées. Il pourrait avoir doté son église cathédrale en puisant dans les biens de la famille dont il est devenu le chef en 1048/1049. Certains historiens ne sont pas loin de considérer que les donations d’Yves, devenu seigneur de Bellême, sont des restitutions déguisées. Cette hypothèse d’une donation par Yves de Bellême se heurte cependant à certains indices qui prouveraient que l’episcopium de Sées serait resté entre les mains de la famille de Bellême. Une concession du duc Richard II à Guillaume Ier de Bellême, vers 1025, est rappelée par Robert II de Bellême à la fin du XIe siècle, puis obtenue du duc Robert Courteheuse, en 1101 et 1104. Mais les domaines concernés sont inconnus ; il s’agirait de biens situés dans la plaine et la forêt d’Écouves.


    13 Gallia Christiana, XI, col. 687.

    4La charte de 1131 ne permet pas d’aller plus avant. Néanmoins l’hypothèse d’une donation par Yves de Bellême paraît la plus probante. En effet, les domaines considérés, Fleuré et Saint-Fulgent, ne semblent pas être entrés récemment dans le temporel si on considère que la formule que omnia antiquitus tenuit fait remonter la donation à plus d’une génération. La confirmation de 1131 est sans doute une assurance demandée par l’évêque Jean de Neuville, en butte aux exactions du comte du Perche, Guillaume Talvas, de la même façon que son prédécesseur Serlon (1091-1123) avait eu maille à partir avec la famille de Bellême qui continuait à s’en prendre aux biens de l’église13.

     

    14 X. Rousseau, Dictionnaire du Pays d’Argentan, III.

    15 ADO, H 5340.

    16 D’après l’enquête ordonnée par Henri Ier en 1172 et suivant l’aveu et dénombrement de 1458 (Arch, (...)

    17 Pouillé de 1335, dans A. Longnon, Pouillés de la province ecclésiastique de Rouen, Paris, Klincksi (...)

    18 Arch. nat., X 1A 6 fo 330 vo.

    5L’évêque ne posséda jamais la totalité du territoire paroissial, dont une partie doit être tenue par une famille attestée en 1093, lorsqu’un nommé Robert de Fleuré est témoin de la charte d’établissement du prieuré de La Ferté-Macé14 ; un seigneur de Fleuré, Herbert, est encore attesté en 1284 lorsque, sur la demande de l’évêque Lisiard, il est reçu dans la maison de l’Hôpital Saint-Jean de Sées15. Pour le fief de haubert que forme la baronnie, l’évêque doit le service d’un chevalier16 La nomination du desservant de la paroisse appartient au chapitre cathédral de Sées17. D’après une notification royale de 1333, l’évêque de Sées n’a jamais possédé dans la baronnie de Fleuré que la basse-justice, alors que la haute-justice appartenait au roil18. Si nous considérons que ces informations sont relativement complètes et fiables, il convient de noter la maigreur des droits des évêques de Sées dans la paroisse de Fleuré. En dépit de cet état de fait, ils ont fait de Fleuré leur résidence secondaire favorite.

     

    Les premiers aménagements

    19 ADO, H 12.

    6Le premier indice d’un séjour, et par là de l’existence probable d’une résidence des évêques de Sées à Fleuré, date des environs de 1200, lorsque l’évêque Lisiard (1188-1201) y préside à une donation en faveur de l’abbaye d’Ardenne19.

     

    20 Robert de Torigni, Chronique, L. Delisle (éd.), Rouen, Le Brument – Métérie, 1872-1873, II, p. 130

    7À qui faut-t-il attribuer la construction de la résidence primitive des évêques de Sées à Fleuré ? Yves de Bellême pourrait bien avoir entrepris cette oeuvre. Il s’est consacré à la restauration de son évêché et a mis en chantier la reconstruction de la cathédrale de Sées. Comme certains prélats contemporains, Geoffroy de Montbray et Odon de Conteville, il est allé en chercher le financement en Italie et à Constantinople. Ces fonds ont pu être, en partie, utilisés pour doter décemment le temporel épiscopal de résidences dignes du tenant du siège de Sées. Un des successeurs d’Yves, Froger (1158-1184), pourrait avoir été à l’origine de cette initiative, à moins qu’il n’ait parfait et complété les oeuvres commencées par son prédécesseur. Robert de Torigni ne donne pas de détails sur les réalisations de cet évêque mais signale qu’il laissa d’immenses richesses :... qui multutn emendavit matrem ecclesiam et totum dominicum suutn. Reliquit etiam numerisas divitias in auro et argento, sibi non profuturns20.

