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Tatihou
L’île Tatihou est l’un des 14 sites gérés par le Conseil général de la Manche.
Son musée maritime présente à partir du 1er mai 2010 une nouvelle
exposition intitulée
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Sentez les embruns et le souffle du vent dans les voiles des
vaisseaux du roi…
Entendez le crissement de leur lourde coque et le bruit du bois
quand il éclate sous l’impact du boulet de canon.
Un titre très sonore qui vous emmène au coeur de la bataille de
Barfleur-La Hougue.
Au large de Barfleur le 29 mai 1692, les vaisseaux de Louis XIV se
confrontent à la puissance navale anglo-hollandaise. A l’issue de ce
combat, plusieurs unités françaises seront incendiées par les brûlots
ennemis à Cherbourg puis dans la baie de la Hougue.
Douze vaisseaux français de grande envergure seront bel et bien détruits
devant l’île Tatihou puis dans l’anse du Cul de Loup les 2 et 3 juin 1692
à Saint-Vaast-la-Hougue. Mais au-delà d’une défaite, c’est un véritable
volet historique que dévoileront leurs épaves trois siècles plus tard.
Avant la triste fin des vaisseaux, des hommes se sont préparés, des flottes
se sont organisées et rencontrées en plusieurs lieux jusqu’au large de
Barfleur.
Le combat du 29 mai 1692 n’a en aucun cas remis en cause l’honneur de
l’amiral Tourville qui a su mettre hors d’atteinte les 44 vaisseaux qui lui avaient
été confiés par le Roi Soleil bien qu’ils fussent confrontés à 99 unités anglohollandaises.
Il a su faire face à la coalition ennemie mais les difficultés
de la navigation en Manche ont inversé la tendance et donné l’avantage à
l’adversaire.
Les conditions météorologiques, la marée et le redoutable Raz Blanchard
situé entre la pointe de la Hague et l’île d’Aurigny ne lui ont pas permis
de sauver la totalité de ses navires. Si une partie de la flotte a réussi à
regagner la Bretagne, une autre est restée en proie aux brûlots anglais.
A travers cet épisode, l’exposition retrace toute une page de l’histoire du
monde maritime de la fin du XVIIe siècle, époque charnière au cours de laquelle
la France et ses voisins ont développé et réorganisé leur puissance
navale dans le but de servir le commerce et l’économie.
L’implication de Saint-Vaast-La-Hougue et du Cotentin dans
l’histoire du royaume de France de Louis XIV
En 1688, Jacques II Stuart règne sur l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande. Il est
catholique dans un pays où les protestants, sauf en Irlande, forment la
majorité. De son union avec Anne Hyde, Jacques II a eu neuf enfants dont
seules deux filles ont survécu. Elles ont chacune épousé un prince protestant.
L'aînée Marie s'est mariée avec son cousin germain, Guillaume d'Orange-
Nassau, chef des armées des Provinces-Unies de Hollande. Les trois
couronnes doivent donc revenir à la princesse Marie puisque Jacques
II n'a pas d'héritier. Or, en 1688, d'un second mariage avec une princesse
catholique, Marie de Modène, naît un fils susceptible de réinstaurer une
dynastie catholique en Angleterre. Guillaume d’Orange débarque à Torbay et
prend le nom de Guillaume III.
Jacques II, détrôné. trouve refuge en France près de son cousin et allié Louis
XIV. Le Roi soleil est le défenseur d'un catholicisme intransigeant et
ses revendications territoriales l'ont mené à un conflit avec le reste de l'Europe
(1685, révocation de l’Edit de Nantes).
L'angleterre, les Provinces-Unies, l'Autriche, les Etats d'Allemagne et
l'Espagne forment une alliance anti-française regroupée au sein de la ligue
d'Augsbourg.
La bataille de Barfleur - La Hougue : Le contexte économique,
politique et religieux
Un débarquement en Angleterre est prévu dans le but de restituer Jacques
II au pouvoir. On suppose que ses partisans sont encore nombreux dans le
pays. Louis XIV adopte une stratégie offensive. Il prévoit de réunir 20 000
cavaliers et soldats franco-anglais, un armement de 50 vaisseaux de ligne et
de nombreux bâtiments de charge à Brest. Il souhaite rassembler 4 500
chevaux au Havre et à Barfleur, 15 000 hommes d'infanterie issus des
régiments français et irlandais à Morsalines et Quinéville près de
Saint-Vaast-La-Hougue et 300 barques et chaloupes pour assurer les
navettes vers les vaisseaux.
Mais les différents plans ont du mal à s’organiser. On manque de marins,
on attend des renforts… Les rivalités entre les protagonistes de l'armée
française ont pour conséquence de faire succéder aux ordres des contreordres
et les ennemis prennent connaissance des préparatifs en cours sur
les côtes du royaume de France.
