• Certains y habitent encore. D’autres veulent en garder le souvenir…

    Cité verte, cité Falourdel, cité du Houx, cité Grimouville, ça vous dit quelque chose ? C'était le nom d'anciennes cités de baraques, à Saint-Lô, pendant la période de la reconstruction. Après les bombardement de 1944, la ville était devenue en une nuit 'la capitale des ruines”. La destruction fut suivie d'un grand élan de générosité, venant de nombreux pays, qui envoyèrent des baraquements préfabriqués afin de reloger une partie de la population. Leur présence, pour les habitants rentrés en septembre 1944, constituait la possibilité d'un retour aux sources. Baraques américaines, irlandaises, canadiennes, finlandaises, suédoises, françaises... elles logèrent les sinistrés, les administrations et les commerces. Il ne s'agissait, en principe, que de construire du provisoire. Mais elles ont vécu longtemps. Le 6 juin 1948, le président Vincent Auriol vint poser la première pierre de la reconstruction. 10 ans après, il restait plus de 600 baraques sur les 1000 logements installés à la hâte après guerre. Aujourd'hui, il ne reste quasiment plus rien de ces 'baraques”.

     

    Consolidées, isolées, agrandies

    65 ans après la guerre, c’est avec émotion que certains se souviennent et essaient de garder une trace de cette période. Le 3 octobre 2009, quelques anciens “mômes” de la cité provisoire et disparue de Grimouville à Saint- Lô, dispersés par la vie, s'étaient ainsi retrouvés. Daniel Piton était de ceux là. “Les liens se sont maintenus et d'autres se sont rétablis avec la mise en commun de photos, l'identification des personnes et le montage d'un blog sur le cadre de vie des mômes de l'époque, la reconstruction de Saint-Lô, les cités provisoires…” Il dernier va d’ailleurs mettre en place une nouvelle rencontre programmée le jeudi 13 octobre, en espérant y retrouver d'autres anciens de la cité. C’est rue de la Poitevinière que vous trouverez les derniers baraquements. D'anciennes constructions de la cité finlandaise ont été consolidées et transformées. À peine peut-on s'apercevoir qu'elles furent des cités d'urgence. Guy et Mina Beuzelin habitent l’une d’elle, et s’y sentent bien. Ils l’ont nommé “Miguyna”. “On est arrivés en 1958 dans cette baraque que nous avons achetée grâce aux dommages de guerre et on ne l’a jamais quittée.” L’ossature est toujours en bois mais elle a été recouverte d’un enduit. Bien isolée, la maison est de plain pied et a un jardin à l’arrière. “Un jour, en Norvège, on a vu exactement la même.” Tout près, M. et Mme Boullot en ont une également, modernisée, isolée davantage, embellie, agrandie (elle fait 120m2 de surface désormais). Ils n’ont jamais voulu la quitter et en ont fait un petit paradis, preuve que la vie peut y être belle et douce.

     

    Quatre sites d’implantation

    La question de reconstruire Saint- Lô sur son emplacement a été posée. Mais au lieu de laisser les ruines, Georges Lavalley, le maire de l’époque, insista pour sa reconstruction. Au sortir de la guerre, en avril 1945, l’État préconisa la création de baraques provisoire en bois. Elles seront construites grâce à des dons. Ainsi, l'association du Don suisse débloqua un crédit de 620 000 francs suisses. Les baraques, logements provisoires, se développèrent et poussèrent comme des champignons. Elles étaient livrées en kit et il suffisait de les monter sur place. Chacune avait des spécificités différentes selon leur origine (suédoise, finlandaise, suisse, française, américaine, canadienne). Plusieurs sites d'implantation furent retenus dans le premier plan de relogement : route de Tessy, Grimouville, Falourdel, route de Torigni sur Vire… Les premières baraques de bois furent achevées en août 1946. Elles disparurent pour la plupart en 1993.

     baraque st-lo


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