     

    21 Les parties les plus anciennes de l’église ne sont pas antérieures au XIIe siècle : portail occide (...)

    8Il est tout à fait vraisemblable que la résidence primitive se tenait là où elle est encore attestée au XVIIIe siècle, au sud du village de Fleuré, à l’ouest de l’église dont elle est séparée par l’actuelle route d’Argentan à Carrouges (fig. 12). Cette intimité avec le lieu de culte dont on soupçonne l’ancienneté pourrait s’expliquer par une installation, alors que l’habitat ne s’était pas encore cristallisé autour de l’église21.

     

    Une résidence mal documentée

    La fréquentation

    22 C. 1200, ADO, H12.1284, ADO, H 5340.1290, ADO, H1986.

    23 ADO, H 5440.

    24 F. Neveux, « La ville de Sées et le duché d’Alençon au XVe siècle », Bulletin de la Société histor (...)

    25 ADO, H 3376.

    9Les sources médiévales ne fournissent que quatre attestations de séjours épiscopaux à Fleuré, dont trois occurrences au XIIIe siècle. Aux environs de 1200, l’évêque Lisiard y est témoin d’une charte en faveur de l’abbaye d’Ardenne ; en 1284 et en 1290, l’évêque Jean de Bernières y délivre deux chartes22. Entre le milieu du XIVe siècle et la fin du XVe siècle, la résidence de Fleuré a connu de longues périodes où l’on soupçonne qu’elle fut délaissée par les prélats. Entre 1356 et 1364, le village est occupé par les compagnies navarraises et l’insécurité qui en résulte doit rendre dangereux le voyage depuis Sées23. Entre 1433 et 1444 et entre 1478 et 1493, le siège épiscopal est l’objet d’affrontements entre deux candidats que l’on voit mal fréquenter les résidences rurales24. En 1495, l’évêque Gilles de Laval retrouve le chemin de Fleuré où il approuve et confirme une donation faite par Marie d’Alençon, abbesse d’Almenèches25. Jamais aucune des chartes évoquées ci-dessus ne mentionne la résidence d’une façon ou d’une autre. Seule la charte de 1284 signale qu’elle a été faite entre les lions (inter leones).

     

    Une histoire troublée

    26 ADSM, G 2127 fo 64 : « ... quod dicta ecclesia Sagiensis est pro presenti ocasione guerrarum modic (...)

    27 ADO, 1 G1, Compte de Richard Gallet, receveur du temporel de l’évêché de Sées (1461-1463).

    10Entre le milieu du XVe siècle et 1784, la résidence de Fleuré a connu de nombreux avatars, qui ont progressivement oblitéré la résidence médiévale. En 1434, le nouvel évêque, Jean Chevalier, prétend que la guerre a amoindri la valeur de l’évêché et que de lourdes réparations sont à effectuer26. En 1461-1462, la baronnie de Fleuré ne rapporte que 146 livres27. Cette somme dérisoire est significative du délabrement des revenus épiscopaux et pourrait expliquer qu’aucune entreprise d’envergure n’ait été mise en oeuvre pour remettre en état une résidence quasi à l’abandon.

     

    L’aménagement de l’espace (fig. 12)

    28 25 arpents en 1700 et 15 acres en 1791, ADO, 1 Q 792, mise en vente des biens du clergé.

    11Il faut sans doute considérer comme remontant aux origines du domaine la très vaste emprise du complexe qui occupe un peu plus de 12 hectares à l’ouest de l’église28. Le cadastre de 1823 a conservé l’empreinte d’un espace fractionné en sous-ensembles composé de grandes parcelles quadrangulaires bâties ou non bâties. Ces sources n’apportent pas de précisions sur la nature de la clôture, mais on n’y décèle aucun vestige ou indice d’éléments de défense.