Un projet et des contre-temps...
Le déroulement de la bataille
Le 12 mai 1692, l'Amiral Tourville appareille de Brest avec une flotte incomplète
qui compte 44 vaisseaux.
Le 24 mai 1692, la flotte anglaise fait sa jonction avec celle des Provinces-
Unies pour un rassemblement général dans la rade de Sainte Hélène à
proximité de l'île de Wight.
Les deux flottes se rencontrent au large de la pointe de Barfleur le 29 mai
1692. Les Anglais sont deux fois plus nombreux que les français. Tourville
décide cependant d'engager le combat et tente d'étirer au maximum
son dispositif afin d'éviter de se faire encercler par la flotte ennemie. Plusieurs
facteurs vont l'y aider et au terme d'un combat qui dure une journée entière,
les français pourront échapper aux assauts des Anglo-hollandais.
Après le combat de Barfleur, les vaisseaux français sont endommagés et
l'Amiral Tourville tente de les rapatrier en Bretagne puisqu'aucun port en
Manche n'est capable de les accueillir. Quinze d’entre eux n’arriveront pas à
destination.
Trois s’arrêteront en rade de Cherbourg et douze autres tenteront de trouver
refuge près de Saint-Vaast-La-Hougue. Ces derniers deviendront les épaves
de la Hougue.
Grâce au financement du Conseil général de la Manche et du Ministère de la
culture , des fouilles archéologiques ont pu être menées par le Département
des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm)
entre 1990 et 1995. Ce sont les épaves de cinq vaisseaux coulés à proximité
de l’île Tatihou qui ont été étudiées : 433 jours de chantier réalisés sous
la diretion de Michel L’Hour et d’Elisabeth Veyrat ont rassemblé une équipe
permanente de 12 plongeurs qui a en outre formé pendant les campagnes
120 archéologues de 14 nationalités différentes.
Le parcours de l’exposition a été élaboré dans le but de sensibiliser le visiteur aux
conditions de vie des gens de mer à la fin du XVIIe siècle. En ce temps là, à terre, les rois
définissent des projets de guerre, font construire des arsenaux, recrutent des hommes et
arment des navires pour partir se battre en mer.
Les thématiques abordées
- Le contexte historique, économique et politique de la France et de l'Europe à la fin du
XVIIe siècle.
L'exposition présente les desseins des décideurs d’Europe et l'état de leur marine
respective.
- La construction navale au XVIIe siècle : de la forêt au navire
Quels bois sont utilisés pour la construction des vaisseaux du roi, comment s'organise le
choix des matériaux? Cette sous-partie renseigne le visiteur sur les principes et délais de
construction des navires au XVIIe siècle au sein des arsenaux du roi .
- Le chargement du vaisseau
Il va falloir recruter des hommes pour constituer un équipage, armer le navire et installer
son gréement puis charger des vivres avant la mise à l'eau.
- La navigation
Les accessoires de manoeuvre et le gréement
- La vie à bord des navires
Comment les journées sont-elles rythmées à bord ? Comment sont définis les différents
espaces de vie à bord du bateau ? Qui assure l'entretien et les réparations courantes? Que
mangeait l’équipage et quelle était la ration du matelot?
Qu'en est-il des soins à bord ou des effets personnels des personnes embarquées ?
- L'artillerie
Cet espace présente l'armement portatif des troupes de marine (armes blanches et armes
à feu) ainsi que le service du canon et enfin les stratégies de combat en ligne.
- La Bataille de Barfleur-La Hougue : causes, déroulement et conséquences
Des préparatifs de l'expédition jusqu'au déroulement de la bataille puis au bilan contesté
dressé par les différents partis.
- La récupération des objets sur les épaves
On s'intéresse ici d'abord à la pêche aux canons qui a suivi l’incendie des vaisseaux
de la Hougue puis à la récupération sauvage des populations locales au fil des siècles et
enfin aux fouilles archéologiques sous-marines, au traitement des objets et à la sauvegarde
du patrimoine.
Un parcours organisé autour du vaisseau : De la construction au
naufrage
Documents originaux, nouvelles technologies, manipulations
d’objets et mises en situation
L’iconographie est riche et abondante dans les salles du musée.
Une galerie de portraits des protagonistes ouvre la visite et resserre le
contexte historique des événements. Des tableaux de marine issus des
collections du musée de Tatihou côtoient une huile sur toile du musée de
la Marine qui prête également pour l'occasion un précieux instrument de
navigation. Il s’agit d’un compas
renversé ayant appartenu
à l’amiral Tourville.
Les nombreux témoignages
conservés dans les archives
nationales et étrangères sont
autant d’informations qui,
mises au service des nouvelles
technologies permettent
au visiteur de profiter de
nombreux documents audiovisuels
et de suivre nota mment un film d'animation qui retrace avec précision
le déroulement de la bataille de Barfleur- La Hougue.