     

    29 Les parcelles 11 à 13 sur le cadastre de 1819 sont dénommées « vivier » et « herbages du vivier ».

    12L’espace non bâti tel qu’il apparaît dans l’inventaire de 1700-1704, relayé par le cadastre de 1823, semble avoir conservé des dispositifs qu’on peut légitimement attribuer au Moyen Âge. Les évêques ont fait aménager immédiatement aux portes de l’enclos résidentiel un espace boisé, clos de murs, qui couvre environ 10 hectares. Ses faibles dimensions et l’absence de documentation ne permettent pas de le qualifier de parc à gibier, mais on y a aménagé une garenne (« lapinière »), un enclos à gibier à plume (« perdrière ») et un plan d’eau. Il n’est cependant pas raisonnable d’affirmer avec certitude que le « pavillon » et la « galerie » sont des structures d’origine médiévale. Au nord de l’enclos, mais à l’extérieur de l’enceinte, se trouvait un vivier29.

     

    30 Arch. nat., P 306 fo 0109 vo.

    31 D’après É. Desvaux-Marteville, à partir du XVIe siècle dans le Perche, les colombiers ont été éloi (...)

    13Le reste de l’enclos est divisé en plusieurs cours. La basse-cour, au sud de l’enclos résidentiel, abrite la maison du fermier et des bâtiments d’exploitation : grange, étable, écurie, puits, four et colombier (« fuye »). Ces deux derniers bâtiments sont déjà mentionnés dans l’aveu de 145830. Mais le colombier médiéval pourrait avoir disparu de son emplacement primitif, et avoir été transféré dans la basse-cour où il ne se présente plus que sous la forme d’une volière31. Autour du logis, sont disposés un jardin, un verger et deux autres cours, où ont été élevés des bâtiments directement liés au train de vie de la résidence (chenil, bûcher, écuries et remises).

     

     

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    Fig. 12 – Le site du manoir au début du XIXe siècle (cadastre ADO, 3 P2-170/5)

     

    Hypothèses concernant les plus anciennes structures médiévales

    32 La charte de 1284 (ADO, H 5340) nous est parvenue sous la forme d’une copie non datée sur papier r (...)

    33 A. Salamagne a souligné l’importance symbolique du programme architectural et décoratif de la port (...)

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    35 Les perrons sont des structures extérieures en pierre au bas de l’escalier d’accès à la grande sal (...)

    36 ADO, G 7 fo 118.

    14La structure la plus ancienne du manoir pourrait être révélée par la charte de 1284 qui précise qu’elle a été faite entre les lions (inter leones). Si nous considérons que la copie de la charte transcrit fidèlement l’original, il faut s’interroger sur cette formule32. Elle évoque des statues de lions qui sont au Moyen Âge un fort symbole de souveraineté, de pouvoir, de sagesse et de justice ; la scène finale de la cérémonie d’établissement de la charte se serait déroulée solennellement entre des statues de lions. Mais à quelle structure appartenaient-elles ? Au porche d’entrée de la résidence qui était un endroit privilégié pour y prononcer les jugements et les sentences et faire connaître les décisions seigneuriales33 ? À l’entrée de la chapelle34 ou sur un perron de justice porté par des statues de lions tel celui qui existait au château de Coucy35 ? Dans ce cas, nous pourrions être aux portes du logis, au pied du degré qui monte à la grande salle. Il est tentant de rapprocher la formule de 1284 de la mention que font les architectes, en 1700-1704, de « deux figures de lions inutiles » dans le parc36. Si ces lions sont tout ce qui reste des dispositions médiévales, il faut peut-être en déduire que certaines structures du XIIIe siècle (chapelle, entrée d’honneur, voire logis) ont entièrement disparu et que les travaux des XVe et XVIe siècles ont consisté en une reconstruction totale dans une autre partie de l’enclos.

     

    Le manoir médiéval d’après les sources modernes

    Le manoir dans son dernier état vers 1700 (fig. 13)

    15Le dernier état connu du bâti (bâtiments d’exploitation agricole, maison du fermier et bâtiments du pôle résidentiel), trois fois restauré avant sa destruction en 1784, peut être restitué de façon plausible à partir de l’inventaire de 1700-1704. Les mentions précises des dimensions en longueur et en largeur des principaux bâtiments d’habitation permettent, pour chacun, une reconstitution en plan alors que restent dans l’ombre les élévations, la position des bâtiments les uns par rapport aux autres et leur imbrication dans les espaces non bâtis et tout détail concernant des éléments du décor est absent.

     

    16Les bâtiments du pôle résidentiel disposés autour d’une cour sont au nombre de trois « sous différents faîtages » et cette formule désigne des édifices non attenants les uns des autres et, sans doute, de hauteurs différentes. Un des angles de la cour est occupé par deux bâtiments accolés en équerre de part et d’autre d’un « pavillon », et l’ensemble paraît très hétérogène.

     

    37 La cuisine, son office et un garde-manger, et la « prison ». Il faut peut-être se garder d’interpr (...)

    38 1 sur le plan, art. 37 à 52 de l’inventaire.

    17L’entrée est ménagée dans un bâtiment rectangulaire, long de37 mètres, large de 8,75 mètres et d’orientation nord-sud38 ; le pavillon est inclus dans la description de ce bâtiment. Du portail d’entrée nous savons seulement que les quatre angles du plafond sont ornés de têtes de cerf sculptées. De part et d’autre de ce portail se répartissent des pièces de services. D’un côté, on trouve une « chambre froide », un cabinet et un charbonnier ; de l’autre côté, se succèdent la chambre du portier, un fournil et une chambre au rez-de-chaussée du « pavillon ». Le premier étage est entièrement occupé par une galerie, prolongée par une chambre avec antichambre, vraisemblablement installées au premier étage du « pavillon ». Le bâtiment est couvert de tuiles.

     

    39 3 sur le plan, art. 29 à 36 de l’inventaire.

    18Adossé au pavillon, en retour d’équerre par rapport au bâtiment précédent on trouve un deuxième bâtiment. D’orientation est-ouest, il est long de 21 mètres et large de 8,5 mètres39. Au rez-de-chaussée, se succèdent des pièces à usage servile 39. Le premier étage contient une chambre dans le « pavillon », une salle et une chapelle. L’ensemble, pavillon et bâtiment adjacent, est doté d’une couverture d’ardoises.

     

    40 Art. 51, « cabinet » que les textes médiévaux désigneraient par le terme « estude ». Cette pièce à (...)

    19La circulation verticale de ces trois bâtiments est assurée par un escalier dont la tour est édifiée dans l’angle. L’escalier se prolonge dans une tourelle secondaire, accolée en surplomb à la tour principale, et débouche dans un « cabinet » logé au sommet de celui-ci40.

     

     

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    Fig. 13 – Hypothèse de reconstitution du pôle résidentiel du manoir dans son dernier état en 1704 (d’après l’inventaire de 1704, ADO, G 7 f° 104-108)

     

    41 4 sur le plan, art. 1 à 28 de l’inventaire.

    42 « Dongeon : c’est un lieu élevé au haut d’une maison et qui est comme une espèce de petit cabinet  (...)

    20La compréhension des dispositions du troisième bâtiment est plus délicate41. Il est long de 33 mètres et l’inventaire lui donne, sans plus de précisions, deux dimensions en largeur : 8,7 et 13 mètres. L’interprétation de ce détail est malaisée. On peut avancer deux hypothèses de reconstitution. La plus grande largeur désignerait soit un corps central en saillie soit une ou deux ailes latérales, elles aussi en saillie. Cette avancée serait alors la structure désignée dans l’inventaire par le terme « donion »42, qui contient un grand escalier et la « chambre de l’horloge ». Ce bâtiment est élevé sur trois niveaux. Au rez-de-chaussée, on compte sept pièces : salles à usage servile (bûcher, chambre du concierge et chambre froide) et salles d’apparat (chambre, salon, salle et petite salle). Le premier étage est entièrement occupé par quatre pièces nobles (deux chambres, salle à manger et chambre de l’évêque). Au troisième étage, on compte quatre chambres.