La construction navale est également minutieusement étudiée : la maquette
d'une frégate du XVIIe réalisée à l'échelle 1/10e permet d'observer
le détail des éléments qui la constituent. De même, quatre maquettes en
bronze représentant un vaisseau de 1er rang de 80 canons permettent
de prendre conscience des différentes étapes de la conception et de la
construction du navire dans son ensemble.
Le visiteur pourra aussi étudier l'art de naviguer
et manipuler un système de palan
utilisant des poulies pour soulever une
charge. Mis en situation, il pourra vérifier
la grande utilité du système sur un vaisseau
dont la masse des voiles est
considérable. Dans cette action, en tirant
sur la corde pour faire monter l'objet, sa
force est décuplée grâce aux poulies et
l'utilisateur comprend aisément que plus
celles-ci sont nombreuses, plus la charge
est facile à soulever.
Fragments d’histoire mis en lumière : les objets émeuvent et les
épaves racontent...
Caps de mouton, gargousse,
boutefeu, oeils de pie, chaussures,
mantelet de sabord… Le
mobilier des épaves de la
Hougue présenté dans cette
exposition compte plus de
200 objets répartis entre les
objets personnels des matelots
et officiers, les instruments
de navigation, les pièces
d'artillerie et les éléments de
construction des bateaux.
L’exposition s'efforce de reconstituer des ambiances maritimes grâce
à l'installation d'un pont de navire, à la lisse d'un vaisseau ou encore à des
voiles tendues dans les salles du musée. Les documents sonores qui
ponctuent le parcours de la visite s'inscrivent également dans cette
recherche.
Un film consacré aux fouilles sous-marines montre les épaves au moment
de leur découverte lors des campagnes opérées dans la baie de la Hougue
avec toute la dimension émotionnelle qui en émane.
Clément Burnouf : un personnage embarqué dans la scénographie
pour permettre au jeune public de mieux appréhender tous les
thèmes abordés dans l’exposition
Clément Burnouf est né en 1680 à Saint-Vaast-la-Hougue. Fils de
marin-pêcheur, il rêve d’être pilote et veut apprendre à naviguer. Il est
enrôlé à bord d’un vaisseau du roi en tant que mousse. Le public observe
ce personnage au fil de l’exposition. Il l’accompagne dans ses tâches
quotidiennes (entretien du pont, service du canon, heures des repas etc...) et
permet aux plus jeunes d’embarquer pour de bon dans une aventure
extraordinaire. Le jeune public repère très vite Clément sur les panneaux de
l’exposition grace à un code couleur spécifique et à un graphisme singulier. Plus
qu’un simple parcours enfant, c’est vraiment la lecture d’une histoire
qui intervient au coeur de la scénographie générale.
Un descendant du héros prénommé lui aussi Clément en prolongera le récit
puisqu’il fera partie de l’équipe des plongeurs archéologues sur la campagne
de fouilles de 1990 au large de Tatihou. Un livret d'aide à la visite conçu pour
les enfants est également proposé à l’entrée du musée.
Un espace ouvert aux expositions temporaires :" Du verre sous
la mer : la galiote d’Omonville"
Du 1er mai au 14 novembre 2010
Le musée ne se contente pas de conserver le patrimoine, il interroge et
laisse la place aux découvertes. Il se veut en constante évolution et non
figé. C’est dans cet esprit qu’il laisse dans ses salles un espace ouvert
aux expositions temporaires. Cette année, il s’intéresse à la surprenante
histoire de la galiote d’Omonville (début du XVIIIesiècle).
Contrairement aux vaisseaux de Tourville, les archives sont peu nombreuses
pour restituer l’histoire et l’origine du bateau mais la nature des
objets transportés est intéressante. Des disques de verre ont été retrouvés
en grand nombre. Pipes, poteries et fiasques attestent également de la
fonction marchande du navire.
C’est donc par indice que le travail des chercheurs s’est organisé.
L’étude technique de la charpente, la découverte d’éléments d’artillerie, de
tourbe, d’ossements de boeufs, de cordages et de chaussures a permis de
renseigner les archéologues.
Iconographie disponible (Photos libres de droit)
Sur demande au 02.33.92.44.20
mathilde.moebs@cg50.fr
1-Lithographie de P.Schotel. XIXe
2-Gravure de Louis Ganerey XIXe
5-Chaussure en cuir, épaves de
la Hougue 1692
4-Taquet (photo sous-marine)
Epaves de la Hougue
1692
3-Vaisselle, épaves de la Hougue 1692
6- The battle at la Hogue. Gravure. West et Woolett.
Site internet : tatihou.manche.fr
Tags : vaisseau, hougue, epaves, 1692, navire, video, tatihou, manche
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