     

    Hypothèses concernant les structures médiévales

    21La reconstitution du manoir de Fleuré ne peut être que très partielle. Outre les dispositifs mal documentés ou passés sous silence, certains n’ont pu être localisés, faute de mentions dans la suite du texte, en particulier une seconde tour d’escalier et sa tourelle secondaire, mentionnées dans le préambule. Les dispositifs de la galerie sont largement inconnus, à l’exception de la couverture de tuiles. Enfin, l’imprécision des éléments dont nous disposons en ce qui concerne le troisième bâtiment ne permet pas d’y déceler autre chose que les caractéristiques d’un édifice résidentiel du XVIIe siècle.

     

    22En revanche, le complexe en L, dans un angle de la cour, pourrait bien révéler des dispositions d’origine médiévale. Il forme un tout, possédant toutes les composantes d’un logis aristocratique. Les pièces à usage domestique sont au rez-dechaussée, alors que l’étage est réservé aux fonctions nobles publiques ou semipubliques (salle, chapelle, galerie) et privées (chambre, « étude »).

     

    23Ce manoir tel que nous l’appréhendons, dans son ensemble, possède toutes les caractéristiques d’un de ces manoirs compacts, où toutes les fonctions, domestiques et nobles, sont réunies dans un bloc compact, au lieu d’être dispersées dans des bâtiments distincts.

     

    24Cependant, le complexe, tel qu’on peut le reconstituer, frappe par son hétérogénéité. Celle-ci est flagrante, en particulier en ce qui concerne les matériaux de couverture, et en conséquence le profil des toitures. Nous devons envisager un toit moins pentu pour la galerie, couverte de tuiles, que pour le bâtiment adjacent et le pavillon, couverts d’ardoises.

     

    25L’observation du plan d’ensemble donne l’impression d’une juxtaposition successive des différents éléments.

     

    26Il est tentant d’avancer que le « pavillon » a été la structure initiale et nous proposons d’y voir une tour, peut-être carrée, d’au moins deux étages sur un rez-dechaussée et possédant une pièce par niveau. À cette tour s’est greffé, contemporain ou postérieur, le logis qui se prolonge dans la tour. Enfin, en une ou deux étapes, le logis a été doté d’une tour d’escalier et d’une galerie.

     

    27L’évaluation de la période pendant laquelle ce logis a pu être mis en place se heurte à l’ancienneté et à la longue durée de ce type de dispositifs, aussi bien dans les maisons urbaines que dans les manoirs ruraux, entre le XIIe siècle, au moins, et le XIVe siècle.

     

    28La même incertitude existe à propos de la galerie : les galeries, galeries-couloirs ou galeries à vocation résidentielle sont d’un emploi ancien qui les intègre au programme architectural, où elles jouent un rôle décisif. Les galeries peuvent unir des éléments hétérogènes et disparates de la résidence ou ménager des vues sur le paysage. Il ne suffit pas de constater la systématisation de ce dispositif à partir du XVe siècle pour conclure à l’édification de la galerie de Fleuré au début du XVIe siècle. Si on ne peut pas affirmer que la galerie du château de Fleuré unissait les appartements privés à un espace non identifié, on peut penser qu’elle ménageait une vue sur la cour et sur des jardins ou des vergers.

     

    29Quant à la tour d’escalier et à sa tourelle secondaire débouchant sur une étude, son aménagement ne peut être antérieur à la seconde moitié du XIVe siècle, qui a vu ce nouveau mode de circulation verticale supplanter les escaliers extérieurs d’accès à l’étage noble.

     

    30La conclusion ne peut être qu’extrêmement prudente. En l’absence de certitudes nous considérerons que le logis de Fleuré a connu, à partir de la seconde moitié du XIVe siècle, un certain nombre de remaniements qui en ont fait un logis au goût du jour. Malgré l’indigence des sources on peut tenter de cerner la période pendant laquelle des travaux ont pu intervenir. Au XVe siècle, les sources écrites démontrent le dénuement de l’évêché. En 1434, le candidat au siège épiscopal, Jean Chevalier, souligne la pauvreté et le délabrement des biens de l’évêché et la nécessité d’entreprendre de grandes réparations. En 1461-1463, les maigres revenus ne permettent sans doute pas de telles entreprises. Au vu des édifices encore en place au début du XVIIIe siècle, il faut sérieusement nuancer la tradition d’une reconstruction totale au bénéfice de remaniements d’un noyau plus ancien.

     

    Conclusion

    31Le manoir de Fleuré a été implanté près de l’église, mais il n’est pas possible, étant donné l’absence de sources, d’envisager l’existence d’une chapelle castrale devenue église paroissiale. Les dates de l’entrée du domaine et de la construction du manoir primitif sont inconnues et ne peuvent être que l’objet d’hypothèses incertaines. En tout état de cause, la première attestation d’un séjour épiscopal n’est pas antérieure aux environs de 1200.

     

    32Les lacunes des sources médiévales et l’absence de tout vestige sur le terrain nous ont contrainte à solliciter abondamment les sources modernes avec tout ce que cela implique d’incertitudes. Ces précautions étant prises, il nous a semblé que le manoir de Fleuré pouvait ressortir de la catégorie des maisons plates aux enclos distendus et fractionnés, dépourvus de structures de défense. À Fleuré, l’espace réservé aux bâtiments de la résidence est composé d’au moins une cour et de jardins ; le logis ayant vue sur les deux.

     

    43 Dans l’aveu de 1458, le logis de Laleu est qualifié de « masures » (Arch, nat., P 306 fo 111).

    33Les bâtiments à usage agricole sont nettement séparés du pôle noble et se déploient dans un enclos adjacent. Le logis compact primitif ( ?) a été tardivement restructuré, au début du XVIe siècle, par l’adjonction de structures conformes aux nouvelles exigences de la vie aristocratique (tour d’escalier, galerie ?). À cette date, les évêques de Sées ont privilégié, conjointement à la rénovation de leur résidence urbaine, la restauration du manoir de Fleuré, alors que les deux séjours de SaintFulgent-des-Ormes et de Laleu voyaient abolie leur vocation résidentielle43.

     

    NOTES

    1 Orne, arrondissement d’Argentan (fig. 2, p. 38).

     

    2 F. Doré, Guides géologiques régionaux. Normandie, Paris, Masson, 1977, p. 128-129.

     

    3 Dédicace de l’église à Notre Dame et plaques-boucles qui proviendraient d’un cimetière datées du VIIe siècle.

     

    4 Boulaye, Le Boiset, Le Chêne, Les Touches, Bas de Losier, Bruyère de la Coudraie, Les Landes, Le Plessis, Le Frêne, les Rochers, cadastre de 1823 (ADO, 3 P2170) et Nomenclature des hameaux, écarts et lieux-dits du département de l’Orne, Rouen, INSEE, 1961.

     

    5 L. Hommey, Histoire générale ecclésiastique et civile du diocèse de Sées, ancien et nouveau, et du territoire qui forme aujourd’hui le département de l’Orne, Alençon, Renaut de Broise, 1898-1900 ; H. Marais, H. Beaudouin, Essai historique sur la cathédrale et le chapitre de Sées, Alençon, Impr. de C. Thomas et L. Mention, 1876 ; M. Maurey d’Orville, Recherches historiques sur la ville, les évêques et le diocèse de Séez, Sées, Brée, 1829 ; A. Vallet, « Notice abrégée sur les évêques de Sées », Annuaire administratif de l’Orne pour l’année 1870, 2e partie, p. 29-64.

     

    6 Gallia Christiana, XI, col. 706.

     

    7 Travaux entre 1512 et 1539 par Jacques de Silly et par Jacob Camus (1614-1650), Gallia Christiana, XI, col. 702 et 706 et L. Tabourier, « Le château de Fleuré, maison de plaisance des évêques de Sées », Le Pays d’Argentan, 1935, p. 45-53 et 90-98. Au début du XVIIIe siècle, le château n’est plus habité que par un concierge et son fils, garde-chasse, qui exploitent les terres, ADO, G 7 fo 104. Autorisation royale de détruire le vieux château en 1784, ADO, 1 G 9.

     

    8 Cadastre de 1823, ADO, 3 P2170.

     

    9 ADO, G 7 fo 104-118.

     

    10 Charte de 1131 éditée dans C. Haskins, Norman Institutions, Cambridge, Harvard University Press, 1918, p. 300-302.

     

    11 Les remarques concernant l’histoire mouvementée de l’évêché de Sées au XIe siècle sont empruntées à l’ouvrage de G. Louise, « La seigneurie de Bellême (Xe-XIIe siècles) », Le Pays bas-normand, 199-200, 1990, 201-202,1991, p. 118-150, 294, 396 et 407. Tout ce qui concerne l’oeuvre de l’évêque Yves de Bellême s’inspire de l’article de J. Decaëns, « L’évêque Yves de Sées », in Les Évêques normands du XIe siècle (Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 1993), P. Bouet, F. Neveux (dir.), Caen, Presses universitaires de Caen, 1995, p. 117-138.

     

    12 Vers 1025, le duc Richard II souscrit la charte par laquelle Guillaume de Bellême dote de prébendes le chapitre de la cathédrale de Sées qu’il vient de créer, il lègue aussi à sa mort le bourg de Sées à l’évêque (M. Fauroux, « Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066) », MSAN, XXXVI, 1961, p. 123-124).

     

    13 Gallia Christiana, XI, col. 687.

     

    14 X. Rousseau, Dictionnaire du Pays d’Argentan, III.

     

    15 ADO, H 5340.

     

    16 D’après l’enquête ordonnée par Henri Ier en 1172 et suivant l’aveu et dénombrement de 1458 (Arch, nat., P 306 fo 109 vo-112 vo) et J. Boussard, « L’enquête de 1172 sur les services de chevalier en Normandie », in Recueil de travaux offerts à Clovis Brunei, Paris, Société de l’École des Chartes, 1955, p. 193-208.

     

    17 Pouillé de 1335, dans A. Longnon, Pouillés de la province ecclésiastique de Rouen, Paris, Klincksieck, 1903, p. 224.

     

    18 Arch. nat., X 1A 6 fo 330 vo.

     

    19 ADO, H 12.

     

    20 Robert de Torigni, Chronique, L. Delisle (éd.), Rouen, Le Brument – Métérie, 1872-1873, II, p. 130.

     

    21 Les parties les plus anciennes de l’église ne sont pas antérieures au XIIe siècle : portail occidental orné de bâtons brisés et chapiteau à godrons.

     

    22 C. 1200, ADO, H12.1284, ADO, H 5340.1290, ADO, H1986.

     

    23 ADO, H 5440.

     

    24 F. Neveux, « La ville de Sées et le duché d’Alençon au XVe siècle », Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne, 1989, Marguerite de Lorraine et son temps (Actes du colloque d’Alençon, 1988), p. 53-73 ; C. Allmand, « L’évêché de Sées sous la domination anglaise au XVe siècle », AN, 1961,4, p. 301-307.

     

    25 ADO, H 3376.

     

    26 ADSM, G 2127 fo 64 : « ... quod dicta ecclesia Sagiensis est pro presenti ocasione guerrarum modici valons spoliata bonis indigens magnis et sumptuosis reparationibus... ».

     

    27 ADO, 1 G1, Compte de Richard Gallet, receveur du temporel de l’évêché de Sées (1461-1463).

     

    28 25 arpents en 1700 et 15 acres en 1791, ADO, 1 Q 792, mise en vente des biens du clergé.

     

    29 Les parcelles 11 à 13 sur le cadastre de 1819 sont dénommées « vivier » et « herbages du vivier ».

     

    30 Arch. nat., P 306 fo 0109 vo.

     

    31 D’après É. Desvaux-Marteville, à partir du XVIe siècle dans le Perche, les colombiers ont été éloignés de la résidence pour neutraliser les nuisances qu’ils provoquaient (« Les manoirs du Perche : d’une image littéraire à la réalité archéologique », AM, III-IV, 1973-1974. p. 379).

     

    32 La charte de 1284 (ADO, H 5340) nous est parvenue sous la forme d’une copie non datée sur papier réalisée vraisemblablement au XVIIIe siècle.

     

    33 A. Salamagne a souligné l’importance symbolique du programme architectural et décoratif de la porte des châteaux qui affirme la puissance du détenteur (« Le symbolisme monumental et décoratif : expression de la puissance seigneuriale », in Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge (Actes du 117e congrès national des Sociétés savantes, section d’histoire médiévale et de philologie, Clermont-Ferrand, 1992), Paris, CTHS, 1995, p. 441-458). J. Gardelles note que la porte est la zone privilégiée de contact entre le châtelain et ses dépendants et que la chapelle et son décor participent de la solennité des cérémonies qui se déroulent à cet endroit (« Les deux fonctions de la porte dans les châteaux du Moyen Âge », in Aux portes du château (Actes du 3e colloque de castellologie, Flaran, 1988), Valence-sur-Baïse, Centre culurel de l’abbaye de Flaran, 1989, p. 11-22). En 1370, une sentence de l’archevêque de Rouen est donnée à la porte du palais de Rouen (ADSM, G 1052).

     

    34 On connaît des églises en Italie du Nord (Ferrare, Vérone, Modène) et dans les Alpes françaises (Aix, Saint-Gilles et Saint-Trophime d’Arles, Embrun) qui possèdent un type de porche formant baldaquin reposant sur des colonnettes portées par des lions. Ces porches abritaient les délibérations des consuls, les magistrats y rendaient la justice et les actes stipulent les délibérations inter leones (A. Labbé, L’Architecture des palais et des jardins dans les chansons de geste. Essai sur le roi en majesté, Paris – Genève, Champion – Slatkine, 1987, p. 485-496).

     

    35 Les perrons sont des structures extérieures en pierre au bas de l’escalier d’accès à la grande salle. Ils se présentent comme des tables de pierre sur des supports qui pouvaient être sculptés. On connaît le perron du palais royal à Paris construit sous Philippe le Bel et celui du château de Coucy, au XIIIe siècle, porté par quatre statues de lions (J. Mesqui, Châteaux et enceintes de la France médiévale, II, La Résidence et les éléments d’architecture, Paris, Picard, 1993, p. 93).

     

    36 ADO, G 7 fo 118.

     

    37 La cuisine, son office et un garde-manger, et la « prison ». Il faut peut-être se garder d’interpréter ce terme au sens littéral de cachot et n’y voir qu’un cellier peu éclairé, voire semienterré.

     

    38 1 sur le plan, art. 37 à 52 de l’inventaire.

     

    39 3 sur le plan, art. 29 à 36 de l’inventaire.

     

    40 Art. 51, « cabinet » que les textes médiévaux désigneraient par le terme « estude ». Cette pièce à l’écart des espaces publics était intimement liée à l’appartement privé et possédait plusieurs fonctions : fonctions matérielles (conservations des archives seigneuriales, bibliothèque et lieu de travail), rôle symbolique de sa structure en élévation qui matérialise la puissance du seigneur (U. Albrecht, « Le petit château en France et dans l’Europe du Nord aux XVe et XVIe siècles », in Architecture et vie sociale. L’organisation intérieure des grandes demeures à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance (Actes du colloque de Tours, 1988), Paris, Picard, 1994, p. 195-196).

     

    41 4 sur le plan, art. 1 à 28 de l’inventaire.

     

    42 « Dongeon : c’est un lieu élevé au haut d’une maison et qui est comme une espèce de petit cabinet » (P. Richelet, Dictionnaire françois, Genève, Widerhold, 1680).

     

    43 Dans l’aveu de 1458, le logis de Laleu est qualifié de « masures » (Arch, nat., P 306 fo 111).

     

    TABLE DES ILLUSTRATIONS

     

    Légende Fig. 12 – Le site du manoir au début du XIXe siècle (cadastre ADO, 3 P2-170/5)

    URL http://books.openedition.org/purh/docannexe/image/7150/img-1.jpg

    Fichier image/jpeg, 68k

     

    Légende Fig. 13 – Hypothèse de reconstitution du pôle résidentiel du manoir dans son dernier état en 1704 (d’après l’inventaire de 1704, ADO, G 7 f° 104-108)

    URL http://books.openedition.org/purh/docannexe/image/7150/img-2.jpg

    Fichier image/jpeg, 107k 

     Evêques de Sées à Fleuré

    chateau de la mare

     Evêques de Sées à Fleuré

    chateau de l'Etauziere

     

     